FNH N_ 1203

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 10 juillet 2025 - 8 DH - N° 1203

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Santé cotée

Finance participative

Le diagnostic choc du wali de Bank Al-Maghrib

Nouveau secteur star à la Bourse de Casablanca

 Abdellatif Jouahri

P. 15

P.10

P. 2/8/9

Usure et intérêts Un débat qui traverse les siècles

«Le rééquilibrage exige une approche multidimensionnelle» Déficit commercial  Entretien avec Mohamed Benchekroun, expert en économie et professeur de management.

P.18/19

P.12

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

2

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

3 4 6 ACTUALITÉ

26 L'UNIVERS DES TPME

Editorial

Link up value : «Notre mission consiste à réconci- lier efficacité et humanité dans le recrutement»

Voyons voir : Gaza : L’ordinaire de l’horreur Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs

Projet Xlinks : Rupture de courant entre Rabat et Londres 28 DEVELOPPEMENT DURABLE

BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo : Vers un été sans torpeur Réforme des retraites : Le test de vérité pour le gouvernement ! Finance participative : Le diagnostic du gouverneur de la Banque centrale Usure et intérêts : Un débat qui traverse les siècles Stabilité financière : Les régulateurs du secteur font le point BTP : TGCC change de dimension avec l’acquisition de STAM-VIAS Santé cotée : Nouveau secteur star à la Bourse de Casablanca

7 8

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

10

12 13

14

Retraite

15

D Le chaînon manquant de l’Etat social

ans un environnement international chahuté par les tensions géopolitiques persistantes et les extrava- gances commerciales américaines, l’économie maro- caine s’en tire plutôt bien. Mieux, elle semble avoir trouvé un second souffle, dopée par la reprise de l’investissement, la bonne tenue de la demande inté- rieure et un retour graduel à la normale sur plusieurs secteurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une crois-

30 SOCIÉTÉ

Les angles morts de la condition de la femme oasienne au Maroc

sance à 3,8% l’an dernier, qui devrait frôler les 4,6% cette année, une inflation de 1,1% et un déficit budgétaire qui fond doucement (de 5,4% du PIB en 2022 à 3,9% en 2024). Et pour couronner le tout, des finances extérieures qui, malgré un léger creusement du déficit courant, tiennent bon grâce à des réserves de change équivalentes à plus de cinq mois d’importations. Seul bémol : la situation du marché du travail, avec un taux de chômage qui s’est certes replié très légèrement entre le premier trimestre 2024 et celui de 2025, mais qui reste à des niveaux élevés : 13,3% contre 13,7% un an plus tôt. Dans ce paysage économique, les banques marocaines tiennent le haut du pavé. C’est ce que montrent les chiffres rendus publics à l’issue de la réunion du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), tenue lundi à Rabat. En effet, le secteur coche toutes les cases de la résilience, y compris face aux stress tests les plus sévères, même si des signaux orange clignotent. Et ce, du fait notam- ment du taux des créances en souffrance qui est passé de 8,4% en 2024 à 8,8% en avril 2025, pour un taux de provisionnement stable autour de 68%. Du côté des assurances, même musique rassurante. Avec un chiffre d’affaires de près de 59 milliards de dirhams, en hausse de 5,1%, et un résultat net comptable qui progresse de 2,9% en 2024, le secteur est dans une «dynamique positive». Ce tableau économique et financier globalement satisfaisant n’arrive cependant pas à invisibiliser l’éléphant qui trône au milieu du salon : le système des retraites. Structurellement déséquilibré, il est sous perfu- sion et toujours en attente d’une réforme qui s’éternise. Une réforme en profondeur, fondée sur un système à deux pôles. Objectif ? Assurer la soutenabilité financière des régimes, rétablir une tarification plus juste et résorber les engagements non couverts. Une belle promesse sur le papier. Mais pour l’instant, on attend toujours la mise en musique. Et convenons que pour un gouvernement qui porte en bandoulière et revendique haut et fort le concept d’Etat social, ce serait ironique de voir, justement, l’un des principaux piliers de la protection sociale s’écrouler. D’où l’urgence de mener cette réforme des retraites. C’est un contrat d’avenir. La repousser encore, c’est hypothéquer la crédibilité du pacte social. u

ECONOMIE

16

E-commerce : Les défis d’un marché en pleine croissance Moroccan Consumer Day : Pour un consommateur averti et non une cible algorithmique Entretien avec Mohamed Benchekroun : Déficit commercial, «Le rééquilibrage exige une approche multidimensionnelle» Agences urbaines : Cap sur une nouvelle ère de pla- nification territoriale Marché automobile : Un premier semestre 2025 sur les chapeaux de roue Entretien avec Rochdi Chmali : Délais de paiement, Une réforme à l’épreuve du terrain Câprier : Une alternative aux filières à faible valeur ajoutée

17

18

20

21

32 HIGH-TECH

22

Morocco Gaming Expo 2025 : Le game changer qui propulse le Maroc sur la scène mondiale

