FNH N° 1201 (1)

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 26 juin 2025 - 8 DH - N° 1201

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Conjoncture

Banque

«CIH Bank a changé de dimension»

Ciel dégagé sur l'économie marocaine

 Lotfi Sekkat, PDG de CIH Bank

P. 2/17

P.13

P. 18/19

Paiements - IA - Digitalisation La stratégie de Visa au Maroc décryptée  Entretien avec Leila Serhan, Senior Vice-President and Group Country Manager Visa, North Africa.

Placements La prudence recule, le risque séduit

Ali Khamenei Le dernier ayatollah ?

P.14/15

P.28/29

P. 12

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025

4 5 6 ACTUALITÉ

27 L'UNIVERS DES TPME

Editorial

Entretien avec Salwa Harif : ISSROAD, «En matière de cybersécurité, chaque maillon compte»

Voyons voir : Climat : Du thermomètre au PIB Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs

BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo : Les marchés bousculés par les risques géopolitiques Construction : Ce qu’il faut savoir sur les nouvelles assurances obligatoires Placements : La prudence recule, le risque séduit Banque : «CIH Bank a changé de dimension» Entretien avec Leila Serhan : Paiements - IA – Digitalisation, La stratégie de Visa au Maroc dé- cryptée Bourse de Casablanca : De TGCC à CMGP, les cinq IPO qui ont réveillé le marché

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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

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Chômage

L L’arrière-plan qui dérange

28 Ali Khamenei : Le dernier ayatollah ? POLITIQUE

e Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le 24 juin sa réunion trimestrielle. Pas de surprise, le taux directeur reste planté à 2,25%. Il faut dire que BAM a ses raisons : l’inflation est domptée, les anticipations restent calmes et les nuages géo- politiques, de Gaza à Taïwan en passant par l’Ukraine et le détroit d'Ormuz, justifient bien quelques prudences. Mais la vraie (bonne) nouvelle, c’est la révision à la hausse des projections de croissance. L’économie marocaine devrait bondir de 4,6% en 2025, au lieu des 3,9% prévus en mars par la Banque centrale. La croissance est portée par un sursaut des secteurs non agri- coles, dopés par les investissements massifs dans les infrastructures. La LGV, les chantiers de la CAN 2025 et la perspective du Mondial 2030 sont autant d’éléments qui participent à asseoir une bonne dynamique. L’agriculture, elle aussi, reprend des couleurs. On table sur une récolte céréalière de 44 millions de quintaux cette année, suffisante pour redonner un peu d’allure à la valeur ajoutée du secteur (+5%). Côté inflation, les prix s’assagissent, avec un «petit» 0,4% en mai. Elle terminerait d’ailleurs l’année 2025 sur une moyenne autour de 1%, avant de s’établir à 1,8% en 2026. Néanmoins, cette embellie dissimule mal une problématique structu- relle plus profonde : la courbe du chômage refuse de s’aplatir. Entre T1-2024 et T1-2025, le taux de chômage a certes reculé, passant de 13,7 à 13,3%, mais c’est à peine un frémissement quand on sait que plus d’1,6 million de Marocains cherchent encore un emploi. Et sur- tout, chez les jeunes de 15 à 24 ans, le taux de chômage atteint des sommets vertigineux : 37,7%. Chaque année, des centaines de milliers de jeunes arrivent sur le marché du travail. Et le modèle économique actuel, malgré ses progrès, reste encore trop peu inclusif. Autre bémol : le sous-emploi est en hausse, passant de 10,3 à 11,8% en un an. Traduction : on bosse, oui, mais souvent en dessous de ses capacités, de ses compétences ou de ses besoins. Face à ce défi, le gouvernement a brandi une nouvelle feuille de route pour l’emploi, articulée autour de l’offre et de la demande. Autrement dit, il ne s’agit plus seulement de former les jeunes à tout-va, mais de s’assurer qu’en face il y a bien des entreprises capables de les absor- ber. D’où les 15 milliards de dirhams injectés pour soutenir les PME, encourager l’auto-emploi ou renforcer les passerelles entre formation et insertion. L’ANAPEC, un peu poussiéreuse, devra au passage faire sa mue. Tout cela va dans le bon sens. Mais les résultats, eux, mettront du temps à se faire sentir. Or, le temps presse. C’est dire que le Maroc a besoin davantage qu’une simple embellie macroéconomique. Il lui faut une croissance robuste, pérenne et inclusive, capable de faire respirer le marché du travail en intégrant sa jeunesse dans le circuit productif. u

