FNH 1200

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 19 juin 2025 - 8 DH - N° 1200

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Netanyahu - Trump - Khamenei Trois hommes et une guerre P.22/23

● Six mois après l’acquisition de Société Générale Maroc, Saham Bank dévoile une transformation menée tambour battant.

P. 8/9

Cap maintenu malgré l'avis de tempête en cours Marché boursier

Hébergements touristiques Vers un classement étoilé pour tous

Salon Auto Occasion La riposte du formel face au marché parallèle

P.12

P.16/17

P. 13

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 19 JUIN 2025

3 4 ACTUALITÉ

20 L'UNIVERS DES TPME

Editorial

ReFood : «Quand technologie rime avec anti-gas- pillage et impact durable»

Voyons voir : Pendant ce temps-là, à Gaza Ça se passe au Maroc

22 POLITIQUE

Point Bourse Hebdo : Inertie, frayeur et réaction- Mines cotées : Un secteur sous tension, mais qui crève le plafond en Bourse Saham Bank : Du poids de l’héritage à la promesse du neuf Bourse de Casablanca : 2025 s’annonce florissante Marché boursier : BMCE Capital conforte l’optimisme autour du MASI Marché boursier : Cap maintenu malgré l'avis de tempête en cours 5 6 8 10 11 12 BOURSE & FINANCES

Netanyahu - Trump - Khamenei : Trois hommes et une guerre

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

Réforme des retraites

n nous l’avait promise depuis belle lurette. Mais la réforme des retraites, c’est un peu comme la pluie qu’attendent les Marocains en temps de sécheresse : tout le monde en parle, tout le monde l’espère, mais personne ne sait vraiment quand elle tombera. En attendant, les régimes de retraite sont sous haute tension. Lundi dernier, devant les parlementaires, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, a donné quelques informations sur cette réforme tant attendue, que l’on peut ainsi résumer en quelques expressions clés : réunion à venir de la Commission nationale, appel à un dialogue responsable, pas de solution toute prête et besoin de discussions approfondies. «Lors de la dernière session du dialogue social, nous avons convenu avec les centrales syndicales de former la Commission nationale chargée de la réforme des retraites» , a-t-elle ainsi rappelé, précisant que, «dans les prochains jours, sera annoncée la tenue de la première réunion de cette commission». L’échéance, quant à elle, n’a pas été fixée. O L’arlésienne du gouvernement Akhannouch Certes, on ne peut reprocher au gouvernement de ne pas vouloir bien faire. Il ne veut surtout pas imposer une solution précipitée et cherche à mettre en place une vision consensuelle de la réforme. Il faut dire que ce sujet est tout sauf sexy. Il est, au contraire, très explosif et très impopulaire. C’est pourquoi tous les gouvernements précédents ont préféré gentiment le ranger dans les tiroirs de l’Administration pour s’éviter les foudres des centrales syndicales. On a bien vu ce qu’une telle réforme suscite en débats et en tensions chez notre partenaire privilégié, la France. Mais accordons quand même au gouvernement Akhannouch une chose : quand bien même rien de solide n’a encore eu lieu, il a eu le courage de poser le débat et d’engager la réforme. Il peut ainsi se targuer d’avoir pu retarder l’épuisement des réserves des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites (CMR) de 3 années, le portant de 2028 à 2031. Ce sursis a été obtenu grâce à l’augmentation de la masse salariale des fonctionnaires, dans le cadre du dialogue social. Ce n’est pourtant pas suffisant. On a juste jeté un seau d’eau sur un feu de forêt, en attendant la pluie. Il faut donc passer à une étape autrement plus importante : la réforme systémique du secteur. Celle-ci prévoit l’instauration d’un dispositif dual articulé autour de deux pôles, l’un public, l’autre privé, dont les orientations stratégiques majeures ont été arrêtées dans le cadre de l’accord issu du dialogue social. Cette réforme devrait permettre la mise en place d’une tarification adaptée aux spécificités des régimes concernés, à même de résorber une part substantielle des engagements passés demeurés sans couverture. Et il y a urgence. Car le statu quo coûte cher. Non seulement financièrement, mais aussi socialement, avec des actifs qui cotisent pour un système dont ils ne savent pas s’il leur rendra la pareille un jour. Mais peut-être est-ce là le paradoxe de cette réforme : tout le monde est d’accord pour dire qu’elle est urgente, mais rien ne bouge vraiment. Les experts alertent, le gouvernement temporise et les syndicats sont en mode défensif. En attendant, ce système de solidarité intergénérationnelle est sérieusement chahuté. u

UNOC3 : Le Maroc, catalyseur d’une économie bleue durable 24 DEVELOPPEMENT DURABLE

Salon Auto Occasion : La riposte du formel face au marché parallèle Gouvernance territoriale : 64 milliards de DH pour réinventer Casablanca-Settat Hébergements touristiques : Vers un classement étoilé pour tous Cheptel national : Un plan à 6 milliards DH pour relancer l’élevage 13 14 16 18 ECONOMIE

HIGH-TECH

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AIgent 007 : «Le guide d’une IA souveraine, adapté aux entreprises marocaines» Cybersécurité : Le défi d’une protection encore trop fragile

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19 ENTREPRISE

Sonasid-FRMF : L’industrie parie sur le sport-roi

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR Pendant ce temps-là, à Gaza