25

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

3

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

Gaza

L’ordinaire de l’horreur

morts, les négociateurs sont au taquet. A Doha, dans le confort climatisé des salons diploma- tiques, les représentants israéliens et du Hamas s’observent à travers les cloisons feutrées. Ils sont là, mais séparés, comme deux adolescents fâchés. Entre eux, des médiateurs qui tentent de poser les bases d’un cessez-le-feu de 60 jours. Le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis : tout le monde s’active pour «établir un cadre», «harmo- niser les modalités de mise en œuvre», ou encore «convenir des paramètres du retrait israélien ». En langage diplomatique, cela veut dire qu’on s’en- gueule poliment sur des points non négociables. Le Hamas exige le retrait total des troupes israé- liennes, la garantie que les hostilités ne repren- dront pas au bout des 60 jours et une aide huma- nitaire neutre, gérée par l’ONU. Israël, lui, veut rester maître des lieux, sans partage. «Sécurité» , dit Netanyahu, qui répète qu’il ne lâchera jamais le contrôle de Gaza. «Occupation», rétorque le Hamas, qui promet qu’il n’acceptera pas

un simulacre d’accord qui ne débouche pas sur un vrai changement. Deux visions inconci- liables. Résultat : c’est l’impasse. Donald Trump, pour sa part, assure que « les choses vont très bien» . Lundi dernier, il a d’ailleurs reçu Benjamin Netanyahu à dîner. Le président américain, qui rêve d’éteindre les incendies du Moyen-Orient, martèle que «le Hamas veut ce cessez-le-feu». Pendant ce temps, des ministres radicaux israé- liens crient à la trahison. Itamar Ben Gvir, chargé de la Sécurité nationale et champion du jusqu’au- boutisme, réclame l’arrêt des négociations. Pour lui, pas question de discuter avec « des assassins». Son collègue des Finances, Bezalel Smotrich, lui, dénonce l’aide humanitaire comme une «réanimation» de l’ennemi. Mais l’on perçoit néanmoins une certaine las- situde. L’opposition israélienne commence à hausser le ton. Yaïr Lapid, dans un sursaut de lucidité, a lancé : «pour le bien des combattants, pour leurs familles, pour les kidnappés, pour l’Etat d’Israël : cette guerre doit cesser» . Le bon sens pointe enfin le bout de son nez. Mais, il faut se rendre à l’évidence : «aucune percée» n’a été réalisée à Doha. Les négocia- tions s’enlisent, plombées par la peur, la haine, la vengeance et les calculs politiques. Dans ce contexte, forcément, un cessez-le-feu reste illu- soire. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

D epuis 21 mois, Gaza vit au rythme des bombes, des bilans macabres et des espoirs toujours ajournés d’un cessez-le-feu. Mardi 8 juillet 2025, l’actualité nous a servi le même cocktail tra- gique : 29 morts palestiniens dans des frappes aériennes de Tsahal. Dans ce décor infernal, un acteur a fait une entrée fracassante : la GHF, la Fondation humanitaire de Gaza. Créée dans l’urgence et soutenue par Washington et Tel-Aviv, elle distribue des colis alimentaires… dans un chaos total. Plus de 600 personnes ont été tuées lors de la distribution de nourriture par le GHF, allongeant le nombre de victimes palestiniennes tombées sous les balles de l’armée israélienne. Elles sont plus de 57.000, selon des données jugées fiables par l’ONU. En majorité des femmes, des enfants et des vieillards. Emouvant ? Triste ? Déplorable ? Oui, peut-être au tout début de ce conflit. C’est cynique de le dire, mais tous ces morts au quo- tidien, c’est désormais l’ordinaire de l’enclave palestinienne. Un ordinaire qui tend à devenir une insoutenable normalité dans la conscience collective. Et pendant que les Gazaouis comptent leurs Par D. William

A Doha, dans le confort climatisé des salons diplomatiques, les représentants israéliens et du Hamas s’observent à travers les cloisons feutrées.

ÇA SE PASSE AU MAROC

4

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

Domaine privé de l'État

Hausse de 30% de la superficie totale en 2024

L e Domaine privé de l’Etat (DPE) a connu une pro- gression notable de près de 30% en 2024, atteignant une superficie totale de 5.471.635 hectares (Ha), selon la Direction des domaines de l'État (DDE) relevant du ministère de l’Éco- nomie et des Finances. Majoritairement situé en milieu rural (90%), suivi des périmètres suburbains (7%) et urbains (3%), le DPE connaît une forte dyna-

Conseil de la concurrence

Publication d’un avis pour la distribution des produits alimentaires L e Conseil de la concurrence a publié, le 6 juillet, un avis sur l’état de la concurrence dans les circuits de distribution des produits alimentaires au Maroc. Il en ressort que ces circuits fonctionnent de manière efficiente grâce à une structuration pro- gressive et à des infrastructures modernes de trans- port et de stockage, assurant un approvisionnement régulier, y compris en période de crise. Le dévelop- pement des grandes et moyennes surfaces (GMS) a favorisé la transparence des échanges et l’accès à des produits à prix compétitifs, tandis que l’usage des technologies numériques renforce la réactivité du système. Le Conseil insiste sur l’équilibre entre cir- cuits traditionnels et modernes, jugeant essentiel de soutenir les petits commerçants dans leur transition vers des pratiques plus professionnelles et digitales. Il recommande de corriger les dysfonctionnements structurels, de moderniser le cadre légal, de renforcer la gouvernance du secteur et de mettre en place un dispositif de veille pour améliorer la transparence et l’efficacité concurrentielle. ■

mique dans les régions du Sud, notamment Dakhla-Oued Eddahab et Laâyoune-Sakia El Hamra. À ce jour, 54,6% du DPE sont immatriculés, 45,2% en cours, et seuls 0,2% reste non immatriculé en raison de contraintes techniques. Grâce à de nouvelles réquisitions, les superficies immatriculées ont bondi, notamment dans le Sud. L’apurement foncier a progressé avec 1,35 million d’hectares enregistrés (+252%), dont 598.053 hectares officiel- lement titrés. ■

