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JEUDI 29 & VENDREDI 30 JUILLET 2021 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ Exercice du pouvoir, majorité gouvernementale, gestion de la pandémie, situation économique du pays, législatives 2021…, dans cet entretien, le chef du gouvernement dit tout. Sans langue de bois. Les confidences de Saad Eddine El Otmani Entretien exclusif
Propos recueillis par F. Ouriaghli & D. William
Finances News Hebdo : Vous avez été nommé chef du gouvernement depuis avril 2017. Un peu plus de quatre ans plus tard, quelle lecture personnelle faites-vous de l’exercice du pouvoir et qu’en avez-vous tiré comme principaux enseignements ? Saad Eddine El Otmani : L’exercice de pouvoir a besoin de sérieux, de compé- tence, de courage et d’efficacité. J’ai eu l’honneur et la chance de diriger ce gou- vernement avec des membres compétents et ayant travaillé en équipe, ce qui nous a permis de présenter un bilan globalement positif, et ce malgré les conditions très par- ticulières qu’a connues cette législature. Il est utile de rappeler, que mon rôle en tant que chef de gouvernement consiste notamment à coordonner, arbitrer et superviser l’action gouvernementale. En effet, et comme vous le savez, chaque membre du gouvernement est nommé par Sa Majesté, que Dieu le préserve, et est investi de prérogatives, réglementées par décret. A ce titre, les ministres ne sont pas mes subordonnés comme pour- raient le penser certains; ils ont la pleine responsabilité de gestion des secteurs et départements à leurs charges. Par contre, l’équipe gouvernementale a besoin de mon appui pour initier et coordonner les chantiers et les textes de loi impliquant plus d’un secteur, arbitrer entre deux ou plusieurs secteurs lorsqu’il y a des enjeux non alignés, et superviser les grands chan- tiers initiés sur orientation éclairée de Sa Majesté, ou ceux inscrits au programme gouvernemental. Pour rappel, il s’agit du gouvernement de la deuxième législature après l’adoption de la Constitution de 2011, qui fut un point d’inflexion important dans l’histoire de l’évolution démocratique au Maroc. La nomination d’un Chef de gouvernement
Les ministres ne sont pas mes subordon- nés comme pourraient le penser certains; ils ont la pleine responsabi- lité de gestion des secteurs et départe- ments à leurs charges.
issu du parti ayant obtenu la majorité des voix et investi d’une mission noble, pro- cure le courage nécessaire pour prendre les grandes décisions, même si elles peuvent être impopulaires par moment. L’essentiel, c’est d’assumer ses choix et ses décisions, de se soumettre au principe de réédition des comptes, et de respecter la légitimité des urnes, qui est un gage de stabilité et de confiance supplémentaire dans notre démocratie évolutive. F.N.H. : Plus globalement, quel bilan faites-vous de votre man- dat ? Y a-t-il des chantiers que vous auriez aimé boucler et qui, malheureusement, n’ont pu être menés à terme ? S. E. E. O. : Un bilan positif, chiffres à
l’appui (sourire, ndlr). On me reproche des fois d’avoir une fibre exagérée aux chiffres, que je tiens à rappeler fréquem- ment. Mais, comme vous le savez, les chiffres sont têtus par nature. Et c’est le meilleur moyen, à mon sens, de mesurer de façon objective l’efficacité et la véraci- té des réalisations. Il est bien connu dans le monde du management moderne, que tout ce qui ne se mesure pas ne se gère pas. Et de par ma nature, je n’aime pas les discours populistes; je préfère la factua- lité, les données du terrain et les réalisa- tions tangibles, même si je suis conscient que cela ne soit pas suffisant pour tous, et que la perception de l’opinion publique des réalisations peut présenter un écart avec la réalité, et que le discours de l’émotion a sa part dans cette perception.
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