Conjonture : Croissance rapide et inflation maîtri- sée, l'économie marocaine bat la chamade Réforme des marchés publics : Deux ans après, quel bilan pour les PME ? Entretien avec Said Tahiri : Tourisme, «Il faut investir dans la montée en compétence des jeunes dans l’hôtellerie» Culture de la pastèque : Les aléas climatiques per- turbent l’essor de la filière Flottes et mobilité : Arval Maroc dévoile les résul- tats de son baromètre pour l’année 2025 Automobile : M-Automotiv devient distributeur exclusif de Soueast 17 18 20 23 24 25 ECONOMIE

Energie : Plus que jamais, le Maroc doit muscler ses infrastructures vertes 30 DEVELOPPEMENT DURABLE

32 HIGH-TECH

Intelligence artificielle : Amie ou ennemie de notre cerveau ?

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025

Climat

Du thermomètre au PIB

pagne agricole 2023–2024, privée d’eau, s’est soldée par une baisse drastique de la production céréalière, estimée à -43%, soit 31,2 millions de quintaux. Et si quelques cultures arboricoles et maraîchères ont mieux résisté grâce à des pluies tardives en février, cela tient plus du sursis que du salut. Dans un pays où l’agriculture pèse encore lourd dans l’emploi rural, la sécurité alimentaire et la balance commerciale, l’impact est profond. Le ralentissement du secteur agricole plombe méca- niquement le PIB. Il s’infiltre dans les chiffres de la croissance. Moins de récoltes, c’est moins de revenus pour les exploitants, moins de transport, moins de transformation, moins de commerce... Et plus d’emplois perdus. Un cercle vicieux bien connu, mais qui s’accélère dangereusement. Ce déficit hydrique touche également les réserves stratégiques en affectant notamment le taux de remplissage des barrages. L’eau potable elle- même devient un sujet de tension croissante, avec des restrictions dans plusieurs régions du Royaume.

Transition hydrique et agricole Face à cette situation, le gouvernement semble prendre la mesure du défi. Nizar Baraka l’a martelé : l’information climatique est désormais un levier stratégique pour guider les investisse- ments et adapter les politiques publiques. C’est sous cet angle qu’il faut apprécier la transition hydrique en cours. Construction de stations de dessalement et de nouveaux barrages, réutili- sation des eaux usées, programmes d’irrigation localisée et rationalisation de l’usage domestique sont autant d’initiatives déployées qui devront permettre, à moyen et long termes, de résorber le déficit hydrique. Quant à la transition agricole, elle reste ina- chevée. Le Plan Maroc Vert, puis la stratégie Génération Green, ont posé des jalons. Mais les petits agriculteurs en particulier restent toujours les premières victimes de la sécheresse, raison pour laquelle l’Etat a multiplié ces dernières années les mesures de soutien et d’accompa- gnement. Aujourd’hui, c’est de l’ensemble de la trajectoire économique du pays dont il est question. Car le changement climatique impose forcément une transformation du modèle agricole actuel afin que le Maroc puisse préserver son potentiel de croissance. L’enjeu n’est donc pas seulement de faire rempart à la dictature du climat, mais de construire un modèle économique qui s’affran- chit des caprices de la pluviométrie. Des caprices qui, désormais, sont devenues la norme. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

L a Direction générale de la météorologie (DGM) a présenté, le 20 juin 2025 à Rabat, son rap- port annuel sur l’état du climat, en présence du ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka. 2024 y apparaît comme l’année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc, avec une anomalie thermique de +1,49 °C par rapport à la moyenne 1991–2020. Janvier et novembre ont pulvérisé les records. Et en été, deux régions se sont dis- tinguées par des températures qui interpellent, à savoir Béni Mellal (47,7 °C) et Marrakech (47,6 °C). Par D. William

Mais plus inquiétant encore que la chaleur, c’est l’absence de pluie. Avec un déficit pluviomé- trique annuel de -24,7%, l’année 2024 confirme une tendance qui s’installe : la sécheresse en est à sa sixième saison consécutive. L’année hydro- logique 2023–2024 est même qualifiée de «plus sèche depuis les années 1960», avec un déficit de précipitations de 46,6%. La sécheresse tend à devenir structurelle. Voilà le cœur du problème. Car le climat n’est pas qu’un sujet pour météo- rologues. Il est un déterminant économique de premier plan. Le Maroc, pays à vocation agri- cole, voit dans cette sécheresse chronique un poison lent qui chahute la croissance. La cam-

Le Maroc, pays à vocation agricole, voit dans cette sécheresse chronique un poison lent qui chahute la croissance.

