P OLITIQUE
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JEUDI 7 AVRIL 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Maroc – France Alors, Macron II ! Oui, mais... A ssurément, le Maroc suit avec intérêt l'élection présidentielle en France, avec un premier tour ce dimanche 10 avril et un second deux semaines plus tard. Ce scru- Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue
tin ne peut laisser indifférent. La France est la septième puissance économique dans le monde avec un PIB de 3.140 milliards de dol- lars : elle est membre du Conseil de sécurité; elle est aussi une puissance nucléaire- la seule dans l'UE des 27 depuis le Brexit britannique; elle a encore une diplomatie d'influence, notamment au Maghreb, en Afrique et même ailleurs... Dans un monde en pleine recompo- sition géopolitique et stratégique, autant de paramètres à prendre en considération. Dans le Royaume, la nature et la dimension des liens sont connus - un capital engrangé par l'histoire, la culture, la proximité des peuples générée par ailleurs par un pont humain; ne serait-ce que la communauté MRE forte de plus de 1,1 million de personnes. Ce n'est pas un «axe» , mais un partenariat particulier, privilégié, avec des principes de consultation politique et même de solidarité. Un socle et un rapport personnel Un socle qui a permis d'enjamber bien des conjonctures. Un nouveau locataire à l'Elysée ? Ce n'est jamais secondaire pour le Maroc : tant s'en faut. C'est un appui et un levier de la politique au Maroc. L'élection du socialiste Mitterrand en mai 1981 a été, à n'en pas douter, une preuve pour Rabat- un séisme même. Il succédait à des présidents de droite, Pompidou, puis Giscard d'Estaing en avril 1974 - le Roi Hassan II avait forgé un néologisme audacieux en recevant ce dernier en 1975, en parlant même de «copinité» ... Pour résumer, le Maroc a eu de bons rapports avec des présidents de droite - dont ultérieurement Jacques Chirac et Nicholas Sarkozy, alors qu'ils ont été heurtés avec François Hollande. Qu'en est-il avec Emmanuel Macron, élu en 2017 et candidat aujourd'hui pour un second mandat ? Le bilan de son quinquennat témoigne globalement d'un socle d'intérêts communs, avec le premier rang économique - 30 % des IDE en 2021 et une seconde place
commerciale derrière l'Espagne. L'aide appor- tée par l'Agence française de développement (AFD), de l'ordre de 2 milliards d’euros sur la période 2017-2021, fait du Royaume le pre- mier partenaire dans le monde et sur 120 pays d'intervention. Cela dit, entre Paris et Rabat, compte éga- lement le rapport personnel entre les chefs d’Etat. Le président Macron a-t-il noué des relations de grande proximité avec SM le Roi Mohammed VI ? Pas vraiment. Question de génération, peut- être; d’une appréhension conséquente aussi du monde arabe, de sa culture, de son référentiel civilisationnel et, partant, du Maroc; et puis d’un manque de «feeling» , et peut-être même d'affect pour la rive sud de la Méditerranée. Issu de la banque, Emmanuel Macron a sans doute plus d'affinités avec le monde de la City de Londres, avec ses codes et ses centres d'inté- rêt typiques d'un autre univers... Son élection a été aussi un facteur de renouvellement des élites économiques, et surtout politiques de l’Hexagone. Lobbying marocain à revoir... Le Maroc a-t-il bien pris en compte cette évolution ? Ses réseaux traditionnels et ses contacts - à droite, du côté des gaullistes, des chiraquiens et des sarkozystes ne sont plus tellement aux affaires, pas plus d'ailleurs que
de celui de profils socialistes. Comment les rétablir avec de nouveaux profils, la majorité d'entre eux issus de parcours et de cursus divers, éloignés d'un militantisme partisan... Si le lobbying français au Maroc préserve - encore ? - ses entrées et ses carnets d'adresses, tel n'est pas vraiment le cas de celui déployé dans l'Hexagone, que ce soit dans le monde politique, parlementaire, la haute administration ou médiatique. Service minimum entre les deux chefs d'Etat, contrac- tion du périmètre relationnel : voilà l’état des lieux en ce début 2022. Les Français aiment le Maroc - surtout touristique, ils ne sont pas moins de quatre millions sur les 12 millions de visiteurs; les Marocains, eux, sont nombreux à se rendre dans ce pays, les visas accordés ayant dépassé les 346.000 en 2019, avant la pandémie Covid-19. Aujourd'hui, l'ambassa- drice, Hélène Le Gal, tient à rappeler que le Maroc est le seul pays «vert» dans le Maghreb et le Moyen -Orient. Le contenu des liens entre les deux pays, c'est aussi la coopération dans les domaines sécuritaire et militaire. A cet égard, il faut mentionner, depuis le mois de mars dernier, l'exercice «Chergui 22» entre l'armée française et les FAR, dans la région d'Er-Rachidia, la nouvelle région militaire Est. A la frontière algérienne, cet exercice aéroterrestre, préparé depuis septembre dernier, ne manque pas de
Le Maroc en attend un geste, un «grand geste», à l'ins- tar de Berlin et de Madrid : un appui plus clair au plan marocain d'autonomie dans les pro- vinces saha- riennes.
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