ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 NOVEMBRE 2025
reux, dénonce-t-elle. Elle affirme que certaines meuneries trans- forment le blé subventionné en produits divers, vendus bien plus cher que la farine de base, sans que les boulangers, principaux bénéficiaires de cette subvention, puissent en tirer profit. Le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, avait affirmé lors des débats du projet de Loi de Finances 2026, que l’État sou- tient les céréales pour maintenir le prix du pain à 1,20 dirham. Une déclaration que la FMBP réfute. Dans son communiqué, elle rap- pelle qu’« aucun texte légal ne fixe un prix de référence du pain, ce dernier étant soumis à la liberté des prix et de la concurrence». Cette affirmation donne matière à réfléchir, d’autant plus que sur le terrain l’on constate une diversité de prix pour le même type de pain d’une boulangerie à une autre. Et que le pain à 1,20 DH au sein des boulangeries devient quasi inexis- tant ou est produit en très petite quantité, estimé non-avantageux pour les boulangeries. Parallèlement, la Fédération ajoute que les meuneries ne respectent pas toujours le plafond de 3,50 DH par kilo pour la farine subvention- née, et que les circuits de distribu- tion manquent de transparence. Interrogé à ce propos, Moulay Abdelkader Alaoui, président de la Fédération nationale de la mino- terie (FNM), apporte un éclairage nuancé, mais ferme. Il rappelle que le prix de la farine pratiquée pour les boulangers n’a quasi- ment pas changé depuis 1988, avec un quintal fixé autour de 350 dirhams, malgré l’augmentation du coût de l’énergie, du transport, des salaires et des emballages. «Nous, minotiers, n’avons pas augmenté nos prix», explique-t-il. Pour lui, la responsabilité du coût de la baguette à 1,20 dirham ne relève pas de la meunerie. «Si les boulangers estiment que ce prix ne couvre plus leurs charges, c’est à eux de le défendre; ce n’est pas à nous de déterminer leurs marges» , précise-t-il. Concernant les accusations de détournement de la farine sub- ventionnée, Alaoui les rejette avec force. Il affirme que ni les mino-
L’Etat verse, selon le budget 2025, une aide d’environ 143,375 DH/Q de farine, pour garder le prix du pain de base à 1,20 DH.
Consommation Le temps du pain à 1,20 DH touche-t-il à sa fin ? Le secteur de la boulangerie-pâtisserie connaît une crise de fond. Entre coûts à la hausse et prolifération de l’informel, les petits boulangers formels sont à bout de souffle. La Fédération appelle à une restructuration du secteur.
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Par Désy M.
a Fédération marocaine des bou- langeries et pâtisseries (FMBP) a tiré récemment la sonnette d’alarme. Dans un communiqué, elle évoque une forte augmenta- tion des intrants. Le modèle éco- nomique de nombreux artisans est aujourd’hui en grand danger. Les matières premières, notam- ment la farine, la levure, l’éner- gie (gaz, électricité) ainsi que les charges (salaires et transport) se sont renchéries, et la pression sur les marges devient insoute- nable, notamment pour les petites structures. Plusieurs boulangers rapportent ne plus pouvoir couvrir leurs dépenses quotidiennes, ce qui menace leur survie.
Au Maarif, un quartier de Casablanca, dans sa petite bou- langerie de quartier, Saïd (le nom a été changé), artisan boulanger depuis plus de quinze ans, pétrit ses pâtons à l’aube. Mais derrière le geste presque ritualisé se cache l’inquiétude. Cette année, les fac- tures explosent. «Avec la farine, le gaz, l’électricité, les salaires, mes marges fondent», confie-t-il. Pour garder le cap, il doit faire des choix : réduire ses stocks, limiter les investissements ou renoncer à embaucher. Pour Saïd comme pour de nombreux artisans du pain, le spectre d’une hausse du prix du pain plane de plus en plus lourdement.
Quid de la subvention sur la farine ?
Au cœur du problème se trouve le mécanisme de subvention de la farine. L’État marocain sou- tient massivement la farine de blé tendre. Il verse, selon le budget 2025, une aide d’environ 143,375 dirhams par quintal, ce qui repré- senterait près de 41% du prix réel de cette farine. Pourtant, selon la Fédération des boulangers, cette aide n’arrive pas comme prévu aux artisans. En effet, une partie de la farine sub- ventionnée serait détournée vers d’autres usages (consommation domestique ou industries alimen- taires), faute de contrôles rigou-
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