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teurs comme le textile, l’électronique ou la métallurgie. • Montée en gamme : L’implantation de la Gigafactory de Gotion High-Tech à Kénitra symbolise cette dynamique de transfert de technologie et de valeur. • Transition énergétique : Le développe- ment de l’hydrogène vert et du pipeline Nigeria-Maroc peut faire du Royaume un exportateur d’énergie compétitif, tout en réduisant les coûts pour les industriels. • Infrastructures logistiques : Des hubs comme Tanger Med doivent être mieux connectés aux PME pour soutenir leurs ambitions exportatrices. En somme, la compétitivité exporta- trice marocaine repose sur une trans- formation progressive, articulée autour de l’industrialisation, de la souveraineté énergétique et de la montée en gamme des produits. F. N. H. : La diversification des partenariats commer- ciaux s’impose aujourd’hui comme une nécessité absolue. Parmi les marchés émergents (Afrique, Asie, Amérique latine), quels sont ceux qui offrent les perspectives de développement pour les expor- tateurs marocains ? Dr M. B. : Parmi les marchés émergents, l’Afrique représente le potentiel le plus stratégique pour le Maroc, en raison de
vité et commencera à représenter une menace pour certains secteurs euro- péens, des mesures protectionnistes (droits anti-dumping, tarifs compensa- toires) seront inévitablement imposées, comme cela a été le cas pour les jantes en aluminium. F. N. H. : Les échanges commerciaux Maroc-UE atteignent 60 milliards d’euros, mais demeurent déséquilibrés. Comment corriger cette asymétrie et quels leviers activer pour renforcer la compétitivité des exportateurs marocains ? Dr M. B. : Le déséquilibre commercial entre le Maroc et l’Union européenne, avec des échanges atteignant 60 milliards d’euros, résulte d’une dépendance marocaine aux importations de biens d’équipement et de produits énergétiques, ainsi que d’une offre exportable concentrée sur des segments à faible valeur ajoutée. Face à une UE hautement industrialisée, le rééquilibrage ne peut être immédiat. Il nécessitera plusieurs décennies de mon- tée en compétences et en capacité indus- trielle. Néanmoins, plusieurs leviers peuvent dès à présent être mobilisés : • Substitution aux importations : Le plan lancé par le ministère de l’Industrie iden- tifie plus de 900 projets, capables de ren- forcer la production locale dans des sec-
turation. Son avenir dépend largement de la souveraineté hydrique du pays. Sans vision claire et durable, son poten- tiel demeure partiellement réalisé. Ces secteurs témoignent de la transfor- mation qualitative du tissu productif marocain et de sa montée en compétiti- vité à l’échelle internationale. F. N. H. : Les accords de libre-échange signés par le Maroc sont-ils aujourd’hui un levier ou un frein pour nos exportations ? Dr M. B. : Les accords de libre-échange (ALE) signés par le Maroc ont généré des effets contrastés. D’un côté, ils ont permis l’accès à de nouveaux marchés, favorisé l’attraction d’investissements étrangers et offert aux consommateurs une diver- sité de produits. Mais, d’un autre côté, ils ont aussi révélé leurs limites et impacts négatifs sur l’économie nationale. Au début des années 2000, le Maroc a engagé une politique de libéralisation commerciale ambitieuse, mais précipi- tée, alors même que son tissu industriel était encore fragile et en cours de struc- turation. Résultat : les secteurs naissants se sont retrouvés exposés à une concur- rence internationale féroce, sans protec- tion suffisante. Cela a freiné la transition industrielle du pays. Les principaux gagnants de ces accords ont été les importateurs et les distribu- teurs de franchises internationales, tan- dis que du point de vue macroécono- mique, le bilan est clairement défavo- rable : le déficit commercial s’est aggravé, les réserves de change ont subi une pres- sion importante, et le Maroc reste défici- taire avec la majorité de ses partenaires, à l’exception de l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, dans un contexte de redéfi- nition des chaînes de valeur mondiales, avec le recul relatif de la Chine comme atelier exclusif du monde, le Maroc peut capitaliser sur sa position géographique, ses coûts compétitifs et ses infrastruc- tures industrielles pour devenir un sous- traitant privilégié du marché européen. C’est dans ce cadre que les ALE peuvent redevenir pertinents, à condition de les accompagner par des politiques indus- trielles volontaristes. Mais il faut rester lucide : dès lors que notre industrie gagnera en compétiti-
L’automobile reste en tête des exportations marocaines, avec une montée en puissance de l’électrique.
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°49 34
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