Magazine Belles demeures de France

Deux vues de l’abbaye des Vaux-de-Cernay que Cordelia a transformée en maison de campagne au parfum anglais.

M ais comment fait-elle ? C’est la question qu’on se pose devant l’enchaînement de réalisations signées Cordelia de Castellane. Sa dernière idée ? Ouvrir une boutique mi-salon de thé mi-fleuriste, en bas de la rue du Bac à Paris, et cela seulement quelques mois après avoir inauguré l’abbaye des Vaux-de-Cernay, dont elle avait assuré la décoration, et lancé une nouvelle collection de vaisselle chez Dior. Sa base. Là où tout a commencé. La jeune Cordelia y entre en 2011 pour relancer Baby Dior, puis cinq ans plus tard devient la directrice artistique de Dior Maison. Ces deux fonctions, déjà très prenantes, ne l’empêchent pas de répondre présent quand Antoine Arnault lui confie la décoration du Café Lapérouse qu’il installe avec Benjamin Patou dans l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde. Cordelia avait déjà fait ses premières armes dans le restaurant historique, mais cette fois l’espace est une grande boîte vide, où il faut tout créer. La jeune femme part de la figure du navigateur pour inventer un lieu plein de fantaisie, théâtral et coloré. Ennemie du minimalisme, ce qui restera une constante, elle mélange lustres à pampilles, rayure napoléonienne, imprimés et coquillages. Le succès est immédiat et très naturellement, lorsque son ami d’enfance Laurent de Gourcuff se lance dans la transformation de l’abbaye des Vaux-de-

Cernay en hôtel, il fait appel à elle. Le projet est colossal et il faudra quatre années pour le mener à bien. « L’ambiance est celle d’une maison de campagne un peu chic, avec une touche anglaise car le domaine avait appartenu à Charlotte de Rothschild qui avait épousé son cousin Nathaniel, de la branche anglaise ! » Forte de son expérience acquise sur ce chantier, Cordelia se voit confier la renaissance d’une institution parisienne, le restaurant Laurent, tombé lui aussi dans le giron de Laurent de Gourcuff et de son groupe Paris Society. « Cette fois, j’ai imaginé un lieu où se seraient retrouvés Proust et Monet. » Le résultat en fait l’adresse la plus en vue du moment. Une belle prise, suivie par une autre plus symbolique encore : le restaurant Maxim’s… « Mais quand Laurent m’a appelée, je lui ai dit que j’acceptais le chantier à la condition de ne rien changer au décor, juste de le rafraîchir. » Cette nuance dit tout du style de Cordelia. Non seulement elle aime les tissus, les imprimés, les objets chinés, les ambiances poétiques qui racontent une histoire, mais surtout elle aime le passé quand il est encore empreint de glamour. Avec elle, pas question de faire table rase ! « Ma devise, c’est respecter le lieu. » Exemple au restaurant et au bar du Raphael, à Paris, qu’elle est en train de lifter tout en douceur, ou dans l’adresse originelle de Ladurée rue Royale. « Je vais

Cordelia de Castellane True Parisian chic

Baby Dior and Dior Maison’s artistic director is diverging with projects that are typical to her cordial, refined style without a hint of stuffiness. An atavism... By Eric Jansen How does she do it? That’s the question on everyone’s lips when they discover Cordelia de Castellane’s latest creations. Her most recent idea? Opening a boutique, part tea room, part florist, at the bottom of the capital’s rue du Bac just a few months after having not only finished decorating the prestigious Vaux-de- Cernay abbey hotel but also launching a new tableware collection for Dior. Dior, where it all began. Chosen in 2011 to relaunch Baby Dior, just five years later the young Cordelia had become Dior Maison’s artistic director. Despite the demanding nature of these two functions, at the request of Antoine Arnault and Benjamin Patou she nonetheless also took on the decoration of the Hôtel de la Marine’s Café Lapérouse located Place de la Concorde. Although Cordelia had already cut her teeth in this historic restaurant, this time the space was more or less a large empty box in which everything had to be created from scratch. Embracing the maritime theme, the young woman imagines a place that is both theatrical and vibrant. An enemy of minimalism, which remains a constant, she creates a space oozing with

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