ÇA SE PASSE AU MAROC

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025

Créances en souffrance

Une première opération de titrisation validée

U ne première opération de titrisation de créances en souffrance, portée par une banque, a été autorisée par Bank Al-Maghrib (BAM), tandis qu’un deuxième projet est actuel- lement en cours d’examen, a annoncé, mardi à Rabat, le wali de BAM, Abdellatif Jouahri. S’exprimant lors du point de presse tenu à l’issue de la 2 ème réunion trimestrielle de 2025 du Conseil de BAM, Jouahri a indiqué que ces avancées inter- viennent alors même que certaines contraintes fis- cales restent à lever pour assurer un déploiement optimal de ce marché.

Transport ferroviaire

L’ONCF renforce son offre estivale P our faire face à l’affluence estivale, l’ONCF déploie un dispositif spécial du 23 juin au 14 septembre 2025. L’offre atteint 237 trains/jour, avec un renforcement d’Al Boraq, d’Al Atlas et des trains reliant l’aéroport Mohammed V. Supratours complète l’offre multimodale. L’Office propose aussi des offres tarifaires ciblées, notam- ment la carte Yalla Morocco (-30% sur 10 trajets), le tarif Ahlan (-15% pour les MRE), et la carte Navette été (3 billets aller-retour offerts). Une réduction de 5% est aussi accordée via l’appli- cation ONCF Voyages. Des remises sont prévues avec des partenaires culturels et touristiques. Par ailleurs, tous les autres canaux de vente seront également renforcés, notamment les gui- chets et DAT (Distributeurs automatiques de tickets) en gares, le site marchand www.oncf- voyages.ma ou encore les agences partenaires de la vente de proximité (Chaabi Cash, Tasshilat et Cash Plus). L’ONCF invite à acheter les billets à l’avance pour garantir confort et disponibilité. Enfin, une mobilisation humaine et technique est prévue pour assurer un été fluide et sécurisé sur l’ensemble du réseau ferroviaire national. ■

Il a précisé que le cadre réglementaire progresse, notamment avec la finalisation des disposi- tions relatives au transfert automatique des créances vers les acquéreurs, en coordination avec le Secrétariat général du gouvernement, en charge du pilotage du projet. « Nous devons mainte- nant poursuivre le travail sur l’aspect fiscal, qui demeure un point clé pour assurer l’efficacité du dispositif », a-t-il souligné. La titrisation des créances en souffrance vise à améliorer la solvabilité des banques en leur permettant de céder ces créances à des investisseurs, fluidifiant ainsi leurs bilans. ■

Voies express

1.200 km en chantier ou programmés

L e ministre de l’Équipement, Nizar Baraka, a annoncé à la Chambre des représentants que près de 300 km de voies express sont en cours de construction et 900 km supplémentaires programmés. Parmi les projets phares : Tiznit-Dakhla, Fès-Taounate, l’accès au port Nador West Med, ou encore Tétouan-Chefchaouen. Le programme comprend également la rocade

nord-est d’Agadir, l’autoroute urbaine d’Agadir, et plusieurs élargissements de routes natio- nales et régionales, notamment entre Khénifra et Boujaad (85 km, pour 364 MDH). Côté auto- routes, le ministère accélère les travaux de la liaison Guercif-Nador (104 km, 7,9 MMDH) pour connecter Nador West Med au réseau national. Les chantiers de l’autoroute Tit Mellil-Berrechid (30 km) et de la continentale Rabat-Casablanca (59 km) se poursuivent également. ■

