F. N. H. : Votre visite au Venezuela et à Cuba intervient dans un contexte où certains pays d’Amérique latine soutiennent encore le Polisario. Quelles avancées concrètes espérez-vous obtenir sur le front diplomatique dans cette région ? N. B. : Nous avons jugé indispensable de préparer minutieusement cette mis- sion. Depuis deux ou trois ans, nous tra- vaillons de près avec les représentations diplomatiques du Venezuela et de Cuba au Maroc afin de la rendre possible. Ce projet a finalement abouti, sanctionné par un déplacement que j’ai effectué aux côtés de Saïd Bekkali, responsable des relations extérieures du parti. Notre première étape nous a conduits au Venezuela, où nous avons rencontré successivement le vice-ministre puis le ministre des Affaires étrangères. Un entretien était également prévu avec le responsable des relations extérieures, mais un deuil familial l’a contraint à quitter Caracas. Nous avons en outre tenu une réunion de fond avec le Parti des Verts, membre de la coali- tion dirigée par le Parti socialiste unifié du Venezuela. Ces échanges ont jeté les bases d’un rapprochement appro- fondi entre nos formations et, surtout, d’un renforcement des liens officiels entre nos pays, un point auquel la par- tie vénézuélienne accorde une grande importance. Rappelons qu’à ce jour, le Maroc ne dispose pas d’ambassade à Caracas : notre représentation est assurée par l’ambassadeur accrédité en République dominicaine. La seconde étape s’est déroulée à Cuba, où l’accueil fut des plus chaleureux et les rencontres de haut niveau. L’agenda ne nous a toutefois pas permis de voir le président, également premier secré- taire du Parti communiste cubain, alors en tournée dans différentes communes du pays. Nous avons néanmoins échan- gé avec le chef des relations extérieures, le numéro trois du parti chargé des questions économiques, la secrétaire du comité central, les responsables de la jeunesse et des femmes ainsi que plusieurs hauts responsables. Tous ont salué les positions du PPS condamnant le blocus qui frappe Cuba. Sur place, nous avons constaté l’impact dramatique de ce blocus imposé par les Etats-Unis depuis soixante-cinq ans. Le Parti communiste cubain a remercié le Maroc pour son soutien constant aux résolutions présentées à l’Assemblée générale des Nations Unies.
les droits de douane, à l’image de ce qu’ont fait plusieurs pays. Nous avions également insisté sur la nécessité d’un encadrement strict des profits réalisés par les distributeurs de carburants, que le Conseil de la concurrence avait qua- lifiés d’issus d’ententes illicites. Car à chaque hausse du prix du carburant, c’est le consommateur final qui en paie le prix fort. Autre dysfonctionne- ment que nous avions mis en lumière : la multiplication des intermédiaires entre producteurs et consommateurs, notamment dans le secteur agricole, qui fait parfois grimper les prix par dix. Là aussi, nous avions exhorté le gouver- nement à intervenir pour faire baisser réellement les prix à la consommation. Or, hormis un soutien ponctuel de 8 milliards de dirhams accordé aux trans- porteurs, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour freiner l’inflation. Pire: en refusant d’agir sur la fiscalité indi- recte, l’Etat a profité de cette flambée pour engranger davantage de recettes fiscales au détriment du citoyen. On peut légitimement craindre que cette logique perdure. Nous avons bien peur que les prix repartent à la hausse, puisque ceux des carburants sont en train de grimper. Et rien ne laisse pen- ser que le gouvernement compte inver- ser la tendance ou défendre le pouvoir d’achat des ménages. Pourtant, les cours du pétrole ont connu plusieurs baisses sur le marché interna- tional, sans jamais se traduire sur les prix à la pompe au Maroc. Les derniers indicateurs annoncent une nouvelle vague d’augmentation qui pourrait bien relancer la machine inflationniste. F. N. H. : Vous évoquez souvent l’influence des lob- bies économiques sur les décisions de l’Exécutif. Avez-vous des éléments précis sur cette «main- mise» ou est-ce une posture politique ? N. B. : S’agissant tout d’abord des impor-
Nos discussions se sont soldées par la signature d’un mémorandum d’en- tente visant à renforcer la coopération entre nos partis. Les autorités cubaines, comme leurs homologues vénézué- liennes, se sont déclarées prêtes à approfondir le dialogue avec le Maroc sur la question du Sahara et l’intégrité territoriale du Royaume, étape suscep- tible de faire évoluer leur position sur ce dossier. En somme, ce périple s’est avéré très fructueux : il nous a permis d’exposer à nos camarades vénézuéliens et cubains l’état de maturation avancée du proces- sus en cours et de les inviter à adopter rapidement une attitude constructive, alors que le Maroc agit pour régler défi- nitivement cette question. F. N. H. : Vous avez dénoncé plusieurs fois la pas- sivité du gouvernement face à la flambée des prix. Si vous étiez en responsabilité, quelles mesures immédiates mettriez-vous en œuvre pour amélio- rer le pouvoir d’achat des Marocains ? N. B. : Il y a deux ans, nous avons publié une lettre ouverte, la première du genre, pour alerter sur une situation alarmante: une inflation à deux chiffres. Nous y appelions le gouvernement à agir sans délai pour enrayer cette spirale des prix. Parmi les solutions concrètes proposées, figurait l’activa- tion de l’article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, permet- tant un plafonnement temporaire (pour six mois, par exemple) de certains prix jugés abusifs. Nous avions également recommandé une action sur les leviers fiscaux, notamment la TVA, la TIC et
Lors de la session d’octobre du Conseil de sécurité des Nations unies, un tournant décisif pourrait être acté : la reconnaissance de l’autonomie comme l’unique issue viable au différend autour
du Sahara marocain.
Hormis un soutien ponctuel de 8 milliards de dirhams accordé aux transporteurs, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour freiner l’inflation.
103 HORS-SÉRIE N°49 / FINANCES NEWS HEBDO
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