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CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 12 MARS 2021
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En avant
Asmae posant pen- dant le tournage de son clip Khyali.
◆ Avec une sincérité des textes qui ne paraît pas sujette à caution, elle surfe sur une musique saupoudrée de pop, accommodée de RnB, alliée de rap, pimentée de soul… Ouf, tout genre ! Asmae Charifi, graine de star
du spleen, grimpant si allégrement dans les aigus qu’elle a ranimé cette flamme attisée par Nekfeu – pour s’en tenir à une adoration à laquelle elle ne peut se soustraire. Depuis, la fièvre n’est pas tombée. C’est avec le titre First que la -disons- cent soixante centimètres de jeunesse so funny, emmaillotée souvent dans des vêtements so rock (et vintage, pour un quidam), assortie au charme flagrant d’un romantisme ténébreux et portant belle avec sa coupe garçonne, décida de voler de
C hanteuse surprise du titre de l’automne 2020 ( Tayer) , Asmae Charifi n’est pourtant pas un perdreau de l’année. Certes, elle renvoie à l'un des plus sérieux espoirs de la scène musi- cale marocaine, prête à faire chavi- rer les chœurs. Germée fin décembre, une chan- son, khyali , a suffi à faire monter la température, embrocation transie Par R. K.. Houdaïfa
ses propres ailes. Elle assure, aussi loin qu’elle s’en souvienne, avoir toujours voulu être artiste. Quand bien même les études à l’ENCG ne la laissaient pas indifférente, la musique s’impose en effet très vite à ses yeux - et ses oreilles - comme la manière la plus naturelle de s’exprimer. Pas avare de livrer les maux qui accablent notre société, le roman- tisme escarpé du précoce prodige
marocain est fondé sur un assem- blage harmonieux d’oppositions, chaud-froid, lumineux- sombre, doux-amer, fantasmagorie-réalité… Aux âmes biens nées, la valeur n’at- tendant point le nombre des années, voici qu’une jeune s’en vient frapper à la porte de la renommée musicale. Qui plus est, elle figure sur la playlist «La Relève Maghreb» de Deezer, la plateforme de streaming… On n’a pas fini d’en parler. ◆
Sortie
7elmat Ado exaucée
◆ Avec Caméléon, un premier album immédiatement accrocheur, ElGrande Toto gagne tout en finesse, tout en groove !
«Muerte fl’kissan/ barek kan négoci f’ro7i face Ibliss Yeah/ chriki To’ wella comme ça/ gha 7di menno please… (la mort dans les verres/ assis, je négocie mon âme avec Lucifer yeah, mec, To est deve- nu comme ça/ prends garde s’il te plaît)». C’est brut, noir, prophétique. Ce titre d’ouverture de Caméléon est à l’image de l’esprit torturé de son auteur et interprète. Sensibles, envoûtants et haute- ment introspectifs, Ailleurs (feat. Lefa) et Obscurité (feat. Hamza) sont de ceux que l’on écoute pour oublier ce qui gronde au-delà des mélodies. Dans la lignée de Thezz (feat. Small X) et WAH (feat.3robi), # OuDiriHakka est un titre dansant lui aussi tout en sensualité. Dans
Q u’on se l’avoue, avec Mikasa , Halla Halla et Mghayer , le mec nous avait mis plein la vue avec ces titres charnels qui marquèrent une évolution nette dans une discographie pourtant irré- prochable. L’intro passée, disséquons immé- diatement. Tout en peaufinant son art du flow et de la rupture ryth- mique, ElGrande Toto ouvre avec le titre A.D.H.D un terrain d’explo- ration d’une inquiétante beauté. Il suffit quelques secondes de blanc glissant le long des enceintes, pour qu’un kick sub-basse très martial, et la voix de Toto déchirent le silence : Par R. K.. H.
«Dans les bacs» depuis le 5 mars.
ALOHA! et Santa Fe , les basses sont une nouvelle fois omnipré- sentes, dessinant des mélodies sensuelles sur lesquelles sa voix se pose avec légèreté. Sur Etranger (feat. Damso), ce titre d’une gracieuse justesse, ElGrande Toto fait scintiller ses espoirs et ses doutes avec un sens de l’épure qui
nous emporte jusqu’au petit matin. Le temps qui passe, la fin des illu- sions, les apparences trompeuses et l'indépendance d’esprit. Si la mélancolie reste toujours aussi prégnante (aussi bien dans Tango ; La Paille feat. Farid Bang; C.V.D.I. ; Bent Nass ), Caméléon fait danser avec optimisme. ◆
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