FNH N_ 1203

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 JUILLET 2025

 Le Maroc n’échappe pas une problématique à laquelle presque tous les pays du monde sont confrontés : moins de cotisants, plus de pensionnés.

Réforme des retraites Le test de vérité pour le gouvernement ! La Commission nationale chargée d’examiner la réforme va tenir sa première réunion dans les prochains jours. Caisses déficitaires, vieillissement de la population et tension sur le marché du travail : le système actuel s’essouffle. A un an des législatives, ce dossier pourrait bien devenir le fardeau ou le tremplin du gouvernement Akhannouch. Par D. William

tic est sans appel : le Maroc vieillit. Près de 5 millions de Marocains ont 60 ans ou plus contre 3,2 mil- lions en 2014. Une augmentation annuelle de 4,6%, bien au-delà du taux de croissance démogra- phique global, limité à 0,85%. On comprend dès lors le déséquilibre qui se creuse entre actifs et retrai- tés. En 1986, 12 actifs soutenaient un retraité; aujourd’hui, ils ne sont plus que 1,7. Le professeur Hassan Edman, économiste à la Faculté des sciences juridiques, écono- miques et sociales d’Agadir, nous résumait récemment l’équation ainsi : « face à l’augmentation du nombre de retraités et à la dimi- nution de la population active, la capacité à financer les pensions devient un défi de plus en plus complexe, représentant une pré- occupation majeure et urgente». Il enfonce le clou en expliquant que «le faible taux de couverture de la population active, conju- gué au chômage élevé, fragilise encore davantage les régimes de retraite» . Autrement dit, on a une pyramide des âges qui se retourne, un mar- ché du travail en tension et une couverture sociale qui n’inclut toujours pas une part significative de travailleurs, notamment dans le secteur informel ou l’agricul- ture. Pourtant, des premières mesures ont déjà été prises en 2016. L’âge légal de départ à la retraite est passé progressivement de 60 à 63 ans dans le public et les taux

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l y a dans le débat public des serpents de mer qui remontent à la surface à intervalles régu- liers. La réforme des retraites en fait partie. On en parle depuis des années, on la décale, on la discute, mais on ne la fait jamais vraiment. Parce que c’est une réforme aux enjeux socioécono- miques très importants, mais qui est surtout très impopulaire. Pourtant, elle est urgente, au regard notamment de la situation actuelle. La Caisse marocaine des retraites (CMR), en particulier, fonce droit vers le mur. Un mur de 9,8 milliards de dirhams de défi- cit technique, avec des réserves qui devaient être épuisées d’ici… 2028. Mais grâce à l’augmenta- tion de la masse salariale des fonctionnaires dans le cadre du dialogue social, le gouvernement peut se targuer d’avoir repoussé cette échéance à 2031. Un répit

seulement. La réforme est donc non seule- ment urgente, mais surtout inévi- table. D’ailleurs, même le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, l’a reconnu devant les parlemen- taires : « il est temps d'amorcer un débat sérieux et responsable sur la réforme des systèmes de retraite au Maroc». On ne peut plus clair. C’est dans ce contexte que la Commission nationale chargée d’examiner cette réforme tant attendue s’apprête à tenir sa première réunion. En face, les partenaires sociaux, syndicats en tête, aiguisent leurs armes et soupèsent chaque déclaration. Ils veulent du concret et une pro- position solide. Et surtout, ils ne veulent pas que cette réforme soit l’occasion de détricoter ce qu’ils ont mis des années à négocier. «Nous sommes contre toute

réforme qui se fait aux dépens des salariés et qui touche les acquis. La population des retrai- tés est la plus impactée par la baisse du pouvoir d’achat et la mauvaise conjoncture. Une mou- ture imposée risque de générer une grogne sociale», nous confiait récemment Mostafa Hasni, de la Confédération démocratique du travail (CDT). Non sans ajouter qu’ «il faut améliorer la gouver- nance des caisses et lancer une gestion intelligente, moderne et efficace afin d’éviter les erreurs du passé». Et les erreurs du passé, on les connaît. Elles s’appellent immo- bilisme, manque de transparence et réformes techniques sans réformes structurelles, auxquelles s’ajoutent des déséquilibres démographiques croissants. D’ailleurs, d’après le dernier recensement de 2024, le diagnos-

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