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ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 NOVEMBRE 2025

à la concrétisation de la vision royale d’un Maroc moteur du développement continental ? K. K. : Les provinces du Sud constituent un exemple emblé- matique de développement ter- ritorial intégré et ambitieux. Leur montée en puissance repose sur des projets structurants dans l’énergie, la pêche, l’agro-indus- trie, le tourisme et la logistique. Ces territoires jouent un rôle stratégique en tant qu’interface économique naturelle entre le Maroc et les marchés d’Afrique de l’Ouest. Leur essor illustre la volonté nationale de bâtir des régions résilientes, modernes et pleinement connectées aux grandes dynamiques continen- tales. À cet effet, les investissements ont été importants, et plusieurs projets en témoignent : • Réseaux routiers et express ways : Le plan de dévelop- pement du Sud inclut notam- ment l’achèvement de la voie express Tiznit-Dakhla (environ 1.055 km), facilite la connexion avec l’Afrique de l’Ouest et ren- force l’intégration économique des provinces du Sud. • Projets énergétiques : plus de 1.400 MW de capacités renou- velables sont prévus dans les provinces du Sud entre 2025 et 2030. • Hydrogène vert : C’est sans doute l’un des chantiers les plus ambitieux. Le gouvernement a validé six projets industriels dans les régions du Sud (Laâyoune, Dakhla…), représentant environ 319 milliards de dirhams (près de 30 milliards d’euros), pour produire hydrogène, ammoniac vert, acier vert et carburants syn- thétiques. • Investissement privé : le groupe Taqa Morocco prévoit 100 mil- liards de dirhams pour une cen- trale renouvelable (6.000 MW) à Dakhla pour produire de l’hydro- gène vert. Ces infrastructures renforcent non seulement la capacité logistique, mais repositionnent les provinces du Sud comme hub énergétique continen- tal. Aujourd’hui, les provinces

 Le port de Tanger Med est un actif stratégique majeur, avec près de 40% de son trafic 2023 orienté vers l’Afrique subsaharienne.

du Sud ne sont plus seulement des zones périphériques, elles sont au cœur d’une stratégie de développement intégré. Par ailleurs, le développement humain et social est également au cœur de cette stratégie. Au premier semestre 2025, 16.423 hectares de foncier public ont été mobilisés à Laâyoune-Sakia El Hamra pour 41 projets, avec une enveloppe de 8,02 mil- liards de dirhams, créant plus de 1.300 emplois. L’OCP, via Phosboucraa, investit dans l’ex- tension de la mine 1,25 milliard de DH, la construction d’une usine de lavage (2,184 Mds de DH) et un complexe d’engrais (10,246 Mds de DH) d’ici 2026. Deux nouveaux hôpitaux univer- sitaires (Laâyoune et Guelmim) sont également prévus pour plus de 4 milliards de dirhams, garan- tissant l’accès aux soins et la formation médicale. Ces dyna- miques montrent que le déve- loppement du Sud n’est pas uniquement infrastructurel, mais également humain, industriel et énergétique : une véritable stra- tégie de cohésion territoriale. F. N. H. : Le Maroc aspire à jouer un rôle moteur dans la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). En quoi les pro- vinces du Sud peuvent- elles constituer un maillon

fort dans cette intégration économique africaine ? K. K. : Le rôle des provinces du Sud dans l’intégration éco- nomique africaine est plus per- tinent que jamais. Le port de Dakhla Atlantique est conçu pour devenir un hub logistique majeur entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest. La récente adoption par l’ONU d’une résolution soutenant le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara renforce la sécurité juridique des investissements, augmentant la confiance des investisseurs étrangers. Par ailleurs, la stratégie énergé- tique verte renforce la dimen- sion continentale : la production d’hydrogène vert et d’ammoniac dans le Sud peut alimenter des chaînes de valeur africaines pour l’industrie et le transport. Ainsi, les provinces du Sud peuvent devenir un point névralgique de la ZLECAf, non seulement pour des échanges logistiques, mais aussi pour une production stra- tégique durable.

long terme pour consoli- der le rôle stratégique du Maroc et faire des provinces du Sud un modèle de développement durable ? K. K. : Le Royaume poursuit une trajectoire ascendante, fondée sur la modernisation continue des infrastructures, le soutien à l’innovation et l’accélération de la transition énergétique. Les provinces du Sud, riches en ressources renouvelables et en potentiel logistique, joueront un rôle structurant dans cette dynamique, devenant un modèle national de développement durable, en cohérence avec les orientations royales et l’ambition du Maroc comme acteur central du développement économique africain. L’adoption de la résolution de l’ONU en faveur de l’autonomie du Sahara renforce la stabilité de la région et dissipe certaines craintes des investisseurs. La diplomatie économique reste active, avec notamment le forum Maroc-France qui se tiendra à Dakhla, visant à amplifier les par- tenariats dans la transition verte, les chaînes de valeur et l’inno- vation. En somme, le Maroc conso- lide non seulement sa position comme hub commercial, mais construit un modèle de dévelop- pement continental durable. ◆

F. N. H. : Quelles sont les perspectives à moyen et

Aujourd’hui, les provinces du Sud ne sont plus des zones périphériques, elles sont au cœur d’une stratégie de développement intégré.

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