24
POLITIQUE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 15 SEPTEMBRE 2022
www.fnh.ma
Marocains du monde
Quelle gouvernance institutionnelle ? U n grand rendez-vous interna- tional s'est tenu la semaine dernière à Rabat, à l'Uni- versité Mohammed V, et ce du 7 au 10 septembre. Il a Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue
réuni, autour du thème «The Migration Conference 2022 Programme», le ras- semblement scientifique le plus impor- tant sur les questions migratoires. Il a associé des académiciens, des cher- cheurs, des représentants de médias et de la société civile. La thématique : une réflexion profonde sur cette problé- matique au cœur de débats politiques, sociaux et sociétaux dans de nom- breuses latitudes régionales et autres. Le Maroc est, on le sait, au premier plan de ce débat. En interne, tout d'abord avec les mesures royales prises en 2014- 2015 qui ont conduit à la régularisation de plus de 53.000 migrants étrangers. A l'international aussi, SM le Roi s'est ainsi vu confier le statut de leader de la migra- tion africaine en février 2017 - quelques semaines à peine après le retour du Maroc au sein de l'UA. Il faut y ajouter le siège dans la capitale du Royaume de l'Observatoire africain des migrations qui a été inauguré en décembre dernier. Cela dit, il vaut de noter que les poli- tiques publiques en la matière n'ont pas réellement enregistré de grandes avancées. Les gouvernements de diffé- rentes sensibilités se sont bien succédé depuis une quinzaine d'années. Mais ont-elles porté les fruits qui en étaient attendus? C'est précisément sur la base de ce constat que le Souverain, dans son discours du 20 août dernier, a fortement interpellé le gouvernement à ce sujet en appelant à la prise en main conséquente de ce dossier national. Le chef de l'exé- cutif, Aziz Akhannouch, s'est ensuite empressé, le 30 août, de réunir la com- mission interministérielle dédiée, créée par un décret du 30 septembre 2013 - mais publié seulement le 23 février 2015. Elle comprend vingt membres, dix
ministres et dix autres de diverses ins- tances et institutions.
dans la gestion et la mise en œuvre de la politique migratoire nationale. Celle-ci est rattachée au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération afri- caine, élargi aux «Marocains résidant à l'étranger» (direction de la Coopération, des Etudes et de la Coordination inter- sectorielle). Il faut relever au passage les multiples variations de la question des MRE depuis une bonne vingtaine d'années, avec un statut institutionnel à géométrie variable - secrétariat d'Etat ou ministère délégué, suppression, puis rat- tachement au département des Affaires étrangères. Il faut aussi mentionner dans ce même département la direction des Affaires européennes qui a à connaître de ce dossier avec les pays d'accueil de l'UE et autres. Autres instances à noter : le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) créé le 21 décembre 2007; et le haut-commissariat au Plan (HCP) aujourd'hui en voie de restructura- tion. Il faut y ajouter la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étran- ger, créée voici plus d'une vingtaine d'an- nées (loi N° 19-89). Cette institution s'est dotée en avril 2002 d'un Observatoire de la communauté marocaine résidant
Multiplicité des intervenants Force est de faire ce constat : il se pose un gros problème de gouvernance migra- toire. La mobilisation ne doit pas se faire seulement pendant deux mois, à l'occa- sion de l'opération estivale Marhaba. Elle doit en effet être continue et se fonder sur une feuille de route inscrite dans une stratégie et une vision. Cela commande, comme prérequis pourrait-on dire, que l'on appréhende les multiples aspects de la communauté des Marocains du monde (MDM) et que l'on puisse, sur cette base-là, élaborer et mettre en œuvre des mesures concrètes participant d'une approche à long terme. Il y a bien une stratégie nationale en matière d'immi- gration et d'asile (SNIA) qui a été définie voici plusieurs années, après le discours du Trône du 30 juillet 2015. Mais sept ans après, comment ne pas relever les fortes insuffisances de son bilan. A-t-elle été globale ? Cohérente ? Intégrée ? Et inclusive ? La difficulté qui perdure toujours ? Celle de la multiplicité des intervenants publics
La difficulté qui perdure est la mul- tiplicité des intervenants publics dans la gestion et la mise en œuvre de la politique
migratoire nationale.
Made with FlippingBook flipbook maker