Maroc 2030 : Le pari touristique de l’ONMT prend forme

R éuni à Rabat sous la présidence de Fatim- Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, le Conseil d’administration de l’ONMT a salué des résultats records en 2024, avec 17,4 millions de touristes accueillis. À fin mai 2025, les arrivées progressent de 22%, les nuitées de 17%. Cette dynamique est portée par la straté- gie 2023-2026, axée sur le développement de l’aérien (+25% de sièges), la promotion digitale

et le marketing international. L’ONMT cible 26 millions de visiteurs en 2030, avec l’ambition de franchir les 13 millions de sièges aériens dès 2025. Le tourisme interne est aussi renforcé via des partenariats avec l’ONCF et une communi- cation territoriale accrue. La feuille de route du second semestre 2025 mise sur la campagne «Maroc, terre de football», en lien avec la CAN. A noter que le plan d’action et les comptes de l’Office ont été validés à l’unanimité. ■

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ÇA SE PASSE AILLEURS

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Royaume-Uni

Europe

L'Insee prévoit une croissance ralentie à 0,6% en 2025 France

«La BCE a terminé en grande partie sa lutte contre l'inflation»

La Banque d'Angleterre maintient son principal taux à 4,25% L a Banque d'Angleterre (BoE) a, comme prévu, laissé inchangé son principal taux directeur à 4,25%, et indiqué qu'elle se concentrerait sur l'affai- blissement du marché du travail et la hausse des prix de l'éner- gie avec les tensions au Moyen- Orient. Le comité de politique monétaire (MPC) de la BoE a voté par 6 voix contre 3 en faveur de ce statu quo, tandis qu'un sondage Reuters réa- lisé auprès d'économistes pré- voyait un vote 7-2 pour le maintien des taux. « Les taux d'intérêt restent sur une trajectoire graduelle à la baisse », a déclaré le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, bien que les déci- deurs politiques aient ajouté que les taux d'intérêt n'étaient pas sur une trajectoire préétablie. « Le monde est très imprévisible. Au Royaume-Uni, nous observons des signes de ralentissement sur le marché du travail. Nous exami- nerons attentivement dans quelle mesure ces signes se répercutent sur l'inflation des prix à la consom- mation », a-t-il ajouté. ■

«L a BCE a terminé en grande partie sa lutte contre l'inflation » La Banque centrale européenne (BCE) a «largement» achevé sa lutte contre l'inflation élevée dans la zone Euro, même si les prix dans le secteur des services aug- mentent encore trop rapidement, a déclaré Philip Lane, écono- miste en chef de l'institut. « Si l'inflation globale est actuelle- ment proche de l'objectif, l'infla- tion dans le secteur des services a encore du chemin à parcourir pour s'assurer que l'inflation se st abilise durablement à l'objec- tif», a détaillé l'économiste lors d'un événement à Londres, affir- mant que « les progrès réalisés dans le retour de l'inflation à

l'objectif sont suffisants pour considérer que ce défi de poli- tique monétaire est en grande partie relevé ». La désinflation dans la zone Euro devrait se poursuivre indépen- damment de la volatilité des prix du pétrole liée aux troubles au Moyen-Orient, a par ailleurs déclaré mardi Luis de Guindos, vice-président de la BCE, lors d'un autre événement en Espagne. « Si le prix du pétrole augmente - bien qu'il semble avoir été quelque peu contenu -, nous devrons en tenir compte, mais toujours dans un contexte où le processus de désinflation sous- jacent est relativement clair », a-t- il indiqué. ■

L a croissance française devrait subir un net coup de frein en 2025, avec une hausse du produit intérieur brut (PIB) attendue à 0,6% après 1,1% en 2024, dans un contexte de restrictions budgétaires et d'incerti- tude économique mondiale, a indiqué l'Insee. « Lentement, la zone Euro sort de sa torpeur, malgré le retournement des échanges mondiaux », avec un réveil de l'investissement notamment, mais « l'économie française ne semble pas évoluer au diapason du continent », souligne l'Institut national de la statis- tique dans sa note de conjoncture. « Alors qu'en 2023 et 2024, l'activité française avait plutôt mieux résisté (...) que dans les autres pays européens, les moteurs tricolores s'essoufflent désormais », a-t-il développé. ■

