FNH N° 1088

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JEUDI 8 DÉCEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Dérive casablancaise La voie de la réflexion

◆ Les artistes et acteurs de la culture du pourtour méditerranéen, invité.e.s à partager leurs merveilles lors de la first Dérive casablancaise, ont réussi le pari de se conformer au thème de «l’Invisible», tout en amorçant des questions artistiques et politiques. ◆ Chant, danse, rencontre, lecture… Dérive casablancaise n’est pas seulement un temps de partage de créations, mais aussi et surtout un rendez-vous consacre a la réflexion !

retrouver autour de cette ques- tion, suggérée comme point de départ a la réflexion et aux échanges. «Dans ce cas, l’invisibilité serait- elle désormais une forme d’in- discipline ? Peut-elle être abor- dée comme une tactique d’ac- tion ? Ou est-elle, a contrario, un délitement de l’action artistique citoyenne, politique et solidaire ? L’invisibilité de l’artiste n’est-elle pas une explication aux faibles reconnaissances et valorisations dont il jouit ? (...) Loin de vouloir asséner des réponses, ‘Dérive Casablancaise’ est, selon ses dispensateurs, une invitation au questionnement poétique, au partage d’expériences et de vécus à travers le commun méditerranéen». Musique, danse, littérature…, le menu était immensément varié. Et combien alléchant ! Le rayon rencontre se taillait la part du lion avec les discus- sions entre Hanane Harrath & Loubna Serraj, et notamment celle autour de l'œuvre de l’ar- tiste Fatima Mazmouz. Nous avons aussi fait un pas de deux avec les remarquables et étin- celants «La Nuit et Sur le fil» , de Nacera Belaza (France / Algerie), et «Ayur» , de Radouan Mriziga (Maroc/Belgique). Planant, n’est ce pas ? Mais lorsque nos gam- bettes ne tenaient pas le coup, nous nous affaissions dans un siège et nous nous rincions les mirettes devant les chefs d’œuvre que sont «Bab Sebta», de Randa Maroufi (France / Maroc), ou encore «Poreux»,

de Danya Hammoud (France / Liban), sans oublier le bijou «Maguy Marin, l’urgence d’agir» , de David Mambouch (France). Le volet lectures était indénia- blement somptueux. Tellement somptueux que la programma- tion de «Rise and Fall of Orient Swiss», tricoté de la main de Chrystele Khodr (Liban), «Toutes les nuits d’un jour», d’Alberto Conejero (France / Espagne) ou «Éclipses» d’Omar Berrada (Maroc/USA), paraît très congrue. Autre friandise ?! La musique n’était pas en reste avec la présence de N3rdistan. Dérive casablancaise, fédérateur des inventeurs et des rêveurs, est également une excellente opportunité pour découvrir les facettes de la ville. Elle s’est pro- posée également de traverser la ville pour en faire découvrir des pans a ses invite.e.s lors des promenades en binômes «Viens je t’emmène voir Casablanca». Les propositions et les lieux investis du 30 novembre au 4 décembre ont été aussi variés que les invité.e.s. Lesquels se sont produits à l’Institut Francais, Centre culturel Zefzaf, Musee Slaoui, Ecole des beaux- arts, ThinkArt, la Coupole et à La Villa Delaporte. Car, soucieuse d’exhiber ses charmes dans tous ses états et d’inclure son public dans leur diversité, Casa a résolu d’en faire de ceux-là les hauts lieux des activités. ◆ *Les Rencontres des Arts de la Scène en Méditerranée sont organisées depuis 2018, à Montpellier, par le Théâtre des 13 vents, Centre dramatique national de Montpellier.

l’envie de réunir une commu- nautée d’artistes, d’acteurs culturels et de penseurs sen- sibles a la question de «la place de l’artiste dans la cité» , a l’oc- cupation de lieux par des repré- sentations ouvertes au public, à l’expérimentation de nouvelles formes de programmation et aux échanges autour des arts de la scène. Enfin, la soif de discu- ter, débattre et échanger autour du «rôle de l’artiste» lorsqu’il s’agit de repenser le politique en faveur de la créativite, de la culture en général et des arts de la scène en particulier. Une aubaine de «questionner les écritures contemporaines à la lumière des changements induits par les crises que le monde traverse» , avancent les organisateurs. Invisibilité «Faut-il se maintenir dans l’invi- sible pour mieux agir» ? Les invité.e.s ont été convié.e.s a se

I nitiées sur une proposition de la chorégraphe maro- caine et fondatrice de l’as- sociation ARD2D, Meryem Jazouli, et ensuite mises en œuvre au pas de charge, les Rencontres des Arts de la Scène en Méditerranée* ont quitté leur fief, mettant le cap sur Casablanca. Pour la circons- tance, la ville a soigneusement camouflé ses rides, orné ses disgrâces, rehaussé son éclat… Bref, elle s’est refaite une beau- té afin d’être au diapason de l’événement dont elle consti- tuera l’écrin. Lequel événement n’a manqué ni de grâce ni de générosité, encore moins de singularité. Plusieurs raisons expliquent ce puissant pouvoir d’attraction. En premier lieu, le besoin de «réflé- chir à la création» , notamment aux arts vivants en Méditerranée a partir de Casablanca. Ensuite, Par R. K. Houdaïfa

Dérive casa- blancaise, fédérateur des inventeurs et des rêveurs, est également une excellente opportunité pour découvrir les facettes de la ville.

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