DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025
Le Maroc trace sa voie vers un leadership régional Crédits carbone :
devaient participer au projet perdent une opportunité de développement et de montée en compétences, affectant potentiellement la compétiti- vité de l'écosystème industriel national», analyse Mohamed Boiti. Vers une reconfiguration stratégique Toutefois, si le retrait de garan- tie d’achat du Royaume-Uni pour le projet Xlinks marque un revers, elle n’est pas une fin en soi. Selon l’expert, le Maroc doit désormais tourner le regard vers d’autres parte- naires. L’Allemagne, la France et l’Espagne ont manifesté un intérêt persistant pour les capa- cités solaires du Royaume. Lisbonne aussi reste enthou- siaste. «L’interconnexion avec le Maroc est fondamentale pour la sécurité énergétique de l’Europe» , déclarait récemment le Premier ministre portugais, Antonio Costa. L’abandon britannique n’efface en rien la valeur technolo- gique et géopolitique du projet Xlinks, qui pourrait intéresser d’autres marchés européens ou africains en quête d’énergie propre et stable. Des pistes sont déjà à l’étude, assure Xlinks, qui explore des parte- nariats alternatifs pour rentabi- liser les travaux préparatoires déjà entamés au Maroc. Pour Mohamed Boiti, cet épi- sode appelle à tirer les leçons d’une dépendance excessive à un seul mégaprojet : «il faut aller vers une diversification des partenariats et renforcer notre résilience interne. Miser uniquement sur des projets gigantesques comme Xlinks est une stratégie à haut risque dans un monde géopolitique- ment instable » A noter que la coopération énergétique entre Rabat et Londres ne s’arrête pas pour autant. D’autres canaux restent ouverts, notamment dans l’hy- drogène vert et l’innovation technologique. ◆
L e Royaume entend s'imposer comme un pôle régional de création de crédits carbone de haute qualité. C’est ce qu’a affirmé, mardi à Casablanca, la ministre de la Transition éner- gétique et du Développement durable, Leila Benali, lors de la 2ème édition de la conférence «Scaling up carbon market in Africa», organisée par Casablanca Finance City Authority (CFCA), le groupe CDG et la GIZ. Pour Benali, cette ambition repose sur l’harmo- nisation du cadre réglementaire, la transparence, la gouvernance et l’équité dans la répartition des bénéfices, avec à la clé d’importants co-bénéfices environnementaux et sociaux. Le marché carbone est, selon elle, un levier stratégique pour la transi- tion énergétique et économique du Royaume, porté par ses atouts en énergies renouvelables et ses infrastructures. La ministre a également salué l’effet d’entraînement du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) européen, perçu comme une opportunité pour renforcer la compétitivité des sec- teurs exportateurs marocains. La certification car- bone devient ainsi un outil clé pour préserver les parts de marché et décarboner les chaînes de valeur. C’est dans ce contexte qu’a été lancé le Green Assets Cluster, une initiative stratégique de la CFCA des- tinée à fédérer les acteurs publics et privés autour
des marchés carbone. Son Directeur général, Saïd Ibrahimi, ambitionne de faire de Casablanca la plate- forme continentale de référence pour l’économie du carbone. Pour Khalid Safir, DG du groupe CDG, un marché structuré, crédible et aligné sur l’Accord de Paris et le dispositif Corsia permettra de canaliser des finan- cements vers la transition énergétique, l’agriculture durable et la reforestation. La CDG se positionne comme un acteur clé dans la structuration de cet écosystème, en soutien aux ambitions climatiques du Royaume. ◆
Le PNUD Maroc mise sur les PME vertes Croissance inclusive L e Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Maroc a organisé, mardi à Rabat, une journée
dédiée à l’investissement vert et inclusif, dans le cadre du Green Growth and Jobs Accelerator Project (GGJAP). Ce programme accom- pagne 21 PME innovantes lauréates de la deuxième cohorte, sur un total de 200 entreprises ciblées à l’hori- zon 2027. Mis en œuvre avec le soutien du Bureau régional pour les États arabes, du Danemark et du Bureau de représentation nordique, le projet vise la création de 1.000 emplois directs et 2.500 indirects. Selon Ilaria Carnevali, représen- tante résidente du PNUD au Maroc, cette initiative marque une étape essentielle vers un développement économique durable, en conciliant rentabilité, durabilité et création d’emplois verts. La journée a permis de créer un espace de dialogue entre entre- prises et investisseurs, en soutien
aux Objectifs de développement durable (ODD). Pour Abdelmajid Nadiri, chef de division au ministère de l’Investis- sement, ce projet s’inscrit dans la dynamique de la nouvelle charte de l’investissement, qui place les TPME au cœur des priorités natio- nales. L’adoption du décret sur le soutien spécifique à ces entreprises marque, selon lui, un tournant opé- rationnel dans l’accompagnement de l’entrepreneuriat vert.
Depuis 2024, 45 PME marocaines ont été accompagnées dans des secteurs comme l’agritech, la ges- tion des déchets, la mobilité durable ou l’économie circulaire. Près de 49% sont dirigées par des femmes, reflet d’une ambition de croissance équitable et durable. Face aux crises mondiales, le PNUD réaffirme son soutien à l’écosys- tème entrepreneurial vert marocain, en favorisant innovation, finance- ment et inclusion. ◆
Avec la participation de
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