Ciment

Plus de 6,89 MT de livraison à fin juin

L es livraisons de ciment ont atteint plus de 6,89 millions de tonnes à fin juin 2025, mar- quant une hausse de 9,79% par rapport à la même période en 2024, selon le minis- tère de l’Aménagement du

territoire. La distribution reste le principal segment (3,82 MT), suivie du béton prêt à l’emploi (1,67 MT), du béton préfabri- qué (714.605 T), des infrastruc- tures (448.516 T), du bâtiment (196.579 T) et des mortiers (28.753 T). Pour le seul mois de juin, les livraisons ont grimpé à 836.365 tonnes, soit une pro- gression de 12,09% sur un an. ■

Emploi : Akhannouch fait le suivi du déploiement de la feuille de route

L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, mardi à Rabat, une série de réu- nions consacrées au suivi de la feuille de route pour l’emploi. Les départements concernés ont présenté leurs programmes visant à renforcer la convergence des actions, en partenariat avec la CGEM. L’accent a été mis sur l’investissement privé, le soutien aux TPME et l’emploi généré par les grands chantiers, notamment dans le BTP. Les discussions ont également porté sur l’intégration professionnelle, la promotion des compétences,

ainsi que l’emploi rural et féminin. La coordination entre l’OFPPT, l’ANAPEC et les entreprises a été examinée pour renforcer la for- mation continue. Le chef du gouvernement a appe- lé à accélérer le déploiement des programmes. Il a par ailleurs été noté une amélioration écono- mique au 1er trimestre 2025, avec une croissance de 4,8% et la création de 351.000 emplois non agricoles. Des réunions mensuelles permettent de suivre l’avancement de cette feuille de route prioritaire. ■

www.fnh.ma

COFACE MAROC Société anonyme au capital de 56.620.000 de dirhams Entreprise régie par la loi 17-99 portant code des assurances Siège Social : 225, Boulevard d’Anfa 20250 - Casablanca RC 298.775 Casablanca - IF 14491815 ICE 000083396000066

L’ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE ANNUELLE TENUE EN DATE DU 25 JUIN 2025

L’Assemblée Générale Ordinaire Annuelle de COFACE MAROC S.A., société anonyme à conseil d’administration, au capital de 56.620.000,00 dirhams, dont le siège est au 225, Boulevard d’Anfa – Casablanca, s’est tenue le 25 juin 2025 par visioconférence, sous la présidence de M. Benoit GANZMANN, président du conseil d’administration, à l’effet d’approuver les comptes de l’exercice clos au 31 décembre 2024, et de délibérer sur l’ordre du jour suivant :

A l’effet de délibérer sur l’ordre du jour suivant :

1. Lecture du rapport du Conseil d’administration ; 2. Lecture des rapports des commissaires aux comptes ; 3. Examen et approbation des comptes de l’exercice clos le 31 décembre 2024 ;

4. Quitus aux administrateurs ; 5. Affectation des résultats ; 6. Approbation des conventions visées à l’article 56 et suivants de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes ; 7. Pouvoirs pour formalités ; 8. Questions diverses.

Après présentation par Monsieur le président Directeur Général du rapport de gestion dont les termes ont été arrêtés par le Conseil d’administration en date du 25 Mars 2025, les résolutions suivantes sont adoptées à l’unanimité par l’Assemblée Générale :

RELEVÉ DES RESOLUTIONS

PREMIERE RESOLUTION – Lecture du rapport du Conseil d’administration L’Assemblée Générale, statuant aux conditions de quorum et de majorité requises pour les assemblées générales ordinaires, après avoir pris connaissance du rapport du Conseil d’Administration sur la gestion de la Société au titre de l’exercice clos le 31 décembre 2024, approuve ledit rapport dans toutes ses parties. DEUXIEME RESOLUTION – Lecture du rapport des commissaires aux comptes L’Assemblée Générale, après avoir pris connaissance du rapport du Commissaire aux Comptes sur les comptes annuels de l’exercice clos le 31 décembre 2024, approuve ledit rapport dans toutes ses parties. L’Assemblée Générale tient à exprimer ses sincères remerciements aux Commissaires aux Comptes pour leur travail rigoureux et leur dévouement. TROISIEME RESOLUTION – Examen et approbation des comptes annuels L’assemblée générale, statuant aux conditions de quorum et de majorité requises pour les assemblées générales ordinaires, après avoir pris connaissance du rapport de gestion établi par le Conseil d’administration et du rapport général du commissaire aux comptes, approuve l’inventaire et les comptes de l’exercice clos le 31 décembre 2024, tels qu’ils lui ont été présentés, ainsi que les opérations traduites dans ces comptes et résumées dans le rapport de gestion. QUATRIEME RESOLUTION – Quitus aux administrateurs L’assemblée générale approuve les actes de gestion accomplis par le Conseil d’administration au cours de l’exercice écoulé et donne aux administrateurs, au président et au directeur général quitus entier, définitif et sans réserve de l’exécution de leur mandat pour ledit exercice. CINQUIEME RESOLUTION – A ffectation du résultat annuel du 31 Décembre 2024 L’Assemblée Générale, statuant aux conditions de quorum et de majorité requises pour les assemblées générales ordinaires, après avoir constaté que le résultat net de l’exercice clos le 31 décembre 2024 enregistre un bénéfice net de 3.871.062,99 de dirhams décide

