FNH 1200

POLITIQUE

23

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 19 JUIN 2025

que « cela allait conduire natu- rellement à la levée progressive de l’embargo sur l’Iran et lui permettre de reprendre sa place dans le concert des nations, en jouant de nouveau un rôle pré- pondérant dans la région. Ce que le Premier ministre Israélien ne pouvait pas admettre». C’est pourquoi, poursuit-il, «il a alors provoqué cette guerre, qui implique directement les États- Unis et met un terme aux pour- parlers sur le nucléaire».

façant sur tous les plans pour plaire aux différents gouverne- ments d’extrême droite qu’a connus Israël depuis trente ans. Par conséquent, rien à attendre de ce côté-là…». Ce conflit, qui depuis des années ronge les coulisses du Moyen- Orient, pourrait désormais dépasser le cadre d’un affron- tement bilatéral. Et si les Etats- Unis entraient officiellement dans le conflit ? Jusqu’ici, Washington a main- tenu une position de soutien «défensif» à Israël, renforçant sa présence militaire dans la région, évacuant des person- nels diplomatiques et préparant des task forces pour «protéger ses citoyens». Mais cette pos- ture d’assistance peut basculer à tout moment. Le Pentagone a déjà repositionné le porte-avions USS Nimitz. De même, les bom- bardiers B-2 sont sur le qui-vive. L’administration Trump semble préparer l’opinion à une telle éventualité. Une frappe contre les installations profondes du site nucléaire iranien de Fordo, inaccessibles aux bombes israéliennes classiques, serait le casus belli parfait. Seule la bombe américaine GBU-57 pour- rait neutraliser ces sites. Mais si les Etats-Unis fran- chissaient ce pas, ce serait un tournant tragique dans cette guerre. Dont nul ne peut prévoir les conséquences. D’ailleurs, dans une déclaration télévisée mercredi 18 juin, l’Ayatollah Ali Khamenei a mis en garde les USA contre toute intervention militaire. «La nation iranienne s'oppose fermement à une guerre impo- sée, tout comme elle s'opposera fermement à une paix imposée. Les personnes intelligentes, qui connaissent l’Iran, le peuple ira- nien et son histoire, ne s’adres- seront jamais à cette nation sur un ton menaçant, car le peuple iranien ne se soumettra pas. Les Américains doivent savoir que toute intervention militaire des Etats-Unis entraînera inévita- blement des dommages irrépa- rables», a-t-il déclaré. Voilà qui est dit. ◆

Réactions internationales timides

Sur le Vieux continent, les réac- tions sont, comme souvent, pru- dentes, masquant une incapa- cité de peser réellement sur les événements. La France appelle à la retenue, non sans préciser qu’un «changement de régime» par la guerre en Iran serait syno- nyme de «chaos»... L’Allemagne exprime son inquiétude. L’Union européenne convoque des réu- nions. Le tout, sans geste fort. Sans pression réelle. Et pour cause. Comme le résume Amar Dib avec pertinence, «pour les pays occidentaux, l’Etat d’Israël représente un allié utile, installé aux avant-postes d’une guerre de civilisation qui pour- rait opposer le monde musul- man au monde judéo-chrétien. Cette conception géopolitique du Proche et du Moyen-Orient les oblige à faire de nombreuses concessions diplomatiques à l’Etat d’Israël et à couvrir ses nombreux manquements sur le plan du droit international et de la diplomatie traditionnelle notamment» , analyse-t-il. Et de conclure que «c’est pourquoi la France comme les États-Unis, qui ont longtemps été par le passé des alliés de l’Irak et de l’Iran, ont depuis renoncé à leurs intérêts économiques et diplo- matiques, dans une forme d’ali- gnement systématique, en s’ef-

 Netanyahu, Trump et Khamenei cristallisent les tensions d’un Moyen- Orient au bord de l’embrasement.

américain a d’ailleurs franchi un seuil inquiétant en déclarant sur Truth Social que «les Etats-Unis savent exactement où se cache le soi-disant guide suprême ira- nien, l’ayatollah Ali Khamenei, mais ne comptent pas l’éliminer... du moins pour le moment». Une formule volontairement ambiguë, suivie d’un appel à une «capitu- lation sans conditions». Trump a même ajouté que «tuer Khamenei mettrait fin au conflit», rejoignant ainsi la ligne dure défendue par Benjamin Netanyahu. Ces pro- pos, qui flirtent avec la doc- trine de l’assassinat ciblé d’un chef d’Etat, ont semé le trouble jusque dans les cercles diplo- matiques alliés, où l’on redoute une rupture totale des tabous internationaux. Se dirige-t-on alors vers un embrasement généralisé ? La crainte est bien réelle. «Il y a toujours un risque que la région

s’embrase et que ce conflit entre deux belligérants devienne une confrontation internationale. Mais je ne le pense pas, car l’Iran reste l’un des alliés de la Russie et de la Chine, et qu’Israël peut comp- ter sur le soutien indéfectible des États-Unis. Cela deviendrait, par pays interposés, une opposi- tion frontale entre les trois plus grandes puissances du monde, et ce scénario nous conduirait à un désastre qui embrase- rait la planète. C’est pourquoi il faut plutôt comprendre que Monsieur Netanyahou, pour se maintenir au pouvoir et ne pas être poursuivi par la justice israé- lienne, a besoin de maintenir son pays en guerre. D’autant que les pourparlers avec les émis- saires américains et les experts de l’AIEA autour du nucléaire iranien étaient en passe d’aboutir à une issue favorable» , analyse notre interlocuteur. Soulignant

A mon avis, après cet embargo qui dure depuis plus de trente ans, l’idée est de faire de l’Iran un Etat à la dérive, où se développeraient l’anarchie, la guerre civile et les tensions inter-ethniques.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker