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F. N. H. : La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) peut-elle représenter une véritable alternative pour rééquilibrer la poli- tique commerciale du Royaume ? T. S. M. : La ZLECAf constitue une opportunité stratégique majeure pour le Maroc. Elle permettrait à notre pays de rééquilibrer sa poli- tique commerciale, de réduire sa dépendance aux marchés européens et de renforcer son ancrage africain. Selon un rapport de CFC, l’élargis- sement de la ZLECAf pourrait impli- quer une hausse de 3,5 à 4% du PIB du continent à l’horizon 2035. Le secteur du textile et de la manufac- ture et d’autres industries pourraient bénéficier de cette intégration, avec une croissance potentielle estimée, selon ce rapport, à plus de 250 mil- liards de dollars. Cependant, pour tirer pleinement parti de la ZLECAf, le Maroc devra investir dans des infrastructures logistiques intra-africaines, renfor- cer la normalisation des produits, assurer la compatibilité réglemen- taire et développer des partenariats industriels régionaux. F. N. H. : Dans ce contexte de recomposition des échanges, est-il nécessaire de repenser la stratégie d’ouverture commerciale du Maroc pour mieux défendre ses intérêts éco- nomiques, protéger ses filières sensibles et favoriser une montée en gamme industrielle ? T. S. M. : Absolument. L’environnement international actuel impose une refonte intelligente de la stratégie commerciale du Maroc. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’ouverture, mais de la rendre plus sélective, plus stratégique et surtout plus équitable pour les entreprises marocaines. Il faut renforcer les clauses de sauve- garde, adopter des mesures de réci- procité, développer des politiques industrielles ciblées et favoriser la montée en gamme dans les filières porteuses telles que l’automobile, l’agroalimentaire, le digital, la phar- macie et les énergies vertes. Enfin, le commerce extérieur doit être mis au service d’une transfor- mation structurelle de l’économie marocaine, où l’exportation ne se fait pas au détriment du tissu pro- ductif local, mais dans une logique d’intégration, de renforcement de la compétitivité, de cohérence et de durabilité.

supplémentaires pouvant atteindre 120 milliards de dirhams, dont 10% seraient destinés au continent africain. Cette capacité exportatrice concerne des secteurs prioritaires tels que l’in- dustrie automobile, l’agroalimentaire, le textile et l’habillement, ainsi que les industries mécaniques… Les obstacles à l’expansion sur les mar- chés africains sont principalement liés au manque de moyens de transport entre le Maroc et plusieurs pays du continent. La ligne maritime reliant Agadir à Dakar va certainement aider nos exportations sur les marchés afri- cains, surtout si cette ligne est éten- due à d’autres pays africains par voie terrestre. Il est également essentiel de tirer parti des opportunités offertes par la zone de libre-échange continentale africaine, qui regroupe près de 1,3 mil- liard de consommateurs. En revanche, vers l’Asie et l’Amérique latine, les échanges restent limités et concentrés sur quelques produits. Le potentiel est immense, mais il néces- site des stratégies ciblées, notamment dans les domaines de la promotion et du transport. Il nécessite aussi des accords commerciaux mieux négociés, des outils d’intelligence économique et une diplomatie économique proactive. Une diversification efficace passe aussi par le soutien aux exportateurs, notam- ment les PME, à travers des incitations fiscales, les outils de renforcement de la compétitivité (Maroc PME en l’occur- rence), l’accès à des données marchés et une logistique mieux adaptée.

liards de dirhams, après avoir atteint 46,015 milliards de dirhams en 2021. Selon les statistiques de l’Office des changes, l’Afrique dans le commerce extérieur du Maroc demeure encore faible en comparaison avec les autres partenaires tels que l’UE, (~ 63%), l’Asie (18,9%) ou les Amériques (12%), L’Égypte reste, pour la cinquième année consécutive, le principal parte- naire africain du Maroc, en vertu de l’accord d’Agadir. Elle est suivie, en 2023, par Djibouti, la Côte d’Ivoire, la Tunisie et le Sénégal. Ces cinq pays représentent à eux seuls plus de la moi- tié des échanges avec l’Afrique (53,4%). Selon une étude récente du ministère de l’Industrie et du Commerce, notre pays dispose de capacités exportatrices

Malgré une aggravation du déficit commercial avec plusieurs partenaires, plus de 400 milliards de DH d’exportations marocaines sont réalisés avec des pays signataires d’accords de libre-échange.

La ZLECAf représente une alternative stratégique pour réduire la dépendance à l’Europe et renforcer l’ancrage régional du Maroc.

61 HORS-SÉRIE N°49 / FINANCES NEWS HEBDO

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