d’approuver la proposition du Conseil d’administration : ✓ D’affecter 2 831 000.00 MAD en réserves légales, équivalent à 5% du capital social ; ✓ D’affecter 1 040 062,99 MAD au compte « Report à nouveau ». Après cette affectation, au 31 décembre 2024, les capitaux propres s’élèvent à 63 863 080,39 de dirhams, soit une augmentation de 6.5% comparativement à 2023. Le compte des réserves légales s’afficherait 5.662.000 de dirhams, ainsi le compte report à nouveau positif s’élèverait à 1.581.080,39 de dirhams. SIXIEME RESOLUTION – Approbation des conventions visées à l’article 56 et suivants de la Loi 17-95 L’Assemblée Générale, statuant aux conditions de quorum et de majorité requises pour les assemblées générales ordinaires, après avoir pris connaissance du rapport spécial des Commissaires aux comptes sur les conventions de nature de celles visées aux articles 56 et suivants de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes, telle que modifiée et complétée, approuve les termes dudit rapport ainsi que les conventions qui y figurent, et prend acte que deux conventions entrant dans le champ d’application des dispositions de ces articles ont été conclues au cours de l’exercice clos le 31 décembre 2024 et qu’il s’agit d’une convention d’externalisation de la fonction actuarielle conclue entre la Société Coface Maroc et Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur, et d’une convention de sous-traitance de la facturation des primes d’assurance conclue entre la Société Coface Maroc et Coface Services Maghreb. SEPTIEME RESOLUTION - Pouvoirs pour formalités légales L’assemblée générale, statuant aux conditions de quorum et de majorité requises pour les assemblées générales ordinaires, délègue tous pouvoirs au porteur d’un original, d’une copie ou d’un extrait du présent procès-verbal à l’effet d’accomplir toutes les formalités légales.

HUITIEME RESOLUTION – Questions diverses Aucune question diverse.

COFACE MAROC

225, Boulevard d’Anfa – CASABLANCA - MAROC / www.coface.ma

ÇA SE PASSE AILLEURS

6

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

Investissements

UE

Zone OCDE

L’Arabie Saoudite s'engage à soutenir l’Afrique avec 25 milliards USD L e Royaume d'Arabie Saoudite s'engage à porter le nombre de ses ambassades en Afrique, dans les prochaines années, à 40 représentations diplomatiques, avec des investis- sements de 25 milliards de dol- lars dans le continent, a indiqué le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed ElKhereiji. Dans ce sens, il a exprimé l'ambi- tion de l'Arabie Saoudite de finan- cer et soutenir 10 milliards de dol- lars d’exportations vers l’Afrique et de fournir 5 milliards USD supplé- mentaires de financements pour le développement de l'Afrique d'ici 2030. Elkhereiji, qui s'exprimait à Riyad lors de festivités célébrant la jour- née de l'Afrique, a assuré que Riyad vise à renforcer les relations de coopération et de partenariat avec les pays africains, à dévelop- per les échanges commerciaux, ainsi qu'à consolider la coordina- tion et le soutien mutuel au sein des organisations internationales sur les questions d’intérêt com- mun. ■

La non-application de la législation environnementale européenne coûte 180 milliards d'euros par an

L’inflation globale ralentit à 4% en mai, niveau le plus bas depuis quatre ans L ’ inflation en glissement annuel dans la zone de l'Organisation de coopération et de développe- ment économiques (OCDE), mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), a ralenti pour atteindre 4% en mai 2025 après 4,2% en avril, soit le niveau le plus bas depuis quatre ans, indique l'Organisation. « Il s’agit du niveau le plus bas depuis juin 2021 et d’une baisse de 6,7 points de pourcentage (p.p.) par rapport au pic enregistré en octobre 2022 », pré- cise l’institution internationale dans un communiqué. Bien que le rythme de l’inflation glo- bale de l’OCDE se soit ralenti, les prix moyens dans l’ensemble des pays de l’OCDE ont continué à augmenter à un rythme près de deux fois supérieur au taux moyen observé en 2019 et ont été 33,7% plus élevés qu’en décembre 2019, d'après la même source. ■

L es coûts de la non-applica- tion de la législation environ- nementale de l'Union euro- péenne par la pollution de l'air et de l'eau, la dégradation de la nature et les déchets sont estimés à 180 milliards d'euros par an pour l'UE, a indiqué la Commission européenne. Ce coût représente environ 1% du produit intérieur brut (PIB) de l'UE, selon le quatrième examen de la mise en œuvre de la politique environnementale de l’UE, publié lundi par l’Exécutif européen, lequel montre qu'il est «urgent» d'améliorer la mise en œuvre de la législation environnemen- tale de l'UE. Concernant l’éco- nomie circulaire, l’examen relève

que si certains États membres progressent bien dans l'utilisa- tion la plus efficace possible des ressources lors de la production de biens et de services, nombre d'entre eux risquent encore de ne pas atteindre les objectifs de recy- clage pour 2025. Par exemple, le rapport indique que plusieurs États membres devraient amé- liorer la prévention des déchets et réhabiliter les décharges non conformes aux normes. Une action urgente est également nécessaire, selon la Commission, pour atteindre les objectifs de l'UE en matière de qualité et de quantité de l'eau douce et pour atténuer le risque croissant de pénurie d'eau et de sécheresse. ■

Etats-Unis

L es chiffres de l'emploi sont meil- leurs que prévus aux Etats-Unis : le taux de chômage a légèrement reculé à 4,1% en juin et davantage d'emplois qu'attendu ont été créés. La première économie mondiale a créé 147.000 emplois le mois dernier, soit plus que ce qui était envisagé par les acteurs de la finance (110.000, selon le consensus publié par MarketWatch). Un même volume d'emplois avait été créé en mai (144.000, valeur révisée en hausse), selon le rapport mensuel du ministère du Travail. Les créations d'emplois se sont concen- trées dans l'administration locale et la santé, alors que des emplois ont continué à être détruits au niveau de l'Etat fédéral, conformément au vœu du gouvernement républicain. Le taux de chômage a légèrement reculé, passant de 4,2 à 4,1%, un niveau considéré comme proche du plein emploi. ■ Le taux de chômage recule à 4,1% en juin

