sa proximité géographique, culturelle et civilisationnelle, ainsi que du renforce- ment des liens diplomatiques sous la vision royale. Le Maroc bénéficie d’une balance commerciale excédentaire avec l’Afrique subsaharienne, unique en son genre comparée à d’autres régions. Cette dynamique est soutenue par l’implan- tation progressive d’écosystèmes indus- triels, financiers et logistiques marocains sur le continent. Cependant, malgré ces atouts, la faible structuration écono- mique, les risques liés à l’instabilité poli- tique et sécuritaire limitent encore les opérations commerciales. C’est pourquoi il est essentiel d’adopter une approche à long terme, fondée sur une coopération sincère, une entraide mutuelle, et un accompagnement au développement durable des pays africains. Ce position- nement permettra au Maroc de renforcer sa légitimité et de consolider sa place en tant que leader régional. En parallèle, le Moyen-Orient offre éga- lement des opportunités notables, grâce aux affinités culturelles et aux projets d’investissement conjoints, notamment dans les énergies renouvelables. Quant à l’Asie, sa croissance rapide, particu- lièrement en Asie du Sud-Est, ouvre des perspectives dans des secteurs comme
le textile, l’automobile et l’électronique. Toutefois, les défis liés à la distance géo- graphique et à la forte concurrence inter- nationale rendent cette région plus diffi- cile à pénétrer à court terme. Ainsi, si l’Afrique doit rester la priorité stratégique pour le Maroc, la diversifica- tion vers le Moyen-Orient et l’Asie consti- tue un levier important pour sécuriser un développement exportateur équilibré et durable. F. N. H. : Quels sont les principaux obstacles logis- tiques et infrastructurels qui freinent la compétiti- vité à l’export, et comment y remédier ? Dr M. B. : Le Maroc a indéniablement réa- lisé une véritable révolution en matière de logistique et d’infrastructures, à savoir les ports modernes comme Tanger Med (1 er port d’Afrique), un réseau ferroviaire performant avec l’ONCF, et des aéro- ports bien équipés. Pourtant, deux obs- tacles majeurs freinent encore la compé- titivité à l’export. 1. L’approvisionnement énergétique : un enjeu stratégique Le gaz, indispensable pour la compéti- tivité industrielle, manque d’une infras- tructure fiable. Un projet crucial, celui du pipeline de gaz reliant le port de Nador West Med aux zones industrielles clés (Kenitra, Tanger Med, Casablanca), lancé dans les années 2000, tarde à voir le jour. Ce pipeline acheminera du gaz liquéfié (GNL) vers ces zones franches industrielles, réduisant les coûts de pro- duction et stimulant l’essor industriel. Sous l’impulsion de la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, ce projet a repris du souffle, promettant une transformation majeure. 2. La gestion de l’eau : clé pour l’agroalimentaire Le secteur agroalimentaire dépend for- tement de la disponibilité en eau. Le partenariat inédit entre Taqa Morocco, le Fonds Mohammed VI pour l’investisse- ment, et des investisseurs émiratis, doté d’un budget colossal de 140 milliards de dirhams, vise à financer la transition hydrique. Ce projet ambitieux permet- tra d’assurer une gestion durable des ressources en eau, levier essentiel pour la croissance des exportations agroali- mentaires. Autres défis logistiques • La dépendance aux armateurs étran- gers, faute d’une flotte maritime natio-
nale compétitive, alourdit les coûts et limite l’autonomie. • Les coûts logistiques élevés et des infrastructures insuffisantes dans cer- taines régions réduisent l’efficacité des chaînes d’exportation. Solutions à envisager • Développer une flotte maritime maro- caine pour réduire la dépendance exté- rieure. • Continuer à moderniser les infrastruc- tures portuaires et les réseaux routiers et ferroviaires. • Et enfin, créer des zones logistiques intégrées facilitant les échanges et rédui- sant les délais d’exportation. F. N. H. : Dans quelle mesure les fluctuations des taux de change, des matières premières et les poli- tiques monétaires affectent-elles les exportations marocaines ? Dr M. B. : Les exportations marocaines sont fortement influencées par des variables économiques externes comme les taux de change, les prix des matières pre- mières et les politiques monétaires inter- nationales. Trois dynamiques principales doivent être prises en compte : • Fluctuation des taux de change : L’appréciation du Dirham, notamment face au Dollar (+8,3% entre janvier et avril 2025, selon Bank Al-Maghrib), réduit la compétitivité des exportations maro- caines sur les marchés libellés en Dollars, en rendant les produits marocains plus chers à l’étranger. Toutefois, cette même appréciation permet aux importateurs marocains d’acquérir certaines matières premières à moindre coût. • Volatilité des prix des matières pre- mières : Les hausses brutales des prix de l’énergie ou des intrants agricoles, souvent dues à des chocs géopolitiques exogènes (guerre en Ukraine, tensions au Moyen-Orient), augmentent les coûts de production et réduisent les marges à l’export. Le Maroc reste exposé tant qu’il dépend fortement de ces importations. • Réponse monétaire et stratégique : La Banque centrale doit viser une stabilité du taux de change pour offrir de la visi- bilité aux opérateurs. Mais à plus long terme, seule une souveraineté énergé- tique et agricole à travers le dévelop- pement des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert, et de filières agricoles résilientes permettra d’atténuer la vulné- rabilité structurelle du Maroc face à ces chocs extérieurs.
Le Maroc bénéficie d’une balance commerciale excédentaire avec l’Afrique subsaharienne, une situation unique en comparaison avec d’autres régions.
35 HORS-SÉRIE N°49 / FINANCES NEWS HEBDO
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