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POLITIQUE
JEUDI 7 AVRIL 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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sens. Il est mené, comme l'a précisé un communiqué officiel, dans «le cadre des missions de défense de l'intégrité territoriale visant à consolider les capa- cités de planification et le développe- ment de l'interopérabilité technique et opérationnelle entre les Forces Armées Royales et l'Armée française» . Restaurer la confiance, au-delà d'une coopération étroite dans tant de sec- teurs; rehausser le bilatéral au plus haut; promouvoir une forme de codé- veloppement conforme au thème d’une «prospérité partagée» à laquelle le dis- cours officiel français fait tellement réfé- rence : voilà bien la feuille de route de la présidence de Macron II, à l'Elysée jusqu'à 2027. Ces exigences-là n'ont pas été au ren- dez-vous, il faut bien le rappeler, lors de son premier mandat. Ce qui s'est passé, en juillet 2021, avec cette affaire Pegasus - un logiciel espion - a été désastreux à cet égard. Le Maroc a été en effet accusé de son utilisa- tion à grande échelle en direction de plusieurs cibles : des dissidents, des responsables de plusieurs pays aussi - la France, le président Macron lui- même, sans parler de l'Algérie. Du pain béni pour tous ceux dont le marqueur n'est autre que l'hostilité à l'endroit du Royaume. Une certaine presse fran- çaise - proche de centres de décision - a enfourché ce «dossier» à des fins d’instrumentalisation en menant une campagne s'apparentant à une forme de déstabilisation. Tout cela a été mis à nu aujourd'hui et a fait pratiquement «pschitt» ... Mais l'interrogation demeure du côté marocain : comment une telle opération a-t-elle trouvé place dans le champ des relations bilatérales que l'on plaçait pourtant au fronton d’une coopération tellement vantée dans le discours officiel français. En attente d’un «grand geste» Ouvrir une nouvelle page ? Le Royaume l’appelle de ses vœux- et c'est une constante. Mais Paris doit opérer une révision significative de son rapport avec Rabat. Le Maroc de 2022 a entre- pris, souvent à marche forcée, depuis près de deux décennies, une réarticula- tion de sa politique étrangère. Il y a des partenaires traditionnels, tels la France, l'Espagne, les Etats-Unis ... Mais il y a aussi un redéploiement qui s'est fait notamment dans deux directions complémentaires : celle multilatérale
(Europe centrale, Russie, Chine, Inde, Amérique latine); et celle plus continen- tale. C'est là une doctrine, une vision d'avenir, pour se projeter dans l'avenir. S'agissant en particulier de l'Afrique, le primat est celui d'une coopération sud-sud devant fonder une stratégie unitaire, d'intégration progressive, de nature à valoriser les potentialités exis- tantes et à mobiliser les forces vives.
Une approche qui dérange parce qu'elle autonomise la diplomatie marocaine et lui donne davantage de champ et de capacité d’initiative; parce qu'elle porte atteinte aussi à des intérêts écono- miques et géostratégiques; enfin, parce qu'elle libère des dynamiques endo- gènes de fortes contraintes exogènes. La présidence Macron II ne peut igno- rer tous ces paramètres. Le Maroc en
attend un geste, un «grand geste», à l'instar de Berlin et de Madrid : un appui plus clair au plan marocain d'autono- mie dans les provinces sahariennes au lieu de la seule référence a minima des résolutions du Conseil de sécurité. Pourquoi pas l'ouverture d'un consulat français à Dakhla, avec comme pre- mière étape celle d'une chambre de commerce régionale ?... ◆
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