créateurs de valeur et adaptés à la demande mondiale. L’enjeu est aussi de proposer des produits et services avec une réelle valeur ajoutée, répon- dant aux besoins réels des 22 pays visés, notamment en Afrique, en Europe ou en Asie» , précise l’écono- miste Tahiri Said Mohammed. Cette approche invite aussi à réé- valuer les outils traditionnels. Les accords de libre-échange (ALE) ont permis d’ouvrir des marchés, d’attirer des IDE et de muscler cer- taines filières (automobile, aéro- nautique, phosphates…). Mais ils ont aussi creusé le déficit commer- cial. L’exemple de l’accord avec les Etats-Unis est édifiant : le déficit avec Washington atteint 1,8 milliard de dollars en 2023. Alors, que faire ? Renégocier ? Durcir les clauses de sauvegarde ? Miser sur la montée en gamme pour éviter la concurrence frontale ? La question reste ouverte, mais l’idée générale est claire : il devient indispensable pour le Maroc de reconsidérer ses enga- gements commerciaux à l’aune de la solidité de l’appareil productif. Omar Hejira ne dit pas autre chose. Selon lui, «dans un contexte mondial mar- qué par des mutations économiques, sanitaires et géopolitiques profondes, il est de notre responsabilité, en tant que gouvernement, de réévaluer l’état
d’avancement de ces accords et de promouvoir une nouvelle génération d’accords plus équilibrés, au service de l’économie nationale» . Et d’ajou- ter que «c’est dans cette optique que le Royaume a entamé, avec certains partenaires, un processus de rééva- luation. C’est notamment le cas de l’Accord de libre-échange avec la Turquie». Dans le même esprit, la question africaine s’impose avec acuité. Dans les discours officiels, l’Afrique est partout. Dans les statistiques, elle est encore trop peu visible : moins de 10% des exportations marocaines. Pourtant, le potentiel est réel. Encore faut-il surmonter les obstacles logis- tiques, les barrières réglementaires et, surtout, les incertitudes poli- tiques. La ligne maritime Agadir- Dakar, l’extension des hubs comme Tanger Med et la ZLECAf sont autant de pistes à explorer. Mais ce sera un marathon, pas un sprint. Et cela passera par la mise en œuvre de réformes structurelles solides.
En effet, le Maroc a beaucoup investi dans ses ports, aéroports et zones franches… Mais il reste pénalisé par une pénurie chro- nique de compétences techniques dans les régions les moins indus- trialisées, une dépendance aux armateurs étrangers, une flotte maritime nationale atrophiée et des coûts logistiques élevés. C’est pourquoi d’ailleurs l’Etat a identi- fié, grâce à la Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique, le besoin de développer un réseau national intégré de zones logistiques à travers les 12 régions du Royaume sur une superficie glo- bale d’environ 3.300 ha à l’hori- zon 2030. En définitive, le commerce exté- rieur est appelé à devenir le cœur battant de la stratégie économique du Royaume. Car l’export ne peut réussir sans une politique indus- trielle cohérente, un soutien ban- caire adapté, un environnement réglementaire stable et une diplo- matie économique proactive. Autrement dit : il ne suffit pas de lever l’ancre. Encore faut-il savoir où l’on va. Raison pour laquelle il ne faut pas laisser le gouvernail à ceux qui pensent que l’export, c’est simplement envoyer des tomates en Europe et des jellabas à Dakar.
Le Maroc se fixe un nouveau cap pour faire de l’exporta- tion un véritable levier de croissance inclusive et durable.
TijarIA, présenté comme le premier guichet unique digital du commerce extérieur marocain, promet d’être un véritable GPS pour les PME souvent perdues dans la jungle réglementaire.
11 HORS-SÉRIE N°49 / FINANCES NEWS HEBDO
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