FNH N° 1061

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ECONOMIE

JEUDI 7 AVRIL 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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qui paye ses déplacements n’au- ra aucun impact sur les comptes de l’entreprise. Au niveau agrégé (salarié + entreprise), il est vrai que la facture énergétique pourrait baisser; mais il faut bien en par- ler au conditionnel car ce salarié qui ne travaille pas, va-t-il rester chez lui ou voyager en parcourant encore plus de kilomètres au-delà de son lieu de travail habituel ? Par ailleurs, lorsqu’on explique que cela permettra aux salariés de consommer davantage pendant le week-end, il faut se poser la ques- tion : ce qui freine leur consomma- tion, est-ce un manque de temps ou bien un manque de ressources financières à dépenser ? Historiquement, ce sont les reli- gions qui ont encouragé l’ins- tauration d’un repos hebdoma- daire : samedi pour le Judaïsme, dimanche pour le Christianisme, et vendredi pour l’Islam. En France, le repos dominical obligatoire fut établi en 1906, après les grèves des mineurs suite à la catastrophe de Courrières. Ces mines situées dans le Pas-de-Calais ont connu l’un des pires accidents dans l’histoire des mineurs. Une explosion a tué plus de mille travailleurs. Les secours ont travaillé pendant 3 jours, puis ils ont bouché les puits pour éteindre l’incendie et préserver le restant des gisements. Vingt jours plus tard, un groupe de 13 mineurs ressort miraculeusement des décombres. L’émotion est totale et confirme ce que pensaient les mineurs : les sauveteurs ont cherché à préserver les installations avant les mineurs. La grève s’étend à l’ensemble des bassins miniers français, avec plus de 60.000 manifestants. L’armée et la gendarmerie mobilisés ne font pas le poids. Les mineurs et les mouvements syndicaux obtiennent une hausse des salaires, puis peu après, l’instauration du repos domi- nical obligatoire. La baisse du volume horaire s’ins- crit dans une tendance historique. Plus la productivité humaine aug- mente, plus le repos s’accroît. La question la plus importante que personne n’aborde pour l’ins- tant est : que vont faire les travail-

leurs du jour libre qui va leur être concédé ? Si des pays rechignent à passer vers la semaine de quatre jours, pourquoi ne pas le faire en imposant que la journée libérée soit dédiée à la formation et à l’appren- tissage (voire même au bénévo- lat) ? Cela permettra de rehausser les compétences du capital humain au sein des économies émer-

gentes, dans un contexte où les bouleversements technologiques sont tellement multiples et simul- tanés, qu’ils rendent les travail- leurs rapidement sous-qualifiés. Il ne fait aucun doute que l’intérêt porté à la semaine des quatre jours continuera de progresser pour une raison simple : après la crise du Covid et le renouveau du télétra-

vail, les employeurs ont commencé à faire la distinction entre présence et productivité, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez- le sur www.fassal.net.

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