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 19 JUIN 2025

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Rendons-nous à l’évidence : la géopo- litique a repris ses droits, même si, dans quelques contrées, certaines intelligences rebelles se font entendre pour qu’on n’ou- blie pas ce qui se passe à Gaza, cette minuscule bande de terre transformée en cimetière à ciel ouvert. Le week-end dernier, des dizaines de mil- liers de personnes vêtues de rouge ont en effet manifesté dans les rues de La Haye, Bruxelles et Paris pour alerter sur le laxisme et l’indifférence coupables. En Libye, les militants pro-palestiniens ont trouvé sur leur route des militaires, avec à la clé quelques arrestations, alors qu’en Egypte, la «Global March to Gaza», qui a réuni des participants de 80 pays selon les organisateurs, a tourné court, plusieurs militants ayant été arrêtés ou molestés. Les autorités locales ne veulent pas de vagues

humanistes. Voilà donc. L’indignation se heurte à des barrages policiers. Les drapeaux blancs à des réponses musclées. Histoire, par- fois, de ne pas trop froisser Tel-Aviv ou Washington. Pendant ce temps-là, à Jérusalem, Netanyahu s’offre des parenthèses diplo- matiques. Il promet à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de faciliter davantage l’achemine- ment de l’aide dans la bande de Gaza et évoque un cessez-le-feu de 60 jours à Fox News pour une éventuelle libération des otages. Des propos très cosmétiques. Car, entre les lignes, tout reste verrouillé. L’aide n’entre pas à Gaza. La famine bat son plein. Le système sanitaire est exsangue. Les otages sont toujours otages. Et, sur fond de géno- cide, les bombardements meurtriers se poursuivent encore dans ce territoire pales- tinien, le Hamas servant de prétexte à une offensive sans fin et à des exac- tions sans limite. On aurait pu toutefois croire que le terme «génocide» figerait les consciences. Il n’en est rien. Concernant Gaza, ce mot est devenu tristement banal. Malheureusement. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

V ingt mois de guerre, près de 55.000 morts, des distributions de denrées alimentaires qui tournent au bain de sang, des convois citoyens bloqués, des manifestants arrêtés, des otages oubliés… : et pourtant, à quelques centaines de kilomètres de là, c’est l’affrontement Iran- Israël qui fait les gros titres et mobilise les experts. C’est clair : la guerre à Gaza n’est plus une actualité brûlante pour les chaînes d’info. Qui préfèrent braquer les projecteurs sur les frappes de Tsahal sur Ispahan ou les missiles iraniens tombés à Haïfa. Ainsi donc, un conflit chasse l’autre, comme si l’un justifiait l’oubli de l’autre. Par D. William

Il faut bien le dire : en matière de diversion, l’escalade sanglante entre Israël et l’Iran tombe à pic. Depuis l’attaque israélienne contre le territoire iranien, la planète entière retient son souffle. La menace nucléaire, les alliances mili- taires, les grandes manœuvres…, tout cela fait vibrer les rédactions et grésiller les plateaux de télévision. A croire que la perspective d’un conflit régional généralisé est plus excitante que la gestion d’un génocide en cours.

Les bombardements meurtriers se poursuivent encore à Gaza, le Hamas servant de prétexte à une offensive sans fin et à des exactions sans limite.

ÇA SE PASSE AU MAROC

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 19 JUIN 2025

Souveraineté industrielle

Le Maroc valide près de 1.840 projets pour 125 milliards de DH

A u 10 juin 2025, 1.839 projets industriels totalisant 124,9 Mds de DH d’investis- sement ont été retenus pour renforcer la souveraineté industrielle nationale, selon Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce. Dans une réponse à une ques- tion orale, lue en son nom par le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira, Mezzour a indiqué que ces projets, qui devraient générer 179.825 emplois, visent à renforcer la production locale de biens et de

Tourisme

produits pouvant être fabriqués au Maroc, en substitution aux importations. En outre, il a souligné que sous la conduite éclairée du Roi Mohammed VI, le secteur industriel a acquis une valeur ajoutée majeure, notamment grâce aux différents plans industriels mis en œuvre au cours des deux dernières décennies. Cette dynamique s'est consolidée après la pan- démie du Covid-19, à travers l'adoption d'une nouvelle stratégie visant à positionner le Maroc comme une plateforme industrielle décarbonée, le renforcement de sa souveraineté industrielle, l’amélioration de sa compétitivité et la réduction du déficit de sa balance com- merciale, a-t-il conclu. ■

7,2 millions d'arrivées à fin mai N ouveau record pour le secteur touristique marocain qui enregistre 7,2 millions d'arri- vées à fin mai 2025, soit une progression de 22% par rapport à la même période de 2024. Cette performance représente 1,3 million de touristes sup- plémentaires et une croissance significative de 68% comparée à 2019. Ces résultats confirment la tendance de croissance amorcée en 2024 et le positionnent durablement le Maroc sur l'échiquier touristique mondial. «Ces résul- tats exceptionnels valident la stratégie touristique adoptée sous le Leadership éclairé de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste. Notre gou- vernement a investi judicieusement dans ce secteur, avec des résultats tangibles aujourd'hui», commente Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Arti- sanat et de l’Economie sociale et solidaire. Cette croissance reflète l'attractivité renforcée de la destination «Maroc», résultat de la mise en œuvre de la feuille de route 2023-2026 axée sur le renforcement de la connectivité aérienne, l'intensification de la pro- motion et la stimulation de l'investissement pour une offre touristique plus diversifiée. Ces performances encourageantes confirment la trajectoire du Maroc vers l'objectif de 26 millions de touristes à l'horizon 2030. ■