Taux de la FED

L e président de la Banque centrale des États-Unis (FED) Jerome Powell, a répété mardi qu'il ne voyait «pas d'urgence» à bais- ser les taux d'intérêt, à contre-courant d'autres membres de l'institution, et surtout de Donald Trump. « Pour l'instant, nous sommes bien placés pour attendre d'en savoir plus sur l'évolution probable de l'économie avant d'envisager tout ajustement de notre politique », a déclaré Powell au début d'une audition devant la Commission financière de la Chambre des représentants à Washington. « Je ne pense pas que nous avons besoin de nous presser [de bouger les taux] parce que l'écono- Powell temporise, Trump s'acharne

mie est toujours solide », a-t-il dit un peu plus tard. Le patron de la FED fait face depuis des mois à un feu nourri de critiques de la part de Trump. Le président américain lui reproche de conduire une politique monétaire trop restrictive. Quelques heures avant l'audition de mardi, Trump a qualifié Powell de «bête» et «têtu». Les États- Unis vont payer « pour son incompétence pen- dant bien des années », a jugé le chef de l'État. « Pas d'inflation, une superbe économie. Nous devrions être au moins deux ou trois points [de pourcentage] plus bas » en matière de taux direc- teurs, a également affirmé le président Trump sur sa plateforme Truth Social. ■

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Point Bourse Hebdo Les marchés bousculés par les risques géopolitiques Evolution de l'indice Masi depuis début juin 2024

Le Masi perd du terrain cette semaine, dans un marché où les repères économiques cèdent le pas aux risques géopolitiques. La tendance reste solide, mais la boussole a changé.

C Par Y . Seddik

ette semaine encore, les fondamen- taux ont quitté la scène. Inflation, taux, croissance… tout cela a été mis de côté. Ce sont désormais les mots «cessez-le-feu», «raid», «riposte» ou «Trump» qui dictent l’orientation des marchés. La Bourse de Casablanca n’échappe pas à cette logique. Plus rien ne s’ancre dans les chiffres, tout dépend de ce qui tombera (ou pas) dans les prochaines heures. La Bourse de Casablanca a connu un repli de 2,5%, l’un des plus mar- qués depuis plusieurs semaines. Le Masi, tombé à 17.957 points, a tout de même repassé la barre des 18.000 en milieu de semaine, soutenu par l’annonce d’un cessez- le-feu entre Israël et l’Iran. Douze jours de conflit, un accord fragile, mais pour les marchés, c’est un répit suffisant pour enclencher un rebond technique. Mais la réalité est plus instable. Car derrière ce retour de calme appa-

rent, rien ne garantit que l’équi- libre tiendra. Et tout le monde le sait. L'incertitude reste structurelle: guerre gelée à l’Est, tensions au Moyen-Orient, nouvelle doctrine commerciale américaine en poin- tillés, et un président américain qui pèse plus que toutes les Banques centrales réunies. À la moindre déclaration, les courbes changent de sens. Ce n’est plus un envi- ronnement économique, c’est un terrain miné. En termes de flux, les volumes ont été corrects, proches des 2 mil- liards de dirhams. Le marché cen- tral a concentré l’essentiel de l’acti- vité, notamment sur TGCC (14,7% des échanges), Attijariwafa bank (10,5%) et Marsa Maroc (8,3%). La capitalisation du marché s’établit à 942,6 Mds de dirhams, en légère érosion. Attijariwafa bank reste en tête (15,18% du total), suivie de Maroc Telecom (10,05%) et Taqa Morocco (7,22%).

TOP Performances

FLOP Performances

Alliances Sothema CFG Bank

-7,4%

+37,84% +30,18%

Involys Ib Maroc Stroc Industrie

-6,79%

-6,57%

+27,62%

Les performances sectorielles sont à l’image du climat : tranchées. Le transport décroche de 6,42%, la pharma de 6,14%, et l’immobilier de 5,3%. Trois secteurs exposés, trois replis nets. À l’inverse, très peu de poches de résistance. Les biens d’équipement industriels tirent leur épingle (+21,45%), mais sur un mouvement isolé. La sylviculture et les assurances progressent à peine. Côté macro, peu de visibilité. C’est le wali de Bank Al-Maghrib qui l’a dit le plus clairement cette semaine : «Dans ce contexte, il devient difficile d’évaluer avec précision tout impact conjoncturel». Pas de changement

sur le taux directeur. BAM reste en statu quo. Et c’est sans doute le seul point stable de la période. Par ailleurs, une réalité s’installe : l’été sera chaud, mais pas à cause des taux ou des publications tri- mestrielles. Il sera chaud parce que les marchés, désormais, n’ont plus de boussole. Juste un fil tendu entre diplomatie, désinformation, et décisions unilatérales. Et ce fil peut lâcher à tout moment. Pour l’heure, la performance annuelle du Masi reste solide (+23%), mais les secousses s’inten- sifient. Et la volatilité, elle, n’est pas près de se calmer. ◆

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 L’ACAPS a expliqué les modalités d’application des assurances obligatoires :

«Tous risques chantier» et «Responsabilité civile décennale».