Droits de douane

Trump annonce au moins 25% de surtaxe sur les produits de 14 pays

L e président américain Donald Trump a promis lundi une surtaxe douanière d'au moins 25% à plusieurs pays, dont le Japon et la Corée du Sud, nouvelle étape dans son offensive bouleversant les échanges éco- nomiques internationaux. Trump a distillé pendant la journée, sur sa plateforme Truth Social, 14 lettres quasiment identiques envoyées à des pays essentiellement asiatiques. Il avait précédemment programmé l'entrée en vigueur de ces droits de douane additionnels à mercredi, mais a repoussé l'échéance au 1er août via un décret présiden-

tiel publié lundi soir. Nouvelle échéance sur laquelle il a aussitôt laissé planer un doute : « Je dirais qu'elle est ferme, mais pas ferme à 100% », a-t-il répondu aux journalistes qui l'interrogeaient sur cette date lors du dîner avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. ■

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

7

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

L Malgré l’arrivée de l’été, la Bourse de Casablanca refuse la torpeur saisonnière. Après un premier semestre historique, le marché conserve son rythme, porté par une macroéconomie solide, une liquidité soutenue et des catalyseurs attendus cet été. Les investisseurs devront rester sur le qui-vive pour naviguer dans un marché qui ne semble pas prêt à lever le pied. année bascule dans sa deu- xième moitié après un semestre historique où le marché a avan- cé de 24% sur des volumes record, sans vraiment laisser de place aux pauses prolongées. Cette progression, atypique par son ampleur et sa constance, installe désormais le marché sur de nouveaux niveaux, tout en gardant son rythme. Traditionnellement, ricains s’achève le 9 juillet, ce qui devrait encore faire chahuter les Bourses mondiales (et par ricochet celle de Casablanca), tandis que la saison des tri- mestriels démarre en août. Les investisseurs auront donc leur ration de catalyseurs, et proba- blement de volatilité. Ceux qui espéraient une saisonnalité esti- vale tranquille, devront revoir leurs plans : le flux de nouvelles restera bel et bien nourri. Point Bourse Hebdo Vers un été sans torpeur Par Y . Seddik ’

Evolution de l'indice Masi depuis début juillet 2024

TOP Performances

FLOP Performances

Label Vie Maghreb Oxygène SMI

-7,14%

+32,93% +19,08%

Zellidja S.A Rebab Fenie Brossette

-6,07%

-6,01%

+16,08 %

juillet marque un repli des volumes et installe une torpeur estivale sur la place. Cette année, la configuration est différente : trois opérations de capital sont prévues, dont une introduction en Bourse. De quoi réorienter ponctuellement les flux et impo- ser une posture tactique, sans pour autant altérer la structure de fond du marché. À cela s’ajoute un calendrier qui ne sera pas celui d’un été creux. Le sursis de 90 jours sur les droits de douane amé-

tenus, avec 3,35 milliards de dirhams échangés, principale- ment sur Bank of Africa (22% des échanges), BCP (10,7%) et TGCC (5,8%). Pour une première semaine de juillet, le marché n’a pas donné le moindre signe de ralentissement. Du côté sectoriel, la sylviculture (+7,7%), les biens d’équipement industriels (+6,7%) et l’agroa- limentaire (+6 %) sont en tête des progressions, tandis que les distributeurs (-5,7%), le pétrole et gaz (-4,1%) et l’immobilier coté (-2,5%) corrigent dans un

marché toujours sélectif. La capitalisation dépasse désormais 977 milliards de dirhams. C’est un chiffre qui, lui aussi, reflète ce que le mar- ché a intégré depuis le début de l’année : des fondamentaux solides, des perspectives favo- rables et une liquidité bien pré- sente. L’été sera actif. Les investis- seurs devront rester alertes, sans se fier à la saison pour lever le pied, ni aux chiffres pour s’installer dans une certitude. À suivre de près. ◆

Sur le plan macro, le ciel reste dégagé. Les prévisions de crois- sance sont revues à la hausse, les tensions inflationnistes sont inexistantes, et le marché obli- gataire continue de soutenir un environnement favorable aux actifs risqués. C’est un contexte qui reste constructif pour la Bourse. Sur la semaine, le Masi pro- gresse encore de 0,94% et s’établit à 18.648 points. Les volumes, eux, restent sou-

BOURSE & FINANCES

8

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

 Le Maroc n’échappe pas une problématique à laquelle presque tous les pays du monde sont confrontés : moins de cotisants, plus de pensionnés.

Réforme des retraites Le test de vérité pour le gouvernement ! La Commission nationale chargée d’examiner la réforme va tenir sa première réunion dans les prochains jours. Caisses déficitaires, vieillissement de la population et tension sur le marché du travail : le système actuel s’essouffle. A un an des législatives, ce dossier pourrait bien devenir le fardeau ou le tremplin du gouvernement Akhannouch. Par D. William

tic est sans appel : le Maroc vieillit. Près de 5 millions de Marocains ont 60 ans ou plus contre 3,2 mil- lions en 2014. Une augmentation annuelle de 4,6%, bien au-delà du taux de croissance démogra- phique global, limité à 0,85%. On comprend dès lors le déséquilibre qui se creuse entre actifs et retrai- tés. En 1986, 12 actifs soutenaient un retraité; aujourd’hui, ils ne sont plus que 1,7. Le professeur Hassan Edman, économiste à la Faculté des sciences juridiques, écono- miques et sociales d’Agadir, nous résumait récemment l’équation ainsi : « face à l’augmentation du nombre de retraités et à la dimi- nution de la population active, la capacité à financer les pensions devient un défi de plus en plus complexe, représentant une pré- occupation majeure et urgente». Il enfonce le clou en expliquant que «le faible taux de couverture de la population active, conju- gué au chômage élevé, fragilise encore davantage les régimes de retraite» . Autrement dit, on a une pyramide des âges qui se retourne, un mar- ché du travail en tension et une couverture sociale qui n’inclut toujours pas une part significative de travailleurs, notamment dans le secteur informel ou l’agricul- ture. Pourtant, des premières mesures ont déjà été prises en 2016. L’âge légal de départ à la retraite est passé progressivement de 60 à 63 ans dans le public et les taux