Recettes fiscales

Plus de 220 Mds de DH en 2024

L es recettes fiscales nettes ont atteint plus de 220,52 milliards de DH en 2024, en hausse de 16% par rapport à 2023, dépassant de 11% les prévisions de la Loi de Finances (LF), selon la DGI. L’impôt sur les sociétés (IS) représente 33,7% des recettes, suivi de l’impôt sur le revenu (29,1%), de la TVA (19,5%) et des droits d’enregistrement et de timbre (DET) (11,7%). Les contributions sociales sur les bénéfices comptent pour 3,4%, les majorations et autres impôts pour 2,3% et les autres contributions pour 0,3%. En progression annuelle, l’IS a aug- menté de 12,9%, l’IR de 18,9%, la TVA de 23,8% et les DET de 7,2%. En brut, les recettes fis-

cales globales ont atteint 242,48 Mds de DH (+16,1%), dépas- sant les objectifs initiaux de la LF-2024 (+14,9%). Par ailleurs, les remboursements, dégrève- ments et restitutions liquidés se sont élevés à près de 22 Mds de DH, soit 19,6% de plus qu’en 2023, avec un taux de réalisation de 168,1% par rapport à l’objec- tif de la LF. ■

Stress hydrique : 28 stations de dessalement pour la région Casablanca-Settat

L a région Casablanca-Settat se dote de 28 stations monoblocs de dessalement (SMB) pour faire face au stress hydrique, dont 17 sont déjà opérationnelles. Fonctionnant par osmose inverse, elles assurent une eau potable de qualité avec un débit allant de 3 à plus de 30 l/s. Le coût global du projet atteint 400 MDH, financé par l’État (272 MDH) et la région (128 MDH), selon Abdellatif Maâzouz, président du

Conseil régional. Lors d’une visite à Berrechid et Settat, il a souligné l’impact positif de ces sta- tions sur l’approvisionnement en eau, appelant à une gestion rigoureuse de la ressource et à éviter le gaspillage. Ce programme s’inscrit dans une approche intégrée incluant d’autres projets, dont l’autoroute de l’eau et la future station de des- salement de Casablanca, qui couvrira 80% des besoins de la région. ■

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BOURSE & FINANCES

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Point Bourse Hebdo Inertie, frayeur et réaction

Evolution de l'indice Masi depuis début Juin 2024

A Semaine de transition pour la Bourse de Casablanca. Après une progression marquée la semaine précédente, le marché a ralenti, avant de faire face à un choc géopolitique en fin de semaine. près la poussée franche de la semaine précédente (+3,26%), le marché a marqué le pas. Le Masi a évolué dans un calme relatif pendant trois jours, sans signal fort ni réelle prise de risque. Pas de creux majeur, pas d’élan non plus. Les volumes, bien que corrects pour une semaine amputée de son lundi férié, n’ont pas suffi à faire bouger les lignes. Comme si les opérateurs attendaient un prétexte (bon ou mauvais) pour bouger. tie de séance. Principalement les OPCVM, visiblement déci- dés à lisser le risque plutôt qu’à le fuir. La baisse a été réduite à 0,6% en clôture. 622 millions de dirhams traités dans la journée. Une séance où tout s’est joué en quelques heures. Par Y . Seddik

TOP Performances

FLOP Performances

Il faut dire que ce genre de séance à haute volatilité offre aux mains les plus aguerries des fenêtres de tir intéressantes. L’excès de nervosité crée des opportunités ponctuelles : cer- tains allègent à bon compte, d’autres ont renforcé à bon sens. Le tout dans une logique de gestion active plutôt que spécu- lative. Et dans une séquence où le Masi reste proche de ses plus hauts, ce type de respiration peut même servir. Sur la semaine, l’indice a donc reculé de 0,78% à 18.417,52 points. Les volumes hebdoma- daires dépassent les 1,5 milliard de dirhams. TGCC, Attijariwafa bank et Label’Vie concentrent près d’un tiers des échanges. La capitalisation s’établit à

Rebab Company Stokvis Nord Afrique Afric Industries

-11,62%

+46,25% +3,99%

Stroc Industrie SNEP Minière Touissit

-9,91%

-9,33%

+3,72%

965,2 milliards. Côté secteurs, les biens d’équipement indus- triels s’envolent (+32,56%). La chimie suit (+3,34%), les mines aussi (+2,11%). En face, les boissons décrochent (-6,08%), la pharma recule (-5,55%), les holdings aussi (-4,03%). Une rotation classique dans un marché sans direction claire. Par ailleurs, rien du côté macro- économique ne vient altérer le cadre. L’environnement reste porteur : finances publiques solides, consommation stable,

investissement public en sou- tien. Le marché obligataire continue de refléter cette détente, avec des taux conte- nus et une anticipation crois- sante d’un assouplissement monétaire d’ici la fin d’année. Mais ce qui compte à court terme, c’est ailleurs. Plusieurs opérations de capital sont sur les radars. Elles peuvent peser sur les flux, ou modifier ponc- tuellement la liquidité. Rien de structurel, mais assez pour inci- ter à rester tactique dans les positions. ◆

Ils l’ont eu vendredi. Un raid israélien ciblant des sites nucléaires en Iran a relancé, en quelques heures, tout ce que les marchés n’aiment pas : incertitude géopolitique, hausse de la volatilité et de la nervosité, et une bonne dose de stress dès l’ouverture. La Bourse de Casablanca n’a pas été épar- gnée : -2,6% en intraday, dans une ambiance tendue, tech- nique et confuse. Mais c’est sans compter sur la mobilisation des acheteurs en deuxième par-