Construction Ce qu’il faut savoir sur les nouvelles assurances obligatoires A Alors que le cadre normatif du secteur du bâtiment et des travaux publics se consolide, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a tenu une masterclass à Casablanca à l’intention des journalistes spécialisés. partie non résidentielle), vise à prémunir le maître d’ou- vrage contre les sinistres sur- venant pendant la période de construction. Par ailleurs, le périmètre de couverture inclut les dom- mages affectant l’ouvrage, les matériaux et équipements destinés à être incorporés, ainsi que les atteintes à des tiers résultant des travaux. La responsabilité civile chantier, distincte de la RCD, fait donc partie intégrante du contrat TRC. L’objectif était d’expliciter le régime des assurances obligatoires «Tous risques chantier» (TRC) et «Responsabilité civile décennale» (RCD), dont l’entrée en vigueur au 30 décembre 2024 marque une étape déterminante dans l’encadrement assurantiel des projets de construction au Maroc. Par Y. Seddik

sont encadrées réglementai- rement (plafonnées à 7% du montant des dommages ou 20.000 dirhams forfaitaires). Le plafond de garantie, quant à lui, ne peut être inférieur au coût déclaré du chantier, dans la limite de 500 millions de dirhams pour un ouvrage unique.

RCD : dix ans de couverture pour les sinistres structurels

La responsabilité civile décennale, régie par l’article 157-10 du Code des assu- rances, reprend les principes déjà ancrés dans le Code des obligations et contrats (article 769), mais leur donne désormais une assise assu- rantielle obligatoire. Autrement dit, elle vise les dommages graves affectant la solidité ou l’usage de l’ou- vrage : effondrement total ou partiel, menace d’effondre- ment, défauts de fondation ou vice de conception. Elle ne couvre ni les dommages mineurs, ni les éléments de second œuvre, sauf rachat explicite. La durée de garan- tie s’étend à dix ans à partir de la réception des travaux, sans tenir compte de la date de souscription. En pratique, l’assurance peut être contractée par le maître d’ouvrage pour le compte des intervenants, ou direc-

nnoncée dès 2016 dans le cadre de la loi 59-13, modi- fiant le Code des assu- rances, l’obligation d’assu- rance TRC et RCD n’avait jusque-là pas connu de mise en œuvre effective, faute de textes d’application. Or, cette lacune a été comblée par la publication, en décembre 2024, de deux arrêtés minis- tériels (3201-24 et 3202-24) définissant les conditions contractuelles types, les fran- chises applicables, les pla- fonds minimaux de garantie et les exclusions autorisées. En effet, la TRC et la RCD s’inscrivent dans une logique

complémentaire : la première couvre les dommages maté- riels et responsabilités pen- dant la phase d’exécution du chantier; la seconde prend le relais pour une période de dix ans suivant la récep- tion des travaux, ciblant les dommages graves affectant la structure ou compromet- tant la sécurité de l’ouvrage. Ainsi, l’assurance «Tous risques chantier» , désor- mais obligatoire pour toute construction à usage d’habi- tation de plus de trois étages ou de surface supérieure à 800 m² (ou usage mixte dépassant 400 m² pour la

Concernant les modalités, les franchises peuvent être fixes ou proportionnelles, mais

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tement par ces derniers. En cas de contrôle, la présentation de l’attestation est obligatoire. Quant aux franchises, elles sont fixées selon une double logique : pour les projets d’un coût inférieur à 500 millions de dirhams, elles ne doivent pas dépasser 50.000 dirhams; au-delà, elles sont pla- fonnées à 100.000 dirhams. Une formule de revalorisation du coût de reconstruction est prévue pour le calcul de l’indemnisation, intégrant un coefficient d’actuali- sation annuel de 5%, avec prise en charge des frais de démolition et de déblaiement à hauteur d’un dixième de la valeur du sinistre. En outre, les exclusions auto- risées (guerres, émeutes, faute intentionnelle, non-respect des réserves du bureau de contrôle technique) sont listées de manière exhaustive dans les textes d’ap- plication. À l’exception des pertes issues de fautes dolosives, toutes peuvent être rachetées via une surprime.

