FNH 974 19 mars

JEUDI 19 MARS 2020 / FINANCES NEWS HEBDO

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EDITION SPÉCIALE

Croissance

◆ Sécheresse et coronavirus, tous les ingrédients sont réunis pour que la croissance ne soit pas au ren- dez-vous cette année. ◆ Certains économistes redoutent que le taux de croissance pour 2020 soit bien inférieur à 2% du PIB. Le scénario catastrophe se profile

des impacts négatifs à cause de la pandémie, mentionne que le tou- risme (premier secteur exportateur avec 22% du total des exportations de biens et services) pourra subir une baisse allant jusqu'à 39% du nombre de touristes. «Une contre- performance qui devrait être com- pensée partiellement par les effets d'entraînement positifs générés par la chute des cours du pétrole», prévoient les experts de la banque. Les opérateurs inquiets La création immédiate d’un fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du Coronavirus, ordonnée par le Souverain, est une mesure pertinente à deux égards. Ce fonds, doté de 10 milliards de dirhams, sera réservé d’une part, à la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical et d’autre part, au soutien de l’écono- mie nationale. La mise en place de ce Fonds spécial tombe à point nommé au moment où les association profes- sionnelles (Asmex, Confédération marocaine de TPE-PME, etc.) tirent la sonnette d’alarme, en demandant au gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles à la hau- teur des conséquences de la pan- démie et de la sécheresse sur les TPE-PME, déjà fragilisées depuis des années. Lundi 16 mars, 2 premières mesures ont été prises par le Comité de veille stratégique : d’une part, la suspension du paiement des charges sociales (cotisation CNSS); et d’autre part, la mise en place d’un moratoire pour le rembour- sement des crédits bancaires au profit des entreprises. Ces mesures seront opérationnelles à partir du lundi 23 mars. Un comité tech- nique a été créé pour préparer un guide explicitant les modalités et les conditions d’octroi de ces mesures, au cas par cas. ◆

Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan a déjà fait par de ses vices craintes concernant la croissance 2020.

regard de la situation agricole, de la progression du coronavirus et des premières mesures prises par le gouvernement, le taux de crois- sance sera inférieur à celui annoncé par le haut-commissaire au Plan» , prédit Mehdi Lahlou, économiste et professeur de l’enseignement supérieur. «Les effets de la campagne agri- cole sur la croissance économique sont généralement connus. En revanche, je ne suis pas sûr que le gouvernement ou les instances de prévisions économiques aient les moyens de mesurer les réels impacts du coronavirus sur l’éco- nomique marocaine. Les mesures prises par le gouvernement sont inédites et celles de la RAM aussi (suspension d’activité, congé sans solde pendant six mois» , constate l’économiste. Notre interlocuteur estime que l’Etat devrait mettre l’accent sur le renfor- cement du système de santé pour faire face à la pandémie qui a déjà fait plus de 6.500 morts à l’échelle mondiale. Par ailleurs, la note publiée récem- ment par CFG Bank qui prévoit que l'économie marocaine pourra subir

maritime et des Eaux et forêts, cor- roborent les grands risques qui pèsent sur la variable agricole. Sachant que celle-ci continue d’avoir une grande emprise sur le niveau du taux de croissance du pays, et ce malgré les efforts de diversification de l’économie nationale, entrepris au cours de ces dernières années. A en croire le ministre, la saison agricole actuelle, à l’instar des deux précédentes, a connu une dimi- nution des précipitations, n’attei- gnant que 141 mm contre une moyenne de 254 mm au cours des 30 dernières années, soit un déficit d'environ 40% par rapport à l'année précédente et de 44% par rapport à une année normale. L’autre facteur pénalisant est que la pluviométrie a été inégalement répartie sur le territoire national. De plus, les retenues des barrages ont connu une baisse significative depuis 2015-2016, par rapport à la moyenne enregistrée des dix der- nières années. Difficile de déterminer l’impact réel «Je suis plus pessimiste que le haut-commissariat au Plan. Au

Par M. Diao

P our l’année 2020, les entités de prévisions éco- nomiques ainsi que le gouvernement tablaient sur un taux de croissance écono- mique supérieur à celui de 2019. D’aucuns sont allés jusqu’à par- ler de rebond. Mais c’était sans compter sur l’actuelle séche- resse qui sévit dans le pays, cou- plée aux affres du coronavirus. La sortie récente de Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan, interpelle et suscite bon nombre d’interrogations sur les mesures gouvernementales prises pour limi- ter les dégâts sur le front écono- mique. «L’économie marocaine est confrontée cette année au pire taux de croissance jamais enregistré au cours de ces deux dernières décen- nies», a confié Lahlimi à l’Agence américaine Bloomberg. Les ingrédients d’une mauvaise campagne agricole Les chiffres annoncés récemment devant la Commission des sec- teurs productifs à la Chambre des représentants par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, de la Pêche

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