SOCIÉTÉ
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025
Les angles morts de la condition de la femme oasienne au Maroc S il y a un consensus sur la pertinence de la stratégie d’institutionnalisation de l’inté- gration du genre dans le secteur de l’eau (SIIGSE), visant l’ancrage de la représenta- tivité des femmes et leur participation à la prise de décision au sein des instances et services relevant de ce Département; • l’intégration de l’approche genre dans les programmes réalisés en partenariat avec les autres intervenants dans le domaine de l’eau. ’
l’action publique en matière d’inclusion éco- nomique et sociale des femmes, le débat reste ouvert quant à celle de la femme rurale. Dès lors, d'autres chantiers com- plexes sont à l'ordre du jour à l'heure où le Maroc s'apprête à consolider ses acquis en matière d’égalité des droits des citoyens et citoyennes. L’étude de la condition de la femme rurale renvoie à deux principales pré- occupations : celle de l’intégration de l’ap- proche genre dans les politiques publiques, et celle de l’autonomisation économique des femmes considérée comme étant un pro- cessus qui permet «d’augmenter le capital humain, financier et matériel des femmes au fur et à mesure qu’elles bénéficient des opportunités économiques». L’intégration de l’approche genre dans les politiques publiques Le Maroc a entrepris plusieurs réformes législatives et institutionnelles visant à inté- grer l’approche genre dans les politiques publiques et à promouvoir les droits de la femme. Cette dynamique impulsée par les conventions internationales que le Maroc a signées et ratifiées est inscrite dans la Constitution de 2011, qui consacre l’égalité homme et femme dans les droits et devoirs à travers plusieurs dispositions de l’article 19, en vertu duquel l’Autorité de la parité est instaurée (par l’article 164). Cette instance doit assurer une mission «d’expertise et d’évaluation des politiques visant à favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes dans les domaines politiques et socioéco- nomiques», tel qu’il ressort de la loi n° 79-14 relative à sa création. L’État et les autorités publiques garantissent, aux termes de l’article 31, l’égal accès à tous les citoyens et citoyennes, aux programmes et actions des politiques publiques écono- miques, sociales, culturelles, et l’accès à l’eau et à un environnement sain. Plusieurs stratégies gouvernementales devaient appuyer la mise en œuvre des poli- tiques publiques inclusives qui visent l’inté- gration progressive de l’approche genre et le renforcement de l’égalité entre les sexes, à travers les objectifs des Programmes gouvernementaux pour l’égalité IKRAM 1
Le renforcement du rôle de la femme dans la prise de décision en la matière, à tous les échelons (central, régional et provincial), ambitionne la mise en œuvre effective de la prise en compte de l’approche genre dans les programmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement des écoles en milieu rural. En dépit de ces avancées notables, plusieurs contraintes sociocultu- relles subsistent, reléguant la femme et des populations marginalisées au second rang, notamment en milieu rural. Plusieurs dia- gnostics montrent en effet que la promotion de la femme rurale ne peut être appréhendée sans prendre en considération la problé- matique du développement du monde rural dans son ensemble. L’autonomisation économique des femmes rurales révèle un paradoxe, du fait des res- ponsabilités importantes qu’incombent à la femme rurale, notamment dans les espaces oasiens, dans le développement local et son rôle peu reconnu et valorisé sous le poids d’un conservatisme rigoureux qui induit sa marginalisation économique et sociale. Le dynamisme des contributions de la femme, en tant qu'acteur économique, est annihilé par la tutelle qu’exerce l’homme qui dispose du droit de la prise de décision finale. «La femme ne constitue pas encore une catégorie de "décideurs" à part entière, et cette limitation inhibe le dynamisme glo- bal de la société rurale». Bien que l’appréhension du statut de la femme dans l’espace oasien, qui requiert des études socioéconomiques, soit rare et éparse, il s’avère que le rôle qu’endosse la femme dans la petite agriculture est impacté par des vulnérabilités écologiques et écono- miques de l’écosystème oasien induites par le changement climatique et la migration des hommes et des jeunes vers les villes.
Par Saïd Kinana, professeur universitaire
(2012-2016) et IKRAM 2 (2017-2021) conçus par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. L’intégration de cette approche dans la budgétisation publique devait être consa- crée par la loi organique n°130-30 relative aux Finances, qui a consacré le principe de la budgétisation sensible au genre (BSG), renforçant l’engagement des départements ministériels pour l’intégration de l’égalité des sexes dans leur programmation et planifica- tion. L’appui à l’intégration du genre dans le Département de l’eau s’est traduit par plu- sieurs mesures, notamment : • la prise en compte de la BSG dans la pla- nification et la réalisation des études «pour l’identification et l’évaluation des indicateurs genre, pour des programmes réalisés par les diverses entités de ce département»; • la déclinaison des axes consacrés par Le rôle qu’endosse la femme dans la petite agriculture est impacté par des vulnérabilités écologiques et économiques de l’écosystème oasien.
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