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JEUDI 5 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
DEVELOPPEMENT DURABLE
Le Maroc peut-il répondre à ces exigences énergétiques ? En matière d’énergie, le Maroc n’est pas sans atouts. Le pays est reconnu comme un lea- der africain dans les énergies renouvelables, notamment avec son ambitieux complexe solaire Noor à Ouarzazate, l’un des plus grands au monde, et ses parcs éoliens qui s’étendent le long des côtes atlantiques. D’ici 2030, le Maroc prévoit de cou- vrir 52% de ses besoins éner- gétiques à partir de sources renouvelables. À la question de savoir si ces infrastructures sont suffisantes pour suppor- ter l’énorme demande des sta- tions de dessalement, Guemra apporte un éclairage pragma- tique : «le Maroc ne dispose pas aujourd’hui de 900 MW renouvelables pour satisfaire les besoins des stations de dessa- lement. L’autoroute électrique entre Dakhla et Casablanca, dotée d’une puissance de 3.000 MW, va donc répondre aux pre- miers besoins de 450 MW, puis de 450 MW supplémentaires. Le choix de Dakhla est perti- nent car cette ville dispose de grandes ressources en vent et soleil» . La région de Dakhla, où les projets de parcs éoliens et solaires sont en pleine expan- sion, devient ainsi un point stra- tégique dans la bataille énergé- tique du Maroc. Le projet de cette «autoroute électrique», qui reliera Dakhla à Casablanca sur 1.400 km, est d'une importance capitale. Ce câble devrait permettre de transporter jusqu'à 3.000 MW, dont une grande partie sera dédiée aux stations de dessale- ment. L’expert estime que «plus de la moitié de la puissance du câble, soit 1.800 MW, devra être réservée aux futures stations, permettant ainsi de couvrir 75% des besoins en eau potable (en base 2023), si la sécheresse perdure». Cette infrastructure colossale pourrait non seule- ment satisfaire les besoins des stations actuelles, mais aussi
Au total dans le monde, on estime que le dessalement par osmose inverse utilise 100 TWh d’énergie électrique
par an, soit l’équivalent
d’environ 0,4% de la consommation électrique mondiale.
Dessalement de l’eau de mer
l’eau, mais ils posent une ques- tion déterminante : le Maroc a-t-il les capacités énergétiques nécessaires pour mener à bien ses ambitions ? Le dessalement est en effet énergivore. L'osmose inverse, la technologie majoritairement utilisée au Maroc, consomme environ 4 kWh par m³ d'eau pro- duit. En d’autres termes, pro- duire l'eau que pour les grandes villes et les secteurs agricoles et industriels exige une quantité d’énergie colossale. Produire l'eau dont les grandes villes et les secteurs agricoles et industriels ont besoin, exige une quantité d’énergie colossale. Une solution indispensable, mais énergivore Par Désy M. L
e Maroc est en pleine transfor- mation face à une crise hydrique aigue. Après des années de sècheresse prolongée et des pluies de plus en plus rares, le pays a pris une décision cru- ciale : accélérer les projets de dessalement de l’eau de mer pour répondre à une demande croissante en eau. Des stations de dessalement existent déjà, comme celle de Chtouka-Aït Baha destinée à approvisionner le grand Agadir, mais le nombre de projets en cours s'est accéléré. Les autres villes côtières, telles
que Casablanca, Safi et Dakhla deviendront des épicentres de cette nouvelle infrastructure, avec une ambition de produire 1,3 milliard de m³ d'eau dessa- lée par an d'ici 2030. «Durant les sept dernières années, le Maroc a connu une très forte baisse de la pluvio- métrie, qui a conduit le gou- vernement à faire appel à la construction de stations de des- salement de l’eau mer, pour faire face de manière prioritaire aux besoins en eau potable esti- més à 1.600 millions de m³/an. L’objectif étant de pouvoir assu- rer 50% de ses besoins, soit 800 millions de m³/an, avec le dessalement de l’eau de mer» , affirme le docteur Saïd Guemra, expert Conseil en management de l’énergie. Ces projets sont un pilier essentiel dans la stra- tégie nationale de gestion de
«Les 10 projets de stations en cours de développement auront un besoin électrique annuel de 1,57 TWh/an, nécessitant une capacité renouvelable de 450 MW, voire 900 MW pour atteindre l’objectif de 800 mil- lions de m³/an, soit 50% des besoins actuels» , précise Saïd Guemra.
Le pari du dessalement appuyé par des énergies propres est non seule- ment une réponse à la crise hydrique actuelle, mais aussi un modèle pour l’avenir.
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