BOURSE & FINANCES

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Mines cotées Un secteur sous tension, mais qui crève le plafond en Bourse En 2025, les trois minières cotées à la Bourse de Casablanca ont non seulement renforcé leurs fondamentaux, mais attiré l’attention des investisseurs avec une performance boursière agrégée qui avoisine les 70% (2 ème meilleure performance sectorielle). La palme revient à Managem, dont le titre s’est envolé de plus de 122% sur un an glissant, signe d’un repositionnement stratégique bien perçu par le marché. Par Y. Seddik

en cours (2,3 milliards de dirhams et 800 MDH), qui entretiennent une incertitude juridique sur la valorisation à moyen terme. SMI : profil défensif, crois- sance modérée, rendement solide Filiale de Managem, SMI continue de jouer la carte de la régula- rité. Son chiffre d’affaires devrait croître de 5% en 2025 à 1,1 mil- liard de dirhams, porté par la hausse de la contribution de la carrière à Imiter et les travaux sur l’exploitation souterraine. Le profil est plus défensif : PER raisonnable (20,3x en 2025), faible volatilité, et surtout un dividende élevé (D/Y supérieur à 4%). SMI reste ainsi attractive pour les por- tefeuilles en quête de stabilité dans un contexte de marché incertain, et s’aligne sur la tendance haus- sière des métaux industriels et de l’argent, dopé par la demande photovoltaïque et électronique. Selon le rapport de BKGR, le sec- teur minier coté au Maroc devrait générer en 2025 une croissance de 32,9% de ses revenus cumulés et une hausse de 75,7% du résul- tat net consolidé, portée principa- lement par Managem. La configu- ration actuelle reste donc à deux vitesses : d’un côté, Managem, en transformation rapide, capi- talise sur un pipeline de projets africains, une exposition au gaz et à la transition énergétique, et une capacité à générer de la crois- sance organique. De l’autre, CMT et SMI, plus traditionnelles, misent sur la remontée des cours des métaux et sur une meilleure ges- tion opérationnelle, tout en restant exposées aux risques réglemen- taires et sociaux. Quoi qu’il en soit, le secteur minier, malgré des incertitudes persistantes (instabilités poli- tiques, litiges, valorisations éle- vées), offre aujourd’hui l’un des meilleurs couples croissance/ perspectives de la Bourse de Casablanca. Reste à voir si les projections optimistes sur 2026 se matérialiseront, en particulier pour Managem, dont le pari sur l’Afrique et l’énergie semble plus risqué... mais aussi plus porteur que jamais. ◆

 Entre perspec- tives de croissance, risques juridiques et diversification stratégique, le sec- teur minier attire de nouveau l’attention des investisseurs.

A

lors que les tensions militaires entre Israël et l’Iran ravivent les inquiétudes mondiales, les métaux précieux s’envolent sur les marchés internationaux. Un environnement qui, en général, crée des conditions favorables pour les minières cotées comme Managem. Avec un chiffre d’affaires projeté à 12,2 milliards de dirhams en 2025 (+38% sur un an), Managem continue d’exploiter l’élan des cours des métaux précieux, notamment l’or, qui franchit des sommets historiques. Mais le moteur principal est ailleurs :

l’entrée en production imminente des projets Boto (Sénégal) et Tizert (Maroc) prévue dès le S2 2025. Ces deux sites doivent permettre à Managem de doubler quasi- ment son EBITDA d’une année à l’autre, passant de 140 MDH en 2024 à 2,4 milliards de dirhams en 2025 selon les prévisions de BMCE Capital Global Research. Le RNPG bondirait dans le même temps de 620 MDH à 1,03 milliard de dirhams, avant d’atteindre 1,84 milliard de dirhams en 2026. À court terme, la valorisation actuelle (PER 2025e de 60,8x) reste tendue, mais le marché semble surtout miser sur la récur- rence de ces nouvelles capacités productives à partir de 2026 et sur la diversification énergétique via Manergy (gaz naturel, cobalt, sulfate).

CMT : reprise progressive, mais prudence réglementaire À l’opposé de cette dynamique de rupture, CMT affiche un redres- sement plus graduel, mais non moins stratégique. Après une année 2024 plombée par des provisions exceptionnelles et des litiges avec les administra- tions publiques, la compagnie devrait renouer avec la rentabilité en 2025, avec un RNPG de 169 MDH. La mise en production du nouveau puits d’Ighrem Aousser, estimé à plus de 6 millions de tonnes de ressources, constitue un tournant opérationnel. Le marché reste toutefois en attente. L’objectif de cours fixé par BKGR (2.108 DH) représente un potentiel de 15,8% sur le cours actuel, mais la recommandation reste à «Conserver», notamment à cause des saisies conservatoires

Après une année 2024 plombée par des provisions exceptionnelles et des litiges avec les administrations publiques, CMT devrait renouer avec la rentabilité en 2025.

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C ommunication F inancière

EXERCICE DU 1ER JANVIER AU 31 DECEMBRE 2024 MAROC SERVICES INTERMEDIATION «M.S.IN, SOCIÉTÉ DE BOURSE»

BILAN ACTIF

BILAN PASSIF

RAPPORT GENERAL DU COMMISSAIRE AUX COMPTES EXERCICE DU 1 er JANVIER 2023 AU 31 DECEMBRE 2024

COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES (HORS TAXE)

COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES (HORS TAXE) (SUITE)

BOURSE & FINANCES

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Saham Bank Du poids de l’héritage à la promesse du neuf Six mois après l’acquisition de Société Générale Maroc, Saham Bank dévoile une transformation menée tambour battant. Refonte technologique, redéploiement des parcours clients, offre corporate remodelée, gouvernance resserrée : le groupe imprime son rythme et sa méthode, sans renier l’héritage bancaire. Par Y. Seddik

