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E CONOMIE

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JEUDI 16 SEPTEMBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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«Il sera plutôt difficile d’entrevoir la composition de l’opposition» Législatives

◆ Un taux de participation de 50,18% signifie que les Marocains aspirent au changement. ◆ 102 sièges pour le RNI contre 13 pour le PJD. Le PAM et l’Istiqlal complètent le trio gagnant de ces élections. ◆ Taoufiq Boudchiche, économiste basé à Paris et ancien fonctionnaire international, nous décortique plusieurs aspects du triple scrutin. Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : L’écrasante défaite du PJD est une véritable gifle électorale pour le parti. Comment expli- quez-vous ce revers historique ? Taoufiq Boudchiche : Passer de 125 députés à 13 constitue un revers électoral très important et aussi impressionnant qu’inattendu. Est-ce histo- rique ? Je ne sais pas. Car il faudrait que ce revers électoral puisse exprimer un rejet populaire, non seulement sur son action au gouvernement qui a été sanctionnée lors de ce scrutin, mais aussi de manière durable sur le fond idéologique et poli- tique, qui a sous-tendu l’émergence du PJD sur la scène politique marocaine. Cet échec conduira probablement le PJD à faire son «introspection». Le référentiel religieux et la capacité d’organisa- tion de ce parti n’auront pas suffi à mobiliser ni sa base électorale, ni au-delà. Politiquement, c’est peut-être une bonne nouvelle, car l’utilisation du «discours religieux et moralisa- teur» à des fins électorales ne suffit plus. Il faut espérer également que cette défaite soit une leçon plus globale pour une sortie du «populisme reli- gieux transnational», porté par le mouvement des frères musulmans, qui bloque les progrès socié- taux au Maroc et cause beaucoup de dégâts dans d’autres sociétés arabo-musulmanes sans appor- ter de vraies solutions aux questions sociales et économiques (lutte contre la pauvreté, emploi, éducation, santé…). On cite souvent la Turquie comme étant un modèle à suivre en matière de politique à succès avec un fort référentiel religieux. Mais la Turquie d’Erdogan est un cas à part. C’est un Etat laïc dont les populations sont d’abord attachées à la laïcité qui préserve la diversité culturelle de la nation turque et aussi dont les ressorts culturels sont plus proches des cultures européennes plus que des cultures au Sud de la Méditerranée plus conservatrices.

Le RNI pos- sède un programme ambitieux, à l’image de son leader porté sur des résultats mesurables. Cinq enga- gements, 25 mesures pour un coût de 270 milliards de DH.

Ceci étant, et si l’on regarde la situation de manière non partisane, il ne faut pas non plus trop jeter la pierre au PJD qui, de manière globale, conscient de ses contraintes internes, notamment un manque d’expérience gouvernementale et de compétences, a permis au pays, sous l’égide de Sa Majesté le Roi, de traverser quelques périodes difficiles comme le printemps arabe. Mais, au plan de l’action gouvernementale, il aura failli, comme évoqué ci-haut, sur les solutions concrètes à apporter d’une part, au déclassement ressenti par la classe moyenne (une réforme des retraites très insatisfaisante, l’augmentation du coût de la vie décriée par les populations toutes caté- gories confondues, l’accès à une éducation et une santé de qualité devenue inaccessible…). Sans pour autant laisser une impression d’avoir apporté des solutions probantes aux questions

de pauvreté, de corruption, de moralisation de la vie publique, d’emplois… sur lesquelles il était en particulier attendu. Et aussi, il a laissé une image de manque d’innovation au sein du gouvernement. Par exemple, son opposition à la légalisation du cannabis a été perçue plus comme une «opposi- tion de principe moral» plutôt qu’une opposition fondée sur une «analyse politique et socioécono- mique des coûts-bénéfices» rationnelle et objec- tive. En effet, la création d’une filière de production de cannabis thérapeutique est apparue, là aussi, selon mon humble avis, aux yeux de l’opinion publique comme innovante pour le pays avec à la clé création d’emplois et de nouveaux revenus dans le cas des territoires qui s’y adonnent de la plus mauvaise des manières, c'est-à-dire infor- melle et criminelle. Une telle option audacieuse et séduisante n’a pas été bien gérée par le PJD.

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