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émergents ou à fort potentiel, les entre- prises marocaines hésitent souvent à exporter faute de solutions de couver- ture contre les risques commerciaux (non-paiement, insolvabilité) ou poli- tiques (blocage des transferts, instabi- lité…). Ce nouveau mécanisme offre une sécurité financière et psychologique qui encouragera les entreprises à ten- ter l’aventure de l’exportation dans ces zones. Ce dispositif permet aussi de mutualiser les risques et d’élargir la base exporta- trice. L’assurance publique intervient là où le privé ne va pas, partageant le risque avec l’entreprise et lui permettant de proposer des conditions de paiement attractives à ses clients étrangers, tout en se protégeant. Cela bénéficie particu- lièrement aux PME, qui n’ont ni la taille, ni l’historique, ni la solidité financière pour supporter seules de gros impayés ou aléas. En outre, le dispositif d’assurance publique complémentaire à l’export a un effet de levier sur les volumes expor- tés. Selon les analyses actuarielles, chaque Dirham mobilisé pour l’assu- rance-crédit à l’export peut générer jusqu’à 75 dirhams de chiffre d’affaires export supplémentaire : l’État a injecté 100 millions de dirhams pour permettre de couvrir potentiellement 7,5 mil- liards de dirhams de nouveaux contrats export. Ce levier financier est particulièrement structurant pour la montée en puis- sance de l’offre exportable nationale. Enfin, ce dispositif favorise la profes- sionnalisation et la montée en compé- tence des entreprises. En accédant à ce dispositif, les entreprises sont incitées à structurer leur approche commerciale (analyse du risque client, contractuali- sation, suivi, etc.), ce qui contribue à la diffusion d’une culture de gestion des risques à l’international. F. N. H. : La répartition géographique des exporta- teurs est très déséquilibrée. Comment comptez- vous renforcer l’ancrage régional du commerce extérieur, notamment dans les zones enclavées ? O. H. : Le déséquilibre régional dans la répartition des exportateurs marocains a longtemps constitué un frein à une croissance inclusive et à une valorisa- tion optimale du potentiel national. La feuille de route 2025-2027 fait de la terri- torialisation de la politique d’export une priorité structurante, avec des mesures
concrètes pour renforcer l’ancrage régional du commerce extérieur, y com- pris dans les zones moins industrialisées ou enclavées. Les bureaux dédiés dans les 12 régions du Royaume sont de véritables guichets de proximité offrant accompagnement, information, coaching et mise en réseau avec l’écosystème local. Avec comme objectif de détecter les porteurs de pro- jets exportateurs, leur proposer un par- cours personnalisé et assurer le suivi sur le terrain. De même, chaque région bénéficie d’un diagnostic de potentiel exportateur, permettant d’identifier les secteurs et filières à développer localement. Les dispositifs d’accompagnement (mis- sions de prospection, appui financier, aide à la certification, etc.) sont adaptés aux réalités et besoins de chaque terri- toire. L’ancrage régional du commerce exté- rieur passera également par la mise en
œuvre de programmes spécifiques à l’artisanat et à l’économie sociale qui facilitent l’accès à l’export pour des terri- toires à faible base industrielle et la mise en place d’accords et de conventions pour simplifier les démarches d’export des produits du terroir, de l’artisanat ou de l’économie sociale et solidaire. En outre, la promotion des Sociétés d’agrégation à l’export (SAE) permettra à plusieurs acteurs locaux de mutua- liser ressources, logistique et réseaux commerciaux, et accéder ainsi à des marchés internationaux jusque-là inac- cessibles individuellement. Enfin, la généralisation des plateformes digitales («One Shop Export», «Trade. ma», «Tijar-IA») permettra à tout expor- tateur, où qu’il soit situé, d’accéder à l’information, à l’accompagnement et à la mise en relation commerciale sans barrière géographique. Il en est de même pour la simplification des démarches administratives pour réduire la fracture territoriale. F. N. H. : La ZLECAf est présentée comme un levier majeur pour l’Afrique. Comment le Maroc s’y posi- tionne-t- il concrètement aujourd’hui ? O. H. : Comme vous le savez, la Zone de libre-échange continentale afri-
La feuille de route 2025-2027 fait de la territorialisation de la politique d’export une priorité structurante.
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°49 20
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