tion cherche à faire évoluer la culture opérationnelle vers plus de clarté, de réactivité et d’agilité. Asmae Hajjami, Directrice générale et membre du Directoire en charge des Technologies, des Ressources et de la supervision des filiales du groupe, indique qu’ «on ne veut pas faire du digital pour cocher une case. On veut redéfinir l’expé- rience bancaire marocaine, avec nos propres codes, nos propres architectures». Concrètement, cela signifie une refonte de l’application mobile (développée en 90 jours), une migration vers une architecture technologique en microservices, reprise en main partielle du déve- loppement en interne, une adoption du modèle «security by design», et surtout une volonté d’alignement sur les standards internationaux en matière de fluidité, de sécurité et de personnalisation. Côté expérience client, Mehdi Benbachir, Directeur général et membre du Directoire en charge de l’Exploitation, insiste sur la pluralité des usages: «tous nos clients n’ont pas les mêmes attentes. Certains veulent du conseil humain, d’autres ne veulent plus mettre les pieds en agence. Notre rôle est de leur donner le choix, sans compromis sur la qualité» . La banque déploie un réseau phy- sique réorganisé, un centre de rela- tion client disponible 365 jours par an, des parcours refondus (notam- ment crédit et entrée en relation) et de nouvelles offres simplifiées, conçues après consultation directe avec les clients. Développement du segment corporate et rigueur financière Sur la banque d’entreprise, François Marchal, Directeur général et membre du Directoire en charge du Corporate et de la Banque d’in- vestissement, parle d’une rupture nette avec l’ancien modèle. «Avant, il fallait parfois plusieurs semaines pour ouvrir un compte entreprise. Aujourd’hui, c’est 30 minutes, avec un accès immédiat aux services digitaux», explique-t-il. Même logique pour le crédit, avec le maintien de l’analyse de risque approfondie couplée à une refonte du processus décisionnel. La

 La transformation de Saham Bank reste toujours en chantier dans les mois à venir.

C

e n’est pas tous les jours qu’un mastodonte bancaire change de nom et de cap stratégique. Encore moins dans un secteur réputé pour sa prudence. Et pourtant, six mois après le rachat de Société Générale Maroc par le Groupe Saham, la bascule est actée : SGMB devient Saham Bank, dans une opération qui dépasse largement la cosmé- tique. Le 18 juin, à Casablanca, les diri- geants ont officiellement présenté la nouvelle entité. Mais ce qui s’est joué dans les coulisses depuis décembre 2024 est bien plus com- plexe qu’une simple opération de rebranding, à en croire le top management. Il s’agit d’un repo- sitionnement stratégique, culturel, opérationnel et technologique. En clair : une refonte profonde du modèle. La première chose à comprendre, c’est que Saham n’achète pas une coquille vide. Société Générale Maroc, c’est plus d’un siècle d’existence, un réseau de plus de 400 agences, un système d’infor- mation structuré autour des stan-

dards du groupe Société Générale, et une culture de la conformité profondément enracinée. Ce que le Groupe Saham a acquis, c’est une infrastructure lourde, avec des équipes expérimentées, des clients exigeants et une régulation bancaire nationale et internationale toujours plus contraignante. Ahmed El Yacoubi, président du Directoire de Saham Bank, a expli- qué lors de la conférence de presse que «dès le premier Conseil de surveillance, il nous a été demandé deux choses : préserver les fonda- mentaux qui ont fait la solidité de cette banque, et initier des ruptures fortes dans notre manière de servir nos clients». La transition se fait donc sur deux jambes : préserver la rigueur ban- caire héritée de SGMB, tout en y injectant l’agilité et la capacité d’exécution du Groupe Saham. Sur le papier, cela ressemble à un exercice d’équilibriste. Dans les faits, cela mobilise des centaines de collaborateurs, des consultants, des ingénieurs IT et des experts métiers, pour tenter de réaligner

l’ensemble des couches du modèle bancaire. Côté gouvernance, le message est le suivant : stabilité d’un côté, pilotage stratégique renforcé de l’autre. Le Conseil de surveillance est présidé par Moulay Hafid Elalamy, fondateur du Groupe Saham, épaulé par son fils, Moulay M’hamed Elalamy, vice-président. L'actionnaire est donc pleinement impliqué dans la trajectoire de la banque. Le Directoire, quant à lui, reste inchangé. Ce maintien de l’équipe dirigeante vise à garantir une conti- nuité dans l’exécution opération- nelle. Mais chacun est désormais attendu sur des livrables précis. À commencer par les trois chantiers structurels évoqués dès le premier Conseil post-acquisition : la sim- plification, l’accélération digitale et l’excellence relationnelle.

Une banque en refonte, au quotidien

Les discours sont alignés : sans renier l’héritage de robustesse qu’elle assume, la nouvelle direc-

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BOURSE & FINANCES

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banque conserve son exigence, mais veut coller au tempo économique réel. Marchal insiste aussi sur les priorités clients : l’internationalisation, les finan- cements structurés, les solutions de marché et les IPO. Sur tous ces seg- ments, Saham Bank souhaite devenir un acteu r «à part entière», en développant ses propres expertises locales, tout en s’appuyant ponctuellement sur des par- tenariats internationaux. Face à cette effervescence, une ques- tion s’impose : comment maintenir les équilibres financiers dans un contexte de transformation aussi rapide ? Jérôme Brun, Directeur général adjoint et membre du Directoire en charge de la Supervision et du Pilotage des risques et de la finance, balaye toute ambiguïté: «On peut aller plus vite sans affaiblir nos standards. Nos ratios de solvabi- lité sont parmi les meilleurs du mar- ché. Notre politique de provisionnement reste conservatrice. Et notre gestion du risque n’a jamais été négociée». Le cadre réglementaire reste strictement respecté. Et les exigences de confor- mité, de cybersécurité, de capitalisation ne sont pas assouplies, au contraire. Dans la continuité de la trans- formation engagée autour de Saham Bank, la société de ges- tion d’actifs Sogécapital Gestion change de nom et devient Saham Capital Gestion. Ce rebranding traduit l’intégration complète de l’entité dans l’éco- système Saham, avec l’ambition affichée d’asseoir la présence du groupe dans l’univers de la ges- tion d’actifs. La société promet une offre enrichie, des outils modernisés et une relation client plus réac- tive, tout en maintenant inchan- gés les dispositifs existants : OPCVM, accès client, sécurité et interlocuteurs restent stricte- ment conservés. «Ce changement d’identité reflète notre volonté d’être un accélérateur d’ambitions pour nos client», affirme la société. Sogécapital Gestion devient Saham Capital Gestion

