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ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 NOVEMBRE 2025

économiques, un autre sujet gagne en importance : la cybersécurité. L’arrivée de la 5G augmente mécaniquement les surfaces d’attaque, les flux, les objets connectés et la complexité des réseaux. Ziani confirme que «le Maroc dispose d’ingénieurs compétents», mais il souligne un retard réglementaire : «les cadres légaux ne sont pas assez précis. Ils doivent être renforcés, notamment pour les systèmes d’information des- tinés au public». La sécurisation des backbones des opérateurs, qui servent d’ossature au réseau national, devient un enjeu de souveraineté digitale. L’impact sectoriel, lui, dépendra de la capacité du pays à dépasser ses contraintes. Dans l’industrie, la 5G permet l’automatisation intelligente, la robotisation, les chaînes de produc- tion connectées en temps réel. Dans l’agriculture, elle ouvre la voie à l’irri- gation automatisée, aux capteurs de suivi hydrique, aux drones de surveil- lance des cultures. Dans la santé, elle rend possible la télémédecine haute définition et le diagnostic à distance. Dans l’éducation, elle facilite l’accès aux contenus interactifs. Mais toutes ces opportunités reposent sur une réalité simple : le réseau doit exister partout où se trouvent les utilisateurs et les entreprises. Pour Ziani, le débat dépasse même la 5G. Il concerne la place d’Internet dans la société marocaine. «L’accès à Internet doit devenir un droit constitutionnel» , affirme-t-il, en rappelant que les conven- tions internationales consacrent déjà l’accès à l’eau, à l’électricité ou à l’assai- nissement. Sans connexion, un citoyen devient «comme un handicapé» , privé d’accès au savoir, aux services publics, à la santé et au marché du travail. Si cette orientation était adoptée, l’État aurait l’obligation budgétaire d’abonder massivement le Fonds du service uni- versel, garantissant l’égalité d’accès et forçant les opérateurs à repenser leur modèle. Transformer l’essai L’autre révolution, déjà en embuscade, est celle du direct-to-cell, la connexion directe des smartphones aux satellites. Une évolution que Ziani voit comme iné- luctable. «Dès que les téléphones com- patibles deviendront courants, l’accès à Internet pourra se faire sans passer par une antenne terrestre. Cela boule- versera la relation entre les opérateurs, l’État et les consommateurs», précise-

qu’un point de départ. Le Maroc a réussi son lancement, a impressionné par la vitesse d’exécution et a envoyé un signal positif à ses partenaires technologiques. Mais la première phase était la plus simple. La seconde, celle qui consiste à transformer une avancée technique en progrès économique, social et territo- rial, commence seulement maintenant. Et elle exigera non pas de nouvelles antennes, mais de nouvelles décisions politiques. ◆

«Plus de cent villes ont été couvertes dès les premières heures; les tests montrent des pointes dépassant parfois les deux gigabits par seconde».

t-il. Il met en garde : si le Maroc n’anti- cipe pas cette mutation, ce sont des opérateurs mondiaux comme Starlink qui capteront la valeur, au détriment du secteur télécoms local. La solution, dit-

il, serait d’obtenir dès maintenant une station terrestre Starlink au Maroc, afin d’intégrer l’infrastructure satellitaire au modèle national. La 5G est donc moins une ligne d’arrivée

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