FNH 1035 (2)

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 SEPTEMBRE 2021

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Emprunts extérieurs

◆ L'encours de la dette publique extérieure est passé de 29,5% du PIB en 2019 à 34,9% en 2020. ◆ La gestion des emprunts extérieurs se caractérise par sa complexité, à laquelle s’ajoutent des risques pour bon nombre d’indicateurs macroéconomiques. Gare au revers de l’alourdissement de la dette

le taux d’endettement global (avant la crise) tournait autour de 80,3% en 2019. C’est dire l’alourdissement substantiel

dessus en matière de gestion de la dette publique, l’on note une hausse progressive de l’endettement public extérieur. D’après les chiffres officiels, à fin 2019, l’encours de la dette extérieure publique s’est établi à 339,9 Mds DH (soit 29,5% du PIB). Ce qui marque une hausse de 13,3 milliards de DH ou 4,1% par rapport à fin 2018. Selon le ministère des Finances, l'encours de la dette publique extérieure a atteint, en 2020, 374,3 Mds de DH. Cela représente une progres- sion de l’ordre de 34,4 Mds de DH par rapport à 2019. En pourcentage, l'encours de la dette publique extérieure est passé de 29,5% du PIB en 2019 à 34,9% en 2020. Manifestement, l’Exécutif a fait le choix de privilégier l’emprunt extérieur au détri- ment de la dette intérieure. Rappelons que théorique- ment, les emprunts extérieurs du secteur public sont desti- nés exclusivement aux pro- jets inscrits dans le budget général, aux réformes et au soutien de l’effort d’investis- sement des établissements et entreprises publics et col- lectivités territoriales. A l’évi- dence, notons que l’alour- dissement de l’endettement public extérieur n’est pas sans conséquences sur les finances publiques. Pour preuve, le total du service de la dette extérieure se chiffre à 41,4 Mds de DH en 2020, soit 9,3% des recettes courantes (contre 6,8% des recettes courantes en 2016). ◆

de cette variable depuis 2019 même s’il faut préci- ser que cette donne n’est pas propre au Maroc. Toutefois, mentionnons qu’au cours des cinq der- nières années, aucune réforme fiscale majeure de

Des solutions sont possibles pour réduire le poids de l’endettement sur le potentiel de crois- sance du Maroc.

nature à élargir l’assiette fis- cale et renforcer les recettes publiques n’a vu le jour. En se référant à la Loi des Finances 2021, l’on constate que le taux d’autosuffisance fiscale tourne autour de 53 à 54%. Cette donne structurelle liée au faible taux d’autosuffisance fiscale explique en partie la centralité de l’endettement pour les finances publiques. Sachant que la gestion des emprunts extérieurs se carac- térise par sa complexité, à laquelle s’ajoutent des risques pour bon nombre d’indicateurs macroéconomiques. Un fardeau pour l’heure en attendant l’innovation Dans lecontexteactuel,Ahmed Lahlimi Alami, haut-commis- saire au Plan (HCP), n’a pas manqué de rappeler en subs- tance que : «L’endettement des Etats est le lot aujourd’hui de tous les pays. Le nôtre reste…à des niveaux encore gérables. Des solutions sont possibles pour en réduire le poids sur notre potentiel de croissance ou tout au moins d’en innover, dans ce sens, le mode de gestion…. ». En atten- dant que l’innovation prenne le

peler qu’en cas de brusque dépréciation de la monnaie nationale, la dette extérieure en devises (y compris la dette liée à une monnaie étrangère) peut exercer des effets de richesse et de liquidité impor- tants sur l’économie nationale. A titre illustratif, dans le cas où la dette publique est payable en devises, une dévaluation de la monnaie nationale risque d’impacter négativement les finances du secteur public. Une situation qui incite les autorités compétentes à évi- ter un ajustement de taux de change pourtant nécessaire. L’alternative face à l’insuf- fisance des recettes fis- cales ? Le haut-commissariat au Plan (HCP), dans son Budget éco- nomique exploratoire 2022 (BEE), révèle que le taux d’en- dettement global de 92,2% du PIB en 2020 devrait pas- ser à 92,7% du PIB en 2021 avant de culminer à 93,9% du PIB en 2022. Notons que

L es politiques sont conscients du fait que l’observation de la discipline budgétaire ainsi que le maintien des équilibres macroécono- miques constituent un gage de bonne gestion. D’ailleurs, au Maroc, la tradition veut que les chefs de gouvernement dévoilent un certain nombre d’objectifs chiffrés lors de la présentation de leur déclara- tion de politique générale au Parlement (croissance, déficit budgétaire, dette, etc.). S’il ne fait aucun doute que le gou- vernement sortant dirigé par El Otmani n’a pas brillé par sa capacité à doper la croissance ou à assainir les comptes publics (www.fnh.ma), ce qui interpelle davantage, c’est l’in- flation exponentielle de la dette publique globale et plus préci- sément la dette publique exté- rieure au cours des dernières années. Or, les économistes ne cessent d’alerter et de rap- Par M. Diao

Manifestement, l’Exécutif a fait le choix de privilégier l’em- prunt extérieur au détriment de la dette inté- rieure.

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