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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 16 SEPTEMBRE 2021
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F.N.H. : RNI, PAM et Istiqlal, le trio de tête est armé de compétences. Comment cela va-t-il se traduire sur le volet éco- nomique ? T. B. : A la tête de ces trois partis, il y a eu un renouvellement des leaders. Des leaders com- pétents et très motivés. Cela, selon mon point de vue d’analyste encore une fois très modeste, a permis d’apporter un renouveau en termes de leadership, de volonté de gagner, d’ambition et d’efficacité. Ils ont mené des campagnes électorales 2.0 très efficaces en s’appuyant notamment sur les techniques de mobilisation numériques et audiovisuelles de nouvelle génération. Il semblerait, selon certains écrits, que le RNI par exemple qui est arrivé en tête de ces élections, a mis en place une «task force» digitale interne au parti, jeune et très au fait, du marketing politique. Il a repensé sa charte gra- phique, mis en place des plateformes numériques dédiées pour attirer la jeunesse vers les urnes. Les résultats étaient au rendez-vous pendant la campagne électorale et en termes de scores. Selon les responsables de leur campagne numé- rique, les comptes Facebook, Instagram, Twiter, Tik Tok… du RNI ont explosé et sont passés très vite, de 300.000 followers à 1,5 million surtout chez les jeunes. Cela pourrait être une partie de l’explication de ses gains électoraux. Les batailles électorales se gagnent aujourd’hui sur les réseaux sociaux comme on l’a constaté dans les grandes démocraties (Etats-Unis, Royaume-Uni, France…). Aujourd’hui, cela se passe au Maroc. Il s’agira d’une nouveauté à prendre en compte pour l’ave- nir pour moderniser les campagnes électorales et améliorer un tant soit peu le débat démocratique pré-électoral et post-électoral. Concernant le volet économique, la deuxième partie de la question, le RNI détenait déjà dans le gouvernement sortant des portefeuilles à carac- tère économique d’importance pour le pays, Agriculture, Industrie, Economie et Finances… Les compétences des ministres qui en étaient en charge sont indiscutables ainsi que leurs résultats aux yeux de l’opinion publique. Aussi, dans cette nouvelle phase, seront-ils dans l’obligation de réussir, surtout sur le volet économique. Celui- ci sera très important pour atteindre les seuils de croissance économique de 6% attendus du nouveau modèle de développement (NMD) afin de résoudre les problèmes d’emplois qualifiés, de réduire drastiquement la pauvreté et de conduire les réformes dans les secteurs sociaux (santé et éducation en particulier). F.N.H. : Quelles sont les alliances pos- sibles pour la formation du gouverne- ment ? Et quel serait le scénario idéal ? T. B. : Je ne m’engagerai pas pour répondre au scénario idéal. Idéal pour qui ? Pour le parti chargé
Le chef du RNI a annoncé qu’il n’aurait pas de tabou à travailler avec l’ensemble des partis notamment au plan local.
de former le gouvernement ? Pour les partis arri- vés en tête ? Pour l’opinion publique ? D’autant plus que le chef du RNI a annoncé qu’il n’y aurait pas de tabou à travailler avec l’ensemble des partis notamment au plan local. Il devra en tenir compte pour former une majorité gouvernemen- tale cohérente et alignée sur le programme du RNI. Le PJD, je crois savoir, avait déjà annoncé avant le scrutin qu’il se positionnerait dans l’opposition au cas où il ne serait pas en tête des élections. Ceci étant, pour la formation du nouveau gou- vernement, il y aura à mon avis quelques critères de base. D’abord répondre au besoin de chan- gement et d’alternance, exprimés par les urnes. Deuxièmement, un gouvernement inclusif des forces politiques arrivées en tête des élections. Troisièmement, un gouvernement en mesure d’ob- tenir des résultats rapidement aux yeux du citoyen qui ne doit pas être déçu à défaut de le démotiver et lui faire perdre confiance aux institutions du pays. Probablement, ce qui sera plutôt difficile à entrevoir, c’est la composition de l’opposition. Car, il faudrait aux côtés du PJD qui au final sera un petit parti d’opposition, vu le nombre de sièges obtenus, la présence d’autres partis qui accepteraient de former une opposition qui ait de l’allure et permettre à la démocratie de fonction- ner correctement. Après, il faut s’interroger sur qui acceptera parmi les partis peu représentés électoralement de ne pas vouloir entrer au gouver- nement : les représentants de la gauche ? USFP, PPS FDG ? Les petits partis libéraux MP, UC, …La bataille sera rude de ce côté-là. Par ailleurs, la situation du Royaume au plan international doit également être prise en compte dans la formation du nouveau gouvernement. Les menaces externes, la question de l’intégrité territoriale, l’adversité prononcée du voisin algé- rien, les relations avec l’Europe et les grandes puissances. Autant d’enjeux qui nécessitent plus
que jamais unité nationale et cohérence dans les décisions et dans l’action gouvernementale.
F.N.H. : Quel regard portez-vous sur le programme du RNI ? T. B. : Il me paraît un programme ambitieux et à l’image de son leader porté sur des résultats mesurables. Il est dit par exemple, cinq engage- ments, 25 mesures pour un coût de 270 milliards de DH. Les engagements touchent à la généralisa- tion de la protection sociale (selon une vision glo- bale et joliment formulée «la protection du citoyen contre les aléas de la vie»), à l’école, à l’emploi, à la réforme de l’Administration, la régionalisation. Sont évoqués parmi ces mesures la création d’un millier d’emplois directs, un revenu de dignité, doubler le budget du secteur de la santé, etc. Mais pour réaliser ces progrès sociaux, il faudra se concentrer sur la relance économique, s’attaquer à la question de la redistribution des richesses et la lutte contre les inégalités, tout en maîtrisant les impacts de la crise sanitaire qui n’est malheu- reusement pas finie. D’autre part, il y a les crises globales, inédites et parfois concomitantes, qui peuvent survenir à tout moment et déstabiliser l’économie et la société comme celle que nous vivons avec l’apparition de la Covid-19. Tout en étant centré sur les citoyens, le programme du RNI évoque quelques solutions à caractère global comme la transition énergétique, il faudrait peut- être aller plus loin. Notamment, pour accompagner la transformation structurelle, impulsée par Sa Majesté le Roi, à travers les enjeux et la feuille de route du nouveau modèle de développement dont la charte devrait permettre de réunir les forces du pays pour y arri- ver. Il faudra donc articuler, en termes de moyens et de mise en œuvre, le programme du RNI avec la feuille de route tracée par le nouveau modèle du développement. ◆
Pour le PJD, passer de plus de 125 députés à 13 députés constitue un revers élec- toral très important et aussi impres- sionnant qu’inattendu.
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