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E XPORT

Commerce extérieur

Où se cache vraiment le potentiel de croissance ?

cules, ce n’est pas forcément exporter de la richesse si 60 à 70% des composants sont importés» , avertit Tahiri. «Le défi, c’est de localiser davantage les chaînes d’approvisionnement, y compris sur les pièces critiques ou stratégiques» , explique-t-il. Même constat pour l’aéronautique où le Maroc s’est positionné comme sous- traitant qualifié, avec un taux d’inté- gration locale de 43%, mais sans maî- trise technologique sur les produits de plus forte valeur. Des gisements encore peu exploités Dans sa feuille de route, le gouverne- ment évoque la mobilisation de «200 produits à fort potentiel», sans en divul- guer la liste complète. Mais certaines filières commencent d’ores et déjà à émerger comme des candidates cré- dibles à la croissance exportatrice. C’est le cas, notamment, de l’agro-industrie transformée. Le Maroc exporte depuis longtemps des produits bruts (fruits, légumes, huile d’olive), mais peine à franchir le cap de la transformation industrielle, là où réside pourtant la vraie valeur ajoutée. Pour notre expert, le développement de gammes certi- fiées bio, halal ou prêtes à consommer représente un axe stratégique, en par- ticulier pour répondre à la demande croissante des diasporas africaines et européennes, de plus en plus sensibles à la qualité et à la traçabilité. La chimie, et plus largement la para- chimie, offre un autre levier encore sous-exploité. Si les phosphates conti- nuent de dominer les exportations, la diversification vers des produits spécia- lisés comme les engrais techniques ou les molécules pharmaceutiques reste embryonnaire. Ici, le Maroc dispose d’un avantage en matière première, mais l’appareil industriel peine à suivre sur les segments à forte valeur scienti-

Les exportations marocaines ont doublé en dix ans, mais tournent toujours autour des mêmes pôles, des mêmes marchés et des mêmes produits. À l’heure d’une nouvelle feuille de route, le pays cherche à élargir sa gamme de potentiel exportable. À quoi correspond ce potentiel ? Quels secteurs et quels produits peuvent véritablement porter la croissance future des exportations marocaines ?

L

l’exportation complexe» , nous explique Hafid Tahiri, économiste et consultant en commerce international. À ce jour, six filières captent 92% des exportations marocaines, notamment l’automobile, les phosphates, l’aéro- nautique, le textile, l’agriculture et l’électronique. Cette concentration traduit la structuration progressive de pôles industriels, mais elle représente aussi une vulnérabilité en cas de choc sectoriel. L’automobile, premier poste d’export du pays, a connu une crois- sance soutenue grâce aux implanta- tions de Renault et Stellantis. Mais la part de la valeur ajoutée locale reste encore trop faible. «Exporter des véhi-

e Maroc exporte plus que jamais. En 2024, les ventes à l’international ont franchi la barre des 455 milliards

de dirhams, contre 185 milliards en 2012. Pourtant, selon les estimations du ministère du Commerce extérieur, environ 120 milliards de dirhams de potentiel exportable restent encore inexploités. Une marge considérable, qui alimente l’ambition de la feuille de route 2025-2027 pour le commerce extérieur. «Le Maroc a terminé la phase de rattra- page industriel. Ce qui reste à aller cher- cher relève d’une transformation plus fine, plus qualitative. On entre dans

Avec sa nouvelle feuille de route, le Maroc entend élargir sa gamme exportable et activer de nouveaux relais de croissance.

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FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°49 12

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