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JEUDI 7 AVRIL 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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L’inflation mondiale Chronologie d’un épiphénomène de la pandémie L a pandémie de la Covid-19 continue de frapper de plein fouet l’économie mondiale et cause des dommages néfastes, notamment une flambée plané- Par Sara Elouadi *
Cette déflation provoquée par le ralen- tissement de l’offre et de la demande en Europe et aux USA avait alors pour canal principal la baisse des prix de l’énergie et des produits indexés sur le pétrole comme le gazol et le gaz domestique (Le Bayon et Péléraux, 2021). Pareillement, la mesure d’abaissement temporaire de la TVA, adoptée par l’Allemagne entre juillet et décembre 2020 pour soutenir la consommation des ménages, a contribué à la décroissance des prix dans la zone Euro. Il s’agissait de baisser le taux nor- mal de 19% à 16% et de baisser le taux réduit de 7% à 5%. L’année 2021 a apporté un grand rat- trapage économique et a inversé la ten- dance récessive de l’année 2020. Les prix des matières premières alimentaires ont augmenté de 55% tandis que ceux des matières premières énergétiques ont enregistré un rebond spectaculaire de 330%. Cette forte tendance haussière des prix des produits énergétiques est due essentiellement à la baisse graduelle consentie par l’OPEP+, une situation qui a créé un décalage entre l’offre et la demande mondiale. Cette hausse des prix de l’énergie a entraîné une montée des prix des engrais et des produits céréaliers. En effet, le gaz naturel consti- tue un input essentiel pour la production d’ammoniac élément commun de la plu- part des engrais azotés. L’indice FAO (Food and Agriculture Organization) des prix des produits ali- mentaires a atteint une valeur moyenne de 140,7 points en février 2022, soit une hausse de plus de 20% par rapport à l’année dernière. (Figure 3) Cette augmentation fulgurante provient de la montée des sous indices des prix des huiles végétales, des produits lai- tiers, des prix des céréales et de la viande. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ces hausses des produits alimen- taires sont dues à plusieurs facteurs, à savoir l’incertitude sur les approvisionne- ments en provenance de l’Ukraine et de la Russie, les deux principaux pays expor- tateurs mondiaux du blé. L’organisation
taire des prix. L'inflation désigne la perte du pouvoir d'achat de la monnaie et se matérialise par une augmentation géné- rale et durable des prix. Cette perte du pouvoir d’achat de la monnaie peut être mesurée, partiellement, par l’indice des prix à la consommation. Cette flambée des prix des denrées ali- mentaires et de l’énergie pénalise le pouvoir d’achat des classes moyennes et pauvres et contribue à l’enrichisse- ment des porteurs d’actifs. Fragilisés par les dégâts de la pandémie, les ménages encaissent lourdement les conséquences de l’inflation, notamment au niveau des denrées alimentaires et du prix de l’éner- gie. D’après l’économiste Jean-Yves Naudet, «l’inflation est un masque : elle donne l’illusion de l’aisance, elle gomme les erreurs, elle n’enrichit que les spécu- lateurs, elle est prime à l’insouciance, potion à court terme et poison à long terme, victoire de la cigale sur la fourmi» . L’épiphénomène de l’inflation a com- mencé à se mettre en place depuis l’année 2021, mais il s’est accentué en 2022. D’après le Consumer Price Index – CPI des États-Unis, de février 2022, le taux d’inflation a atteint son plus haut niveau depuis 1982 et s’établit désor- mais à 7,9%. Et pour tenter de résorber cette montée des prix, le président de la Réserve fédérale américaine (FED), Jerome Powell, se dit enclin à proposer six hausses de taux successives de 25 points de base. La finalité recherchée est de faire reculer la consommation par des crédits plus chers et baisser ainsi la tension sur les prix. En France, et selon les dernières estima- tions de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le taux d’inflation pourrait dépasser 4,5% en un an en mars 2022. L’institution
attribue cette hausse fulgurante à la flam- bée des prix à la pompe et l’incertitude des approvisionnements à cause de la guerre en Ukraine. Et dans la zone Euro, l’inflation poursuit son envolée et s’éta- blit à 5,8%. D’après les derniers chiffres fournis par l'Office statistique de l'Union européenne (Eurostat), la forte évolution de l’inflation est due en grande partie à la composante énergie qui accuse une augmentation vertigineuse de 31,7%. (Figure 1) Mais pour comprendre les chiffres actuels de l’inflation, nous proposons dans ce qui suit une analyse de la chro- nologie des mouvements des prix et des ajustements adoptés depuis le début de la pandémie. La généralisation des mesures restric- tives comme le télétravail, la baisse de l’activité touristique et l’arrêt soudain de l’activité économique, notamment durant le confinement, ont conduit à une baisse fulgurante dans la demande mondiale en produits énergétiques. La consommation mondiale du pétrole a ainsi baissé de 22% entre la fin de l’année 2019 et le début du deuxième trimestre de l’année 2020. (Figure 2) La discorde initiale entre les membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs partenaires
externes OPEP+ sur la baisse de l’offre a aggravé la situation de l’instabilité des prix. En effet, la Russie s’est oppo- sée, catégoriquement, à la proposition d’abaisser la production quotidienne mondiale de 1,5 million de barils et esti- mait que la crise de l’épidémie serait passagère. Cette dissonance a creusé la chute du prix de l’or noir sur les marchés financiers, le baril perd alors 10% de sa valeur. En réponse au refus russe, l’Ara- bie Saoudite a cassé les prix en appli- quant le tarif de 10,25 dollars le baril. Ces deux grands chocs ont concomitamment contribué à la dégringolade des prix du pétrole sur les marchés financiers, une baisse aggravée par l’effondrement de la demande mondiale. Et ce n’est qu’à partir du 1 er mai 2020 que les pays de l’OPEP+ ont conclu leur accord historique de régresser la production mondiale de 10%. D’après les informations fournies par l’Institut de Hambourg (HWWI), l’indice des prix des denrées alimentaires n’a reculé que de 9,3% entre avril 2019 et mai 2020 contre une baisse spectaculaire de 60% en termes de produits énergétiques. Les mesures restrictives appliquées ont en effet peu affecté la consommation des ménages comparativement à la consom- mation industrielle en énergie.
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