DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 NOVEMBRE 2025
cains et africains aux métiers de l’IA énergétique : ingénie- rie des réseaux intelligents, maintenance 4.0, modélisa- tion climatique, cybersécurité énergétique. Le data center accueillera, lui, des entreprises nationales et internationales à la recherche d’hébergement souverain et bas-carbone. Le professeur Ritahi souligne la portée géopolitique de ce choix en relevant que «Dakhla peut devenir le hub où se ren- contrent l’Afrique et l’Europe, un espace où l’on héberge, où l’on forme, où l’on innove. C’est un signal fort pour le Maroc, car il n’est pas seule- ment consommateur de tech- nologies, il devient producteur d’infrastructures critiques» . Le Royaume y voit aussi une opportunité de leader- ship. Avec des investisse- ments mondiaux dans les renouvelables et les réseaux électriques qui ont, en 2023, dépassé pour la première fois ceux dans les énergies fos- siles, la compétition pour les hubs énergétiques et techno- logiques s’intensifie. Le Maroc saisit ce moment pour se positionner à l’avant-garde, en pleine cohérence avec sa stra- tégie de corridor énergétique
euro-africain annoncé par la ministre Leila Benali lors dudit forum à Dakhla. Redoubler de vigilance Mais l’innovation ne va jamais sans vigilance. Dakhla reste une zone fragile, où les ques- tions d’eau, d’écosystèmes lit- toraux et d’intégration locale doivent être finement gérées. «La transition numérique- énergétique doit bénéficier aux habitants, aux entreprises locales, au territoire. Si elle n’est pas inclusive, elle perd son sens» , prévient Ritahi. Les autorités assurent que l’Insti- tut Jazari, les emplois quali- fiés créés, la formation locale et les synergies industrielles garantiront ces retombées. Le Maroc ne veut plus dépendre des infrastructures numériques étrangères ni des fluctuations des marchés fos- siles. En croisant IA et énergie verte, il construit une double souveraineté : celle de l’élec- tricité propre et de la don- née. Et ce croisement crée un écosystème puissant, où le numérique tire la transition énergétique vers le haut, et où l’énergie décarbonée rend le numérique plus responsable et plus accessible. ◆
Climat :
Le Maroc atteint la 6 ème place mondiale dans le CCPI-2026
L e Maroc confirme son enga- gement climatique à l’échelle internationale en se hissant à la 6 ème place du Climate Change Performance Index (CCPI) 2026, une performance annoncée lors de la COP30 et saluée à travers le monde. Le rapport, publié par le NewClimate Institute, Germanwatch et le réseau Climate Action Network (CAN), sou- ligne que le Royaume obtient des évaluations élevées, voire très éle- vées dans plusieurs domaines clés : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique et la politique climatique. Les émis- sions de CO2 par habitant restent par ailleurs très faibles. Cette progression s’explique par plu- sieurs mesures structurelles, notam- ment la révision de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) alignée sur l’Accord de Paris, et un plan de sortie progressive du charbon d’ici 2040, témoignant d’une transi- tion énergétique ambitieuse.
Le rapport met également en avant les investissements du Maroc dans les transports publics, en particu- lier ferroviaires, favorisant une mobi- lité plus durable. Le Plan national stratégique d’adaptation renforce la résilience du pays face aux impacts climatiques en imposant des critères environnementaux stricts pour les nouvelles constructions. Avec ce classement, le Maroc se positionne parmi les meilleurs pays au monde en matière d’action clima- tique et conserve sa place de leader africain dans ce domaine, consolidant ainsi sa réputation sur la scène inter- nationale. ◆
8 milliards DH pour une usine de polysilicium à Tan-tan EnR T an-Tan franchit une nouvelle étape industrielle avec la signa- ture d’une convention entre le ministère de l’Investissement et
l’Américain GPM Holding pour implanter une usine de polysilicium, un matériau essentiel à la fabrication de composants photovoltaïques. Avec 8 milliards de dirhams mobilisés, le projet s’impose comme l’un des plus importants inves- tissements industriels de la région. Au-delà du montant engagé, ce chantier se distingue par son impact économique direct : 1.500 emplois seront créés sur site, auxquels s’ajoutent plus de 2.000 postes indirects. L’unité, qui affichera une capacité annuelle de 30.000 tonnes, orientera 85% de sa production vers les marchés internationaux, ouvrant à la région un nouveau corridor d’exporta- tion à forte valeur technologique. Inscrit au rang des projets stratégiques depuis février 2024, ce complexe indus- triel s’aligne pleinement sur la straté- gie nationale de développement des énergies renouvelables. En renforçant la chaîne de valeur du solaire, il contri-
Ce qu’apporte la convergence Tech–Green, selon le Pr Ritahi
«La convergence entre l’IA et la tran- sition énergétique offre au Maroc un large éventail d’opportunités, à la fois sur le plan économique, industriel et géopolitique.
bue à asseoir la place du Maroc dans l’industrie mondiale de la transition éner- gétique, en particulier dans la fabrication de composants destinés aux panneaux photovoltaïques. Le projet bénéficie également d’un cadre institutionnel solide. Un protocole de coopération associe le ministère, la wilaya de Guelmim-Oued Noun, la pro- vince de Tan-Tan et GPM Holding pour accompagner l’implantation, soutenir l’intégration économique locale et struc- turer un écosystème industriel complet. L’initiative prévoit aussi la qualification des jeunes talents en coordination avec les centres de formation pour renforcer l’employabilité régionale. ◆
• Un écosystème d’innovation «verte et digitale» : Le croisement du numérique et de l’énergie ouvre la voie à un nouvel écosystème industriel, avec des pôles d’innovation comme Dakhla, qui aspire à devenir un laboratoire à ciel ouvert des technologies vertes autour du Green Data Center Igoudar. • Des gains d’efficacité et réduction des coûts : L’adoption de solutions IA dans le secteur énergétique marocain promet des gains d’efficacité notables, en optimisant le dispatching, en réduisant les pertes de réseau et en anticipant les pannes, ce qui contribue à abaisser le coût du kilowat- theure renouvelable. • Des emplois et un capital humain qualifié : La transition numérique-éner- gétique est créatrice d’emplois qualifiés, notamment des développeurs, des ingénieurs en données, des techniciens 4.0, des data scientists. En formant des jeunes aux compétences mixtes, l’Institut Jazari répond à un besoin de main-d’œuvre qualifiée».
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