chantier, ni d’assurance sur sa méthode. Mais le projet avance sous la contrainte de préserver la stabilité réglementaire, tout en imposant des ruptures dans les usages, les outils et les modes de tra- vail. L’enjeu n’est pas de se transformer, mais plutôt de tenir cette transformation dans la durée, sans perte de contrôle, ni perte de repères. Quoiqu’il en soit, dans un secteur domi- né par une certaine rigidité, Saham Bank revendique une ambition de mouve- ment. Mais elle devra démontrer que la vitesse peut coexister avec la maîtrise. C’est là que tout se jouera. ◆

Portée par une logique de livrables, Saham Bank cherche à imposer un nouveau rythme, sans relâcher ses exigences de solidité et de conformité.

La solidité de la banque est présentée comme un socle non négociable. En toile de fond, la transformation de Saham Bank reste toujours en chantier dans les mois à venir. Les dirigeants ne le cachent pas. Il reste à aligner les sys- tèmes, stabiliser les outils, déployer les nouvelles offres, adapter l’organisation,

intégrer les filiales et calibrer l’intelli- gence artificielle. Bref, tout n’est pas fait. Mais les fondations sont posées. «Quand M. Elalamy dit qu’il faut aller vite, c’est pour hier», glisse Ahmed El Yacoubi, lucide sur la pression exercée. Ainsi, la direction de Saham Bank ne manque ni de lucidité sur l’ampleur du

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L ’

Bourse de Casablanca 2025 s’annonce florissante

exercice 2025 devrait mar- quer un tournant pour les sociétés cotées, avec un résultat net part du groupe (RNPG) agrégé attendu à 40,5 milliards de dirhams, en hausse de 29,4% sur un an, selon BKGR. Cette envolée repose sur plu-

BMCE Capital Global Research (BKGR) livre des prévisions optimistes pour les sociétés de son «Scope 40».

sieurs catalyseurs, notamment Maroc Telecom (IAM), avec la non-récurrence des charges exceptionnelles liées au litige avec inwi et la restitution attendue de 1,34 Md de DH (net) en 2025, expliquant plus de la moitié (53%) de l’amélioration globale. La bonne dynamique du produit net ban- caire et la poursuite de la baisse du coût du risque, avec une gestion rigoureuse des charges, apportent 16,8% de la crois- sance attendue de la masse bénéficiaire grâce aux banques. Enfin, le rebond de la construction et le regain de la demande en ciment contribueront pour environ 8% en provenance du BTP. À l’inverse, le secteur gazier (TotalEnergies Marketing Maroc) devrait jouer les trouble-fêtes, pénalisé par le recul projeté des marges sur hydrocarbures. Une générosité retrouvée La flambée des bénéfices devrait méca- niquement se traduire par une hausse de +25,7% de la masse des dividendes, à 25,1 Mds de DH. Maroc Telecom, premier pourvoyeur de trésorerie pour les action- naires, tirerait ce renforcement grâce au retour de son dividende par action vers des niveaux normatifs. Malgré l’aug- mentation sensible de la capitalisation boursière, le rendement (dividend yield) moyen du Scope 40 remonterait à 3,0% (contre 2,9% en 2024). Le chiffre d’affaires consolidé est attendu à 298,8 Mds de DH en 2025 (+8,6%), alors que le résultat d’exploitation grimperait de +16,3% à 84,2 Mds de DH. Dans ce contexte, BKGR anticipe une détente du PER à 20,8 x (vs 23,6 x estimé en 2024), confirmant que la revalorisation des cours reste adossée à des fondamentaux solides. Le bureau de recherche prévoit même un PER de 19,4 x en 2026, signe d’un potentiel de progres- sion boursière «non encore épuisé». D’ailleurs, pour 2026, BKGR table sur une croissance plus mesurée avec un RNPG global à 43,3 Mds de DH (+6,9%) et des dividendes à 25,9 Mds de DH (+3,5%). Les moteurs resteront les mêmes : soli- dité du secteur bancaire, regain des acti- vités industrielles et normalisation des télécoms. ◆

Par A. Hlimi

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Pour la quatrième année consécutive, BMCE Capital a réuni, à Casablanca, une quarantaine d’investisseurs locaux et internationaux autour de 31 émetteurs (24 Marocains et 7 étrangers) pour son Annual Investor Conference afin d'offrir un dialogue direct sur les perspectives de marché, les plans d’affaires et la valorisation des sociétés cotées. Entre dynamique macroéconomique robuste, capacités bénéficiaires attendues à un niveau record de 40 milliards de dirhams et appétit retrouvé des capitaux étrangers, les équipes de BMCE Capital détaillent, dans cet entretien, les raisons de leur confiance dans la poursuite du cycle haussier du MASI. Marché boursier BMCE Capital conforte l’optimisme autour du MASI

tendance à moyen terme.

