décidé de torpiller ce processus. Alors même que nous étions proches d’un consensus, elle s’est retirée unilaté- ralement des concertations en cours. C’est regrettable. Cela dit, au PPS, nous poursuivrons notre action. Avec ou sans les autres composantes de l’opposition. Car aujourd’hui, nul ne peut ignorer que nous jouons un rôle de leadership sans céder au populisme, avec sérieux, conviction et détermination. Nous le faisons car nous sommes convaincus que ce gouvernement est en échec, et qu’il ne répond pas aux aspirations de notre peuple. Nous n’avons pas pu le censurer à la Chambre des représen- tants, soit. Mais les prochaines élections devront être l’occasion, pour le peuple, de lui infliger une censure populaire. C’est pourquoi nous appelons à un vote massif afin que ce parti qui dirige aujourd’hui le gouvernement ne puisse plus disposer, demain, d’une majorité parlementaire. F. N. H. : En 2026, peut-on s’attendre à une recomposition de l’opposition autour d’un pôle progressiste élargi, ou les divergences idéolo- giques et stratégiques sont-elles aujourd’hui trop profondes ? N. B. : Ecoutez, c’est le souhait que porte le Parti du progrès et du socia- lisme. Il faut le dire avec franchise : nous avons connu des difficultés, notamment avec l’USFP. La première fois que nous avons tenté d’engager une concertation bilatérale, cela s’est soldé par un abandon en cours de route. Pourtant, nous avions élaboré ensemble un document que nous n’avons même pas eu l’occasion de présenter à l’opi- nion publique. La seconde tentative, autour de la motion de censure, a été tout aussi compliquée. Par ailleurs, une partie de la gauche semble s’enfermer dans une posture de repli sur soi qui ne mène à rien de constructif. Cela dit, nous avons une conviction forte au PPS : les forces progressistes dans ce pays ne se limitent pas aux partis politiques. Bien au contraire, la majorité des progres- sistes se trouve aujourd’hui en dehors de ces structures traditionnelles. C’est pourquoi nous souhaitons nous adres- ser directement à ces citoyens, pour leur dire : si vous aspirez au changement, commencez par vous inscrire sur les listes électorales. C’est un geste fon- damental. Il faut voter, car c’est le seul
ponsables ne cessent de clamer qu’ils sont «premiers partout». Soit. Mais cela ne les a pas empêchés, malgré leur hégé- monie sur les 12 régions, les grandes villes, la Chambre des représentants et celle des conseillers, d’essuyer un désa- veu généralisé. Je les mets au défi d’aller à la rencontre du peuple, toutes classes confondues, des plus aisées aux plus démunies. Partout, on fera le même constat : ce gouvernement ne suscite ni adhésion ni espoir. Il est perçu comme incapable d’apporter du concret. Tout ce qu’on retient de son action se résume à une flambée des prix, un chômage endémique, des conflits d’intérêts et un désert politique. F. N. H. : Vous avez qualifié le gouvernement de «fermé au dialogue» et dénoncé une «mise sous cloche de l’expression citoyenne». Est-ce le symp- tôme d’une dérive autoritaire ou simplement d’un désintérêt pour le débat démocratique ? N. B. : Le gouvernement refuse obstiné- ment le dialogue. Son chef, s’exprimant devant la Chambre des députés, s’est permis une déclaration pour le moins choquante : tout ce qu’on lui dit, selon ses propres mots, «entre par une oreille et sort par l’autre». Devant les repré- sentants de la Nation, ce même chef de gouvernement n’a pas hésité à adopter un ton menaçant à l’égard de ceux qui osent le critiquer. « Vous ne me connais- sez pas et vous ne connaissez pas mon père », leur a-t-il lancé, dans un avertis- sement à peine voilé. Nous sommes face à un exécutif qui pri- vilégie la menace au lieu de la concerta- tion. Un gouvernement qui ne sait pas ce qu’est le débat démocratique et être à
l’écoute de citoyens. Ce recul manifeste entrave sérieusement les avancées en matière de participation citoyenne, de renforcement démocratique et d’enga- gement politique. Au final, c’est l’en- semble du paysage politique et partisan qui en pâtit. F. N. H. : La motion de censure avortée récemment a mis en lumière les divisions au sein de l’opposi- tion. Le PPS peut-il continuer à jouer seul le rôle de contre-pouvoir crédible ? N. B. : Nous avons tout mis en œuvre pour que cette motion de censure puisse aboutir. En amont, nous nous sommes activés pour que la commission d’en- quête sur les importations de viandes rouges puisse voir le jour. Le gouverne- ment, quant à lui, a évidemment tout fait pour faire capoter cette initiative. A ce jour, rien n’a été concrètement mis en place de ce côté-là. Concernant la motion de censure, la majorité n’a même pas eu besoin de s’impliquer : son rejet l’arrangeait bien. Elle échappe surtout à une condamnation morale et politique et évite d’avoir à rendre des comptes, devant l’opinion publique, sur un bilan accablant. Au sein du PPS, nous avons joué un rôle constructif, en tentant de rapprocher les points de vue. Nous avons voulu recen- trer le débat, non pas sur la question de savoir qui allait porter la motion, mais sur quoi y mettre, et comment parler au peuple pour susciter son intérêt, son engagement et lui permettre de distin- guer ce gouvernement d’une opposition responsable et courageuse. Malheureusement, une composante de l’opposition, l’USFP en l’occurrence, a
Pour Nabil Benabdellah,
le gouvernement aurait pu agir sur la TVA, la TIC et les droits de douane pour maîtriser la flambée des prix.
105 HORS-SÉRIE N°49 / FINANCES NEWS HEBDO
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