I

l y a dans le débat public des serpents de mer qui remontent à la surface à intervalles régu- liers. La réforme des retraites en fait partie. On en parle depuis des années, on la décale, on la discute, mais on ne la fait jamais vraiment. Parce que c’est une réforme aux enjeux socioécono- miques très importants, mais qui est surtout très impopulaire. Pourtant, elle est urgente, au regard notamment de la situation actuelle. La Caisse marocaine des retraites (CMR), en particulier, fonce droit vers le mur. Un mur de 9,8 milliards de dirhams de défi- cit technique, avec des réserves qui devaient être épuisées d’ici… 2028. Mais grâce à l’augmenta- tion de la masse salariale des fonctionnaires dans le cadre du dialogue social, le gouvernement peut se targuer d’avoir repoussé cette échéance à 2031. Un répit

seulement. La réforme est donc non seule- ment urgente, mais surtout inévi- table. D’ailleurs, même le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, l’a reconnu devant les parlemen- taires : « il est temps d'amorcer un débat sérieux et responsable sur la réforme des systèmes de retraite au Maroc». On ne peut plus clair. C’est dans ce contexte que la Commission nationale chargée d’examiner cette réforme tant attendue s’apprête à tenir sa première réunion. En face, les partenaires sociaux, syndicats en tête, aiguisent leurs armes et soupèsent chaque déclaration. Ils veulent du concret et une pro- position solide. Et surtout, ils ne veulent pas que cette réforme soit l’occasion de détricoter ce qu’ils ont mis des années à négocier. «Nous sommes contre toute

réforme qui se fait aux dépens des salariés et qui touche les acquis. La population des retrai- tés est la plus impactée par la baisse du pouvoir d’achat et la mauvaise conjoncture. Une mou- ture imposée risque de générer une grogne sociale», nous confiait récemment Mostafa Hasni, de la Confédération démocratique du travail (CDT). Non sans ajouter qu’ «il faut améliorer la gouver- nance des caisses et lancer une gestion intelligente, moderne et efficace afin d’éviter les erreurs du passé». Et les erreurs du passé, on les connaît. Elles s’appellent immo- bilisme, manque de transparence et réformes techniques sans réformes structurelles, auxquelles s’ajoutent des déséquilibres démographiques croissants. D’ailleurs, d’après le dernier recensement de 2024, le diagnos-

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

9

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

de cotisation ont été relevés de 20 à 28%. Mais, malheureusement, les déficits sont toujours là et les caisses publiques bien fragiles. Courage politique Sur le fond, la réforme envisagée prévoit un système à deux pôles : un public, pour les fonctionnaires et agents publics, et un privé, pour les salariés du secteur privé. Une archi- tecture plus claire et plus rationnelle donc. Cette structure bipolaire devrait permettre une gestion plus efficace et une meilleure répartition des res- sources, tout en assurant une cou- verture plus étendue et plus équitable des bénéficiaires. Le Comité de coor- dination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS) y voit une nécessité, d’autant que les réformes ponctuelles dans le cadre du dia- logue social de 2024 ont repoussé les échéances de crise, mais sans garantir la viabilité à long terme. En réalité, ce qui manque, ce n’est pas l’intention. C’est le courage politique d’engager une réforme systémique et non cosmétique. Mais la situation a au moins un mérite : elle met tout le monde d’accord. Gouvernement, syndicats, experts, patronat…, tous reconnaissent l’urgence. Mais comme souvent au Maroc, le consensus sur le constat ne suffit pas à accoucher d’un consensus sur les solutions. A aboutir à un compromis qui va satisfaire tout le monde. Faut-il allonger encore l’âge de départ ? Augmenter les cotisa- tions? Réduire les pensions ? Toutes les options sont sur la table. Edman, lui, propose une piste alter- native. «Je pense qu’il reste encore beaucoup à faire pour élargir l’assiette des cotisants, notamment dans le cadre de la généralisation de la cou- verture sociale. Cela implique d’inté- grer les travailleurs indépendants, les non-salariés et les saisonniers à tra- vers des régimes simplifiés et adaptés à leurs besoins» , recommande-t-il. Il préconise également un système mul- ti-piliers, avec un socle universel, une retraite par répartition, un régime com- plémentaire obligatoire et un dernier pilier facultatif. C’est clair, on ne peut plus raison- ner comme dans les années 80. Le monde du travail a changé et, dans tous les pays, c’est la même problé- matique : moins de cotisants, plus de pensionnés. Le Maroc n’y échappe

de ce quinquennat. Le risque n’est pas seulement social, il est aussi éco- nomique… et éminemment politique. Le gouvernement, en s’attaquant à ce chantier longtemps délaissé par ceux qui l’ont précédé, joue en effet gros. Très gros. A un an des prochaines législatives, cette réforme va certaine- ment constituer un marqueur politique important. Le tout est de savoir dans quel sens elle va influencer le vote des électeurs. ◆

A un an des prochaines législatives, la réforme des retraites va certainement constituer un marqueur politique important.

pas. Il ne peut donc faire l’économie d’une réforme de fond. Une réforme qui devra se construire pas à pas, dans un cadre consensuel, avec les

partenaires sociaux. Sinon, le rejet est assuré. Convenons-en, la réforme des retraites est peut-être le dossier le plus explosif

POUR NE RIEN RATER DE LA BOURSE @bourse_news @boursenews www.boursenews.ma Bourse news

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

10

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

ainsi impératif pour offrir des instruments liquides compa- tibles avec les exigences cha- raïques. 3-Le financement durable L’alliance de la finance verte et de la finance participative est une opportunité stratégique. Avec un déficit de financement des Objectifs de développe- ment durable évalué à 2,5 tril- lions de dollars, le wali estime que la finance participative, en phase avec les valeurs de pré- servation et de développement durable, peut contribuer à com- bler ce gap tout en affirmant son identité.  La finance participative au Maroc a franchi la première étape de son installation, mais elle reste à un stade de croissance fragile.

Finance participative Le diagnostic du gouverneur de la Banque centrale

S La finance participative au Maroc peine à dépasser 2% des actifs bancaires. Lors des Réunions annuelles 2025 du Conseil des services financiers islamiques, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a identifié les défis à relever pour consolider le secteur et relancer sa dynamique de croissance. Par Y. Seddik

4-Les risques liés à la digitalisation

ept ans après son lancement effectif au Maroc, la finance participative ne représente encore que 2% des actifs ban- caires. Pourtant, elle évolue dans une architecture régle- mentaire claire, avec un cadre fiscal et juridique conçu pour sa montée en puissance, fruit d’une coordination entre Bank Al-Maghrib, le Conseil supérieur des oulémas et l’ensemble des parties prenantes. Le wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, insiste sur ce point : la mise en place d’un système centralisé de fatwas a conso- lidé la confiance des usagers en garantissant la conformité

charaïque des produits. Malgré les fondations posées, le secteur peine encore à décol- ler et fait face à quatre défis majeurs que le wali a exposés. 1-La conformité charaïque Le Maroc a opté pour une cen- tralisation des avis religieux (fatwas) afin de protéger le sec- teur de la finance participative des risques de réputation et des divergences d’interprétation. Cette approche s’appuie sur le Conseil supérieur des oulé- mas, seule instance habilitée à émettre des fatwas d’intérêt général, permettant de garan- tir la conformité des produits

financiers participatifs et des contrats standards. Cela consti- tue une condition essentielle pour renforcer la solidité du secteur et assurer l’uniformisa- tion des pratiques. 2-La gestion de la liquidité Le wali a pointé une réalité : la finance participative souffre de la rareté des instruments liquides et de l'absence d’un marché secondaire actif. La faible interconnexion transfron- talière aggrave cette situation, limitant la gestion active de la liquidité par les banques par- ticipatives. Le développement de sukuk domestiques devient

La numérisation progresse dans la finance participative (44% selon les derniers chiffres CSFI 2025), mais elle s’accompagne de risques nouveaux : cyberat- taques, gestion des données, vulnérabilités technologiques. Le wali plaide pour une sur- veillance renforcée et une gou- vernance adaptée, sans freiner l’innovation mais en maîtrisant ses dérives potentielles. Un contexte international instable Le Maroc développe sa finance participative dans un environne- ment marqué par des tensions

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

11

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

géopolitiques (Ukraine, Moyen- Orient) et des transformations numériques rapides. Ces instabilités globales influencent directement un secteur où la région MENA détient une part significative des actifs financiers islamiques mondiaux. Pour le wali, le renforcement de la résilience du secteur participatif passe par le développement d’ins- truments de liquidité adaptés, l’inté- gration des exigences ESG dans la structuration des produits, le ren- forcement des capacités des super- viseurs et acteurs, et l’adaptation continue aux standards internatio- naux tout en préservant les spécifi- cités nationales. Il s’agit de s’inscrire dans une logique «principle-based», où les normes s’adaptent aux contextes nationaux, en maintenant le cap sur la solidité du secteur et la confiance des usagers. La finance participative au Maroc a franchi la première étape de son ins- tallation, mais elle reste à un stade de croissance fragile. Les propos du wali rappellent que la prochaine étape sera celle de la consolida- tion, de l’innovation maîtrisée et du passage à l’échelle, condition indispensable pour qu’elle contribue réellement à l’inclusion financière, au développement durable et à la diversification du système financier. Une étude en cours Le wali de Bank Al-Maghrib a annon- cé le lancement d’une étude structu- rante pour identifier avec précision ce qui freine réellement le dévelop- pement de la finance participative au Maroc. «Les prévisions que nous avons faites laissaient entrevoir une croissance bien supérieure à ce que nous constatons aujourd’hui» , a-t-il reconnu, pointant l’écart entre les ambitions initiales et la réalité du terrain. Cette étude, menée avec l’assis- tance technique de la Banque islamique de développement et le Conseil des services financiers isla- miques (ISFB), explorera les princi- paux leviers à actionner pour déblo- quer le secteur. Elle portera notam- ment sur les difficultés rencontrées en matière de gestion de la liquidité, les coûts des produits participa- tifs, ainsi que l’adéquation de l’offre actuelle aux besoins du marché.

besoin de diversification des res- sources des banques participatives, alors que la gestion de la liquidité demeure un enjeu central pour leur stabilité et leur capacité à financer durablement l’économie. Les conclusions de cette étude devront permettre d’adapter la feuille de route du secteur afin de le réaligner sur son potentiel, tout en répondant aux attentes qui avaient accompagné son lancement. ◆

La finance participative souffre de la rareté des instruments liquides et de l'absence d’un marché secondaire actif.

Le contexte rend ce diagnostic urgent. Aujourd’hui, le secteur affiche des encours de financements de 35 milliards de dirhams pour seule-

ment 12 milliards de dirhams de res- sources collectées. Parmi les défis identifiés, figurent les contraintes liées à la collecte des dépôts et le

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

12

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

Usure et intérêts Un débat qui traverse les siècles Lors des Réunions annuelles 2025 du Conseil des services financiers islamiques, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a rappelé que dans la vision islamique, l’argent est un moyen au service du bien commun et non une finalité. Il a précisé que l’interdiction du ribâ a pour objectif de préserver l’équité dans les transactions et d’éviter l’accumulation égoïste des richesses.

Encadrement et prudence dans le domaine financier Dans ce contexte, Ahmed Toufiq a rappelé que le Maroc, dans sa gouvernance, veille à protéger les cinq finalités de la charia : la religion, la vie, l’intellect, les biens et la descendance. À ce titre, le pays s’est engagé dans le développement de la finance participative, s’appuyant sur les conseils du Conseil supérieur des oulémas, qui a émis 194 avis juridiques sur les produits de la finance participative afin d’en assurer la conformité aux prin- cipes religieux. Par ailleurs, il a précisé que l’adoption de l’expression «finance participative» vise à res- ter dans un cadre technique et objectif, sans qualifier les autres formes de finance comme non conformes à l’islam, et pour évi- ter toute confusion dans l’esprit des citoyens. Dans son discours, le ministre a reconnu que le problème de l’usure et des intérêts ne peut être dépassé totalement, compte tenu des complexités pratiques. Toutefois, il a souligné l’impor- tance de prendre en considéra- tion les nécessités pragmatiques dans l’organisation des transac- tions financières, tout en respec- tant les principes religieux. Enfin, il a également relevé que certaines personnes considèrent que les intérêts des banques entrent dans le cadre de l’usure interdite, tandis que d’autres distinguent selon les contextes et les objectifs économiques. Le ministre a donc invité les experts et les acteurs du sec- teur à poursuivre leur réflexion sur les conditions de coexistence entre la finance participative et les autres formes de finance, en tenant compte des contextes, des nécessités et de l’intérêt général. Ainsi, entre l’exigence éthique de protection des plus vulnérables et la réalité d’un monde où le crédit structure le quotidien et l’investissement, la question de l’usure reste un fil rouge qui tra- verse les siècles sans jamais se rompre, et continue d’alimenter débats et réflexions au sein des sociétés contemporaines. ◆

Par Y. Seddik

 À travers l’histoire, le prêt à intérêt a suscité des règles, des débats et des ajustements selon les contextes religieux, économiques et sociaux.

D

epuis des siècles, l’usure et les intérêts divisent économistes, juristes et religieux. En effet, d’Aris- tote, qui dénonçait le prêt à intérêt comme contraire à la nature, aux textes coraniques interdisant le ribâ pour protéger les plus vul- nérables, le refus de l’usure s’est inscrit dans de nombreuses tradi- tions comme un garde-fou contre l’exploitation. Pourtant, dans un monde où le crédit est devenu un outil de consommation et de développement, la frontière entre intérêt légitime et usure oppres- sive suscite des débats vifs, par- ticulièrement dans les sociétés musulmanes. Ainsi, faut-il interdire tout intérêt ? Comment financer le développement sans tomber

dans l’endettement injuste ? Par ailleurs, la finance participative peut-elle réellement remplacer un système bancaire classique ? Ces questions divisent savants, experts et citoyens, entre ceux qui défendent une lecture stricte interdisant tout intérêt, et ceux qui plaident pour une approche équi- librée conciliant éthique et effica- cité économique. Dans son intervention lors des Réunions annuelles 2025 du Conseil des services financiers islamiques, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a rappelé que la critique de l’usure remonte à l’antiquité. À cet égard, il a cité Aristote, qui s’opposait déjà à l’idée que «la monnaie se reproduise», consta- tant que les intérêts excessifs menaient à l’asservissement des débiteurs dans la société athé- nienne. De plus, il a relié cela à l’interdic-

tion coranique de l’usure sous toutes ses formes injustes, en soulignant que le but de cette interdiction est de lever l’injustice sur les personnes vulnérables, en particulier dans le domaine des prêts nécessaires à la vie quoti- dienne. Par ailleurs, le ministre a éga- lement rappelé que l’interdiction de l’usure ne peut être comprise isolément, car l’islam propose une vision globale où l’argent est un dépôt confié par Dieu, destiné à être investi dans le bien et la satis- faction des besoins de la société, non à l’accumulation égoïste ou à l’exploitation des faibles. En outre, il a souligné que le sys- tème islamique vise à protéger l’homme et la société, dans leurs aspects spirituels et matériels, en encadrant les transactions pour éviter l’injustice et l’excès, tout en maintenant l’équilibre et la circula- tion des richesses.

Le Conseil supérieur des oulémas a émis 194 avis juridiques sur les produits de la finance participative afin d’en assurer la conformité aux principes religieux.

www.fnh.ma

Page 1 Page 2 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 7 Page 8 Page 9 Page 10 Page 11 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 19 Page 20 Page 21 Page 22 Page 23 Page 24 Page 25 Page 26 Page 27 Page 28 Page 29 Page 30 Page 31 Page 32 Page 33 Page 34

fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker