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JEUDI 15 FÉVRIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

POLITIQUE

Maroc – France

Stéphane Séjourné, le sapeur-pompier Le ministre français des Affaires étrangères est chargé de consolider les fils fragiles des relations entre les deux pays. Au-delà des déclarations d’intention, Rabat attend que Paris pose des actes concrets, notamment en ce qui concerne le dossier du Sahara marocain. Par D. William D

ans les relations internatio- nales, l'équilibre entre les inté- rêts nationaux et les impératifs de la diplomatie peut parfois être délicat à maintenir. Les relations entre le Maroc et la France, deux pays dont l'his- toire partage des épisodes de coopération étroite et de ten- sions sporadiques, illustrent parfaitement cette réalité com- plexe. Alors que les relations bilaté- rales ont été marquées par de sérieuse turbulences ces der- nières années, l'élan récent de Stéphane Séjourné, nouveau ministre français des Affaires étrangères, pour renouer le dialogue avec le Maroc, ouvre une nouvelle perspective sur la scène diplomatique. Toutefois, les défis à surmonter et les obstacles à franchir sont nom- breux, et la route vers une réconciliation durable néces- sitera une volonté politique ferme, un dialogue ouvert et une vision stratégique à long terme. Dans une interview publiée samedi dernier sur le quoti- dien français Ouest-France, Stéphane Séjourné a exprimé son engagement personnel à

rétablir une relation plus har- monieuse entre la France et le Maroc. Sous l'impulsion d’Emmanuel Macron, il se veut l'architecte d'une nouvelle page dans cette alliance par- fois tumultueuse. «Le Président de la République m’a demandé personnellement de m’investir dans la relation franco-maro- caine et d’écrire aussi un nou- veau chapitre de notre relation. Je vais m’y attacher », a-t-il affirmé. Ses paroles, empreintes de volonté et de diplomatie, résonnent comme un appel à l’apaisement. Il est clair que la France reconnaît l'impor- tance stratégique du Maroc dans le paysage régional et international, tant sur le plan économique que sécuritaire. Cependant, la voie vers une réconciliation totale est pavée d'obstacles, tant les sujets de tensions ont été nombreux. Plusieurs sujets sont à l’ori- gine du vent frais qui circule entre Rabat et Paris : l'affaire Pegasus, la question des visas, la résolution du Parlement européen votée contre le Maroc et initiée par Séjourné him- self, alors président du groupe

Renew Europe au Parlement de Strasbourg, ou encore la polé- mique née au lendemain du séisme qui a frappé le Maroc, en particulier lorsque Macron s’est permis de défier l'autorité royale pour s'adresser directe- ment au peuple marocain… A cela s’ajoute le fait que les fric- tions entre les deux pays ont été alimentées par nombre de controverses et d’ambiguïtés diplomatiques, notamment en ce qui concerne la question du Sahara marocain. Sur ce point, Séjourné précise que la France a «toujours été au rendez-vous, même sur les dossiers les plus sensibles comme le Sahara occidental où le soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain est une réalité depuis 2007» . «Nous ajoutons qu’il est temps désormais d’avancer», dit-il. «Je ferai tout dans les pro- chaines semaines et les pro- chains mois pour que la France et le Maroc se rapprochent», promet-il, précisant que «mon objectif, c’est de porter des priorités communes, d’écrire une nouvelle page et d’avoir un nouvel agenda politique entre nous. Faire mieux et différem-

ment. Cela veut dire regagner la confiance» .

Au-delà des déclarations d’intention Sur le Sahara marocain, Rabat attend beaucoup plus que des déclarations d’intention, et que Paris s’affranchisse surtout de l'approche «en même temps» adoptée par le Président Macron, oscillant entre les inté- rêts économiques de la France en Algérie et les alliances régionales, et qui engendre des résultats contraires à l'apai- sement recherché. La France doit carrément sortir de la zone grise en ce qui concerne la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces du Sud, comme l’ont fait des pays amis comme l’Espagne ou encore les Etats-Unis. Et le Roi Mohammed VI a été ferme à ce sujet. «Ces dernières années, nous avons réalisé de grandes percées aux niveaux régional et international qui, toutes, ont été favorables à la position juste et légitime du Royaume sur la marocanité du Sahara. C’est ainsi que de nombreux pays influents, respectueux de la pleine souveraineté du

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