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lioration du recouvrement fiscal et de l’activité économique. Les dépenses globales ont, elles aussi, progressé de 23,6%, mais cette hausse est liée à l’accélération aussi bien des dépenses ordinaires que celles au titre de l’investisse- ment. En cela, le déficit budgé- taire, hors produit de cession des participations de l’Etat, devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, se maintenir à 3,9% du PIB en 2025, avant de s’alléger à 3,4% en 2026. Au vu de l’ensemble des indi- cateurs, l’économie marocaine entre clairement dans une phase de redressement. Cette reprise ne repose pas sur des effets conjonc- turels passagers, mais sur une dynamique structurelle fondée sur l’investissement, la modéra- tion des prix, le soutien au crédit et la modernisation de l’appareil productif... Elle traduit également les efforts consentis par les pou- voirs publics pour anticiper les mutations mondiales et préparer l’économie à de nouveaux défis : changement climatique, transition énergétique, digitalisation, com- pétitivité industrielle et sécurité alimentaire.
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secteur non financier connaît une nette reprise : +6% attendus en 2025 et en 2026 contre seulement 2,7% en moyenne les deux années précédentes. Les finances publiques accom- pagnent ce mouvement. Les recettes ordinaires, en hausse de 17% sur les quatre premiers mois de l’année, traduisent une amé-
(5,1% cette année et 7% en 2026), portées par la demande en biens d’équipement et matériaux néces- saires aux grands chantiers. La facture énergétique, quant à elle, poursuivrait son allègement pour s’établir à 96 Mds de DH en 2026. De son côté, le secteur touristique poursuit sa remontée spectacu- laire, avec des recettes voyages qui devraient culminer à 128,4 milliards de dirhams en 2026. Les transferts des Marocains résidant à l’étranger, en revanche, montrent un repli temporaire, mais devraient retrouver une pente ascendante à partir de l’an prochain (121 mil- liards de dirhams prévus en 2026). Résultat : un déficit courant maîtri- sé, autour de 2% du PIB en 2025 et 2026, des investissements directs étrangers en hausse (3,5% du PIB en 2026) et des réserves internatio- nales renforcées (407 Mds de DH à fin 2025, puis 423,7 Mds de DH fin 2026) avoisinant l’équivalent de 5,5 mois d’importations de biens et services. Concernant les conditions moné- taires, elles restent sous tension, avec un déficit de liquidité ban- caire qui devrait s’alléger à 122,5 milliards de dirhams fin 2025, avant de se creuser de nouveau en 2026 (140 milliards de DH). Toutefois, le crédit bancaire au
Les investissements massifs dans les infrastructures devraient doper les secteurs non agricoles, avec une croissance attendue de 4,5% en 2025 et en 2026.
Chômage : L’ombre au tableau économique
Malgré une reprise vigoureuse attendue en 2025, le marché de l’emploi reste atone. Le chômage, notamment chez les jeunes, reste un défi majeur pour l’économie nationale. Entre le premier trimestre 2024 et celui de 2025, le taux de chômage est passé de 13,7 à 13,3%. Un recul symbolique, insuffisant pour masquer la réalité du terrain : plus de 1,6 million de Marocains sont toujours à la recherche d’un emploi. Et chez les jeunes de 15 à 24 ans, la situation est carrément pré- occupante : près de 4 sur 10 sont sans activité professionnelle. Le taux de chômage dans cette tranche d’âge atteint en effet 37,7%, un niveau parmi les plus élevés du continent. Cette situation s’explique en partie par un décalage structurel entre les dynamiques de croissance et le marché de l’emploi. En 2025, l’économie marocaine devrait progresser de 4,6% au lieu des 3,9% initialement prévus, portée par une reprise du secteur agricole et un regain d’activité dans les secteurs non agricoles, stimulés notamment par les investissements liés à la LGV, à la CAN 2025 et à la Coupe du monde 2030. Pour autant, cette croissance peine à se traduire par une amélioration significative de l’emploi. En cause : la faible capacité du tissu productif à absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Parallèlement, le sous-emploi gagne du terrain, passant de 10,3 à 11,8% en un an. Conscient de l’urgence, le gouvernement a présenté récemment une nouvelle feuille de route pour l’emploi, censée apporter des réponses plus structurées à la problématique endémique du chômage. L’approche, désormais articulée autour de l’équilibre entre l’offre de formation et la demande des entreprises, vise à mieux adapter les compétences aux besoins réels du marché. Pour cela, 15 milliards de dirhams seront mobilisés afin de soutenir les PME, encourager l’auto-emploi et renforcer les passe- relles entre formation et insertion professionnelle. L’ANAPEC, qui joue un rôle central dans ce dispositif, est appelée à se moderniser pour devenir un véritable levier d’insertion professionnelle.
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°49 8
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