F. N. H. : Quels secteurs privilégier dans ce contexte ? Khadija El Moussily, responsable Equity – BKGR : Trois pôles se dis- tinguent : • Banques, qui profitent d’un cycle d’in- vestissement robuste et d’un environne- ment de taux favorable. • BTP/Immobilier, dopés par les grands chantiers liés à la CAN 2025 et à la Coupe du monde 2030. • Secteurs tournés export, où la montée en puissance industrielle marocaine offre des relais de croissance. La progression de près de 26% du MASI depuis janvier reflète déjà cette dyna- mique, mais nous pensons que le poten- tiel reste intact. F. N. H. : Comment se comporte le capital étranger face à ces niveaux de marché ? Majd Guebbas : Deux freins historiques se lèvent petit à petit. Il y a d'abord la liquidité qui s'améliore avec des volumes moyens quotidiens qui ont quasiment doublé par rapport à 2024, et la valorisa- tion qui, certes exigeante, s’explique par la croissance des résultats. Les investis- seurs internationaux intègrent désormais cette lecture dynamique des multiples. En effet, il ne faut pas regarder la valorisation du marché de manière statique, mais com- prendre que la croissance bénéficiaire est importante et durable, ce qui soutient les valorisations. Au final, la trajectoire bénéfi- ciaire et l’ampleur des projets d’infrastruc- ture marocains finissent de convaincre les plus hésitants. F. N. H. : Vos anticipations pour le MASI d’ici fin 2025 ? Majd Guebbas : Tant que la dynamique économique reste solide et la progression des bénéfices au rendez-vous, la tendance demeure haussière. Des perturbations externes peuvent créer de la volatilité, mais le moteur est d’abord domestique. ◆

Propos recueillis par A. Hlimi

 Dounia Filali

 Majd Guebbas

 Khadija El Moussily

Finances News Hebdo : Pourquoi cette conférence ? Majd Guebbas, Directeur général de BMCE Capital Bourse : Cette confé- rence vise à mettre en relation émetteurs et investisseurs (marocains comme étran- gers) afin de présenter les perspectives des entreprises cotées. Pour 2025, nous accueillons 24 sociétés marocaines, 7 émetteurs étrangers et une quarantaine d’investisseurs. L’affluence croissante confirme que l’événement est devenu un passage obligé de la scène financière marocaine. F. N. H. : L’indice MASI s’est envolé sur les cinq premiers mois de 2025. Comment jugez-vous les conditions de marché ? Dounia Filali, Directrice Equity Market – BMCE Capital Global Research (BKGR): Le marché évolue dans un contexte excep-

tionnel depuis trois ans, accéléré en 2025. Pourtant, les valorisations restent raison- nables : le P/E moyen est passé de 20 x en 2024 à 21,4 x aujourd’hui, toujours sous la moyenne historique. Cette modération s’explique par la progression parallèle de la capacité bénéficiaire des sociétés cotées, appelée à franchir le cap inédit de 40 milliards de dirhams cette année. F. N. H. : Cette capacité bénéficiaire record suffit-elle à justifier les mul- tiples actuels ? Dounia Filali : Absolument. Les résultats du premier trimestre 2025 confirment la robustesse des fondamentaux : crois- sance organique, marges préservées et visibilité sur les carnets de commandes. Ajoutons un environnement macroéco- nomique favorable (finances publiques assainies, investissement public soutenu, demande interne dynamique) qui ancre la

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Marché boursier Cap maintenu malgré l'avis de tempête en cours Les sociétés cotées devraient afficher une croissance solide des bénéfices en 2025. Focus sur des secteurs porteurs comme le BTP et l'agroalimentaire

BTP et Grande distribution à la loupe Pour Naoufal Aouragh, respon- sable Analyse & Recherche chez MSIN, l’industrie de la construction entre dans «une deuxième phase de crois- sance» avec une contribution au PIB portée à 90 Mds de DH en 2024, et une consommation ciment attendue en hausse annuelle moyenne de 5,7% sur 2025-2029. Cette dyna- mique est directement boos- tée par les différents projets en cours : CAN 2025 / Mondial 2030, aide au logement ou encore reconstruction post- séisme. Dans cet univers d'in- vestissement, Jet Contractors (avec un backlog : 9 Mds de dirhams) et TGCC (10,4 Mds) captent la majeure partie des marchés de la construction. La première, qui a fait l'objet d'une valorisation de la part de MSIN, a vu son résultat net 2024 presque doubler à 130 MDH. MSIN vise un potentiel de +18% (cours cible : 2.241 MAD). Pour Karim Bahoum, analyste Actions chez Saham Bank, le secteur de la grande dis- tribution, et particulièrement Label'Vie, est bien position- né pour capter la croissance du marché. Et pour cause, la pénétration du retail moderne reste «modeste» au Maroc, ouvrant la voie à un effet de rattrapage démographique et urbain. Dans ce contexte, un changement de mix en faveur des formats de proximité dits «express» , et des fran- chises moins gourmandes en investissement, est un véri- table levier qui va permettre à Label’Vie de faire face à une concurrence de plus en plus accrue sans perdre des marges. «Une stratégie ‘asset- light’ qui devrait soutenir la génération de cash malgré une pression concurrentielle accrue» , explique-t-il. La valeur phare du secteur res- sort avec un objectif de cours de 6.500 DH, même sous l'hy- pothèse prudente de marges en retrait. ◆

Par A. Hlimi

 Chaque année, la Bourse de Casablanca et l'APSB invitent des analystes à partager leur vision du marché.

a sixième édition du cycle de conférences organisée par la Bourse de Casablanca et l'APSB pour inviter des ana- lystes à partager leur vision du marché s'est tenue dans un contexte particulièrement volatil, en pleine crise au Moyen-Orient. La volatilité bat son plein et les actifs risqués sont plutôt sous pression. Mais ce n'est pas la première fois que cette conférence intervient dans un contexte tendu. C'était le cas en 2020 en plein Covid, et plus récemment lors de la crise inflationniste. Et comme les deux crises précédentes, les analystes ont insisté sur L Sur le plan macro, les voyants sont au vert. Le PIB devrait accélérer à 4,2% en 2025 grâce à la vigueur de la demande intérieure.

l'importance de ne pas pani- quer, qualifiant les corrections observées ici et là comme de bonnes opportunités pour entrer sur le marché et profiter du cycle économique global que connaît le Maroc. Macro : un cycle d’investis- sement bien enclenché Sur le plan macro, les voyants sont au vert. Le PIB devrait accélérer à 4,2% en 2025 grâce à la vigueur de la demande intérieure, les crédits à l'inves- tissement progressent à deux chiffres et le ciment affiche une croissance de 9,5% sur 5 mois, preuve d'une reprise durable du BTP. Les arrivées touristiques sont aussi en forte hausse et, si l'on met de côté les aléas géopolitiques et climatiques ainsi qu'un chô-

mage qui persiste, proche de niveaux historiquement éle- vés, le tableau est plutôt favo- rable. Ceci se traduit par une hausse de plus de 20% du MASI sur la première partie de l'année, et la volumétrie quo- tidienne moyenne a doublé à 493 MDH, «signe d’une profon- deur de marché accrue» , selon Khadija El Moussily, respon- sable Equity au sein de BMCE Capital Global Research. Selon elle, la détente obligataire – nourrie par une première baisse du taux directeur en mars et par un Trésor «moins pres- sant» – renforce l’arbitrage en faveur des actions, alors que le PER agrégé reste inférieur à sa moyenne décennale, porté par une croissance bénéficiaire de plus de 30% projetée cette année.

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 Au terme de 2024, le marché de l’automobile d’occasion a enregistré 775.121 mutations, soit un bond de 28,5% par rapport à 2023.

Salon Auto Occasion La riposte du formel face au marché parallèle F Le marché marocain de l’automobile d’occasion est dans une très bonne dynamique. Dans ce contexte, le Salon Auto Occasion s’inscrit dans une volonté claire de structurer un secteur encore dominé par l’informel. Par C. Jaidani

pour lutter contre ce phénomène. En effet, les chiffres dévoilés par l’agence révèlent que 4.002 per- sonnes ont été tuées sur les routes en 2024. 43% des victimes sont des utilisateurs de deux-roues et environ 23% des piétons. «Selon les données les plus récentes de l’OMS, le taux de mortalité routière au Maroc était d’environ 17 décès pour 100.000 habitants en 2019. Un classement (selon World Health Rankings) qui place le Royaume au 86 ème rang mondial en termes de décès par 100.000 habitants», a souligné Mohamed Chiboub, chef de service Communication digitale à Narsa Maroc. L’utilisation des 2 roues motorisés a considérablement augmenté au Maroc ces dernières années. Les motos, scooters et autres véhi- cules similaires sont devenus un moyen de transport privilégié dans les grandes villes, ainsi que dans les zones rurales. Leur accessibilité financière, leur facilité de dépla- cement dans les zones à forte congestion routière et leur consom- mation réduite de carburant en font des options attrayantes pour une bonne partie de la population. «La popularité croissante des deux-roues s'accompagne d'une augmentation alarmante des acci- dents impliquant cette catégorie d’usagers. Les conducteurs de ces engins, souvent exposés et vulné- rables, représentent une propor- tion croissante des victimes d’acci- dents de la route. Cette situation constitue un défi majeur», conclut Chiboub. ◆

ort des succès précédents, le Salon Auto Occasion revient pour une quatrième édition. Organisé par le magazine Autonews, l’évé- nement se tient du 13 au 22 juin à Anfa Park, à Casablanca, sur une superficie dépassant les 10.000 m². Placé sous l’égide du ministère de l’Industrie et du Commerce, ce ren- dez-vous ambitionne de participer à la structuration et à la modernisa- tion d’un secteur encore largement dominé par l’informel. Aujourd’hui incontournable pour les professionnels comme pour le grand public, Auto Occasion réu- nit une trentaine d’exposants. Sont représentés : professionnels de l’occasion agréés, opérateurs spé- cialisés dans les accessoires auto- mobiles, sociétés de financement, compagnie d’assurance et presta- taires de services techniques. Force est de constater que le mar- ché de l’automobile d’occasion

connaît une dynamique remar- quable. En effet, au cours de ces dernières années, il a réalisé une croissance soutenue. Au terme de 2024, il a enregistré 775.121 muta- tions, soit un bond de 28,5% par rapport à 2023. Il s’agit d’un record historique. Et tout laisse présager que 2025 s’inscrira également sur la même tendance haussière. «C’est un événement de référence pour le secteur. De nombreux citoyens préfèrent acheter dans un circuit organisé auprès d’opéra- teurs professionnels et qualifiés au lieu du circuit informel qui présente plusieurs risques. Pour répondre aux attentes de nos clients, nous allions innovation et expertise », souligne Sanaa Zagouri, Directrice générale d’Autocaz, filiale du groupe Auto Hall. Et d’ajouter qu’ «avec ses quatre ans d’existence, notre entreprise est devenue un acteur de référence

du VO. Nous avons contribué à transformer le concept du VO en lui apportant des standards basés sur la transparence, la confiance et aussi la qualité» . Pour Adil Bajou, Directeur général d’Otoclic, « le salon Auto Occasion permet d’avoir un contact direct entre les professionnels et les clients. C’est aussi une occasion pour mettre en valeur nos pro- duits et services. Nous proposons des offres répondant aux normes des constructeurs, et nos opéra- tions se font en toute transparence. Nous offrons aux clients l’occasion d’essayer le véhicule et mettons à leur disposition également une garantie de quelques mois. Nous prenons en charge toute la procé- dure d’achat». Le Salon a été aussi l’occasion pour Narsa Maroc de présenter l’état des lieux de la sinistralité rou- tière ainsi que les efforts déployés

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