acquéreurs finaux et accélérer l’indemnisation des victimes en cas de défaillance structurelle. Comme l’ont souligné les interve- nants, la mise en place de ce cadre obligatoire traduit un changement de paradigme : «l’assurance n’est plus une variable d’ajustement ou une formalité administrative, mais un levier de qualité et de sécuri- sation à chaque étape du cycle de vie d’un ouvrage». ◆

Les constructions réalisées pour le compte de l’État, ou les ouvrages d’art, maritimes, fluviaux, infrastructures linéaires sont exclus du champ de l’obligation.

régulateur technique. L’Autorité s’engage dans un effort de vul- garisation ciblée à l’intention des médias, afin d’instaurer une

culture assurantielle plus ancrée dans le secteur. Le dispositif vise à garantir la sécurité juridique des maîtres d’ouvrage, protéger les

Un dispositif contrôlé et assorti de sanctions

L’entrée en vigueur du nouveau régime ne repose pas sur l’auto- déclaration : au contraire, elle est assortie de mécanismes de contrôle et de sanctions. Les agents chargés du contrôle de l’urbanisme peuvent vérifier l’existence des assurances en cours de chantier. L’absence d’attestation RCD au moment de la demande du permis d’habiter entraîne une amende proportion- nelle à la superficie construite (6 dirhams/m²). Les amendes prévues vont jusqu’à 100.000 dirhams pour chaque manque- ment. Il convient de souligner que le régime s’applique unique- ment aux ouvrages privés. Les constructions réalisées pour le compte de l’État, ou les ouvrages d’art, maritimes, fluviaux, infras- tructures linéaires (ponts, routes, barrages) sont exclus du champ de l’obligation. Toutefois, les marchés publics restent soumis à des exigences assurantielles contractuelles spécifiques. À travers cette initiative, l’ACAPS ne se limite pas à son rôle de

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Les raisons de cet engouement sont multiples : une hausse de 22,2% de l’indice MASI en 2024, qui a ravivé l’attrait pour les actions, des introductions en Bourse à suc- cès, comme celle de CMGP Group, sursouscrite 37 fois, avec une forte participation des particuliers, et surtout une digitalisation des ser- vices de courtage, qui facilite l’ac- cès aux marchés pour un public jeune, connecté, autonome. Les plateformes de Bourse en ligne ont vu leur base d’utilisateurs actifs doubler en un an, pour atteindre 12.000 personnes en 2024. Les sociétés de Bourse, quant à elles, recensent plus de 14.500 investis- seurs actifs, dont une écrasante majorité de particuliers marocains. Le virage d’une génération plus investie La dynamique actuelle ne doit pas être perçue comme une simple réponse conjoncturelle à un marché haussier. Elle traduit aussi un changement structurel. L’épargnant devient plus informé, plus réactif, et surtout plus exigeant face à la faiblesse persistante des taux d’intérêt. L’idée d’investir pour valoriser son patrimoine, plutôt que simplement le sécuriser, s’ins- talle peu à peu dans les mentalités. Ce changement est renforcé par la visibilité économique donnée par des événements comme la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, ainsi que par l’assouplissement de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib. Autant de signaux positifs qui contribuent à restaurer la confiance sur les marchés. En définitive, l’épargne au Maroc entre dans une nouvelle phase. Loin de se substituer totalement à l’épargne sécurisée, les place- ments dynamiques s’y ajoutent, dans un objectif de diversification. L’idée n’est plus de choisir entre la prudence et la performance, mais de composer un portefeuille équi- libré, adapté à ses projets et à son profil de risque. Le retour des particuliers sur la Bourse, la montée des UC et la digitalisation accélérée du secteur financier en sont les signes les plus tangibles. Le message est clair: l’épargne marocaine n’est plus passive, mais en mouvement. ◆

 Face aux rendements stagnants de l’épargne bancaire, de plus en plus de Marocains osent franchir le pas vers des solutions plus risquées, mais plus rémunératrices.

Placements La prudence recule, le risque séduit L Entre chute des taux réglementés et inflation maîtrisée, l’épargne bancaire offre un rendement réel à peine positif. Dans ce contexte, les investisseurs particuliers se repositionnent. Assurance- vie en unités de compte, retour en force sur la Bourse de Casablanca (+20% de comptes-titres), digitalisation du courtage…, l’épargnant diversifie ses choix et assume davantage le risque pour préserver le pouvoir d’achat de son capital. Par Y. Seddik rendements intéressants : jusqu’à 37% de rendement sur les fonds actions et plus de 7% sur les fonds obligataires, selon les experts de La Marocaine Vie.

es Marocains changent de posture face à leur épargne. Longtemps concentrés sur des produits sûrs mais peu rémunérateurs, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des placements plus dynamiques. Assurance-vie en uni- tés de compte, marché actions et solutions digitalisées prennent le relais de l’épargne bancaire tradi- tionnelle, à mesure que le capital cherche à mieux se valoriser. Les produits bancaires réglemen- tés (comptes sur carnet et dépôts à terme sur différentes maturités) continuent d’accueillir l’essentiel de l’épargne des ménages. Fin avril 2025, les dépôts bancaires des ménages ont atteint 929,6 mil- liards de dirhams, en hausse de 6,5% sur un an. Mais le rendement n’est plus au rendez-vous. Le taux du compte sur carnet, ajusté deux fois par an par Bank Al-Maghrib, a chuté à 2,21% au premier semestre 2025, après avoir culminé à 2,98% un an plus

tôt. Les dépôts à terme ne font guère mieux, atteignant 2,73% sur 12 mois et 2,72% sur 6 mois. Certes, avec une inflation contenue autour de 1%, ces rendements redeviennent positifs en réel. Mais l’écart avec d’autres produits com- mence à peser dans la balance. Face à cette situation, une par- tie des épargnants marocains se tourne vers des solutions plus performantes. L’assurance-vie en unités de compte (UC), pourtant plus risquée, séduit. Au premier trimestre 2025, les UC ont pro- gressé de 9,4%, pour atteindre un encours de 3,5 milliards de dirhams de collecte. Que le client soit prudent ou preneur de risque, les UC offrent le choix entre plu- sieurs profils d’investissement, partant du profil 100% moné- taire (pour les clients prudents) jusqu’au profil 100% actions (pour les clients recherchant la perfor- mance du marché des actions). En 2024, ces supports ont offert des

La Bourse séduit à nouveau les particuliers Le mouvement ne s’arrête pas là. La Bourse de Casablanca, long- temps désertée par les petits por- teurs, connaît une véritable résur- rection. En 2024, le nombre de comptes-titres ouverts par des par- ticuliers a franchi le seuil historique de 215.802, en hausse de plus de 20% sur un an. Le signal est fort : les particuliers sont de retour. Et ce retour ne passe pas inaperçu : leur part dans les volumes échan- gés a grimpé à 25% du marché central, contre seulement 14% en 2023. À titre de comparaison, les OPCVM (32%) et les entreprises marocaines (32%) se partagent le reste du marché, désormais beau- coup plus équilibré.

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Banque «CIH Bank a changé de dimension» Lors d’une conférence de presse organisée mercredi, le top management de CIH Bank a défendu la pertinence de l’augmentation de capital de 1,5 milliard de dirhams. Il l’a présentée non seule- ment comme un renforcement prudent de la solidité financière, mais surtout comme une source d’«énergie» nécessaire pour soutenir l’ambitieuse trajectoire de croissance de la banque. Par A. Hlimi

actions à un prix de souscrip- tion de 358 dirhams, soit une décote d’environ 13% par rap- port au cours de Bourse. «C’est une opportunité claire pour les actionnaires actuels et les nou- veaux investisseurs, avec un potentiel de plus-value à moyen terme et une valeur défensive offrant un rendement récurrent» , a fait valoir la direction. L’opération est structurée avec un ratio de souscription simple: 1 action nouvelle pour 23 DPS. Le détachement du droit préfé- rentiel de souscription est prévu début juillet, avec une clôture de l’opération courant le mois. «Le secteur bancaire reste très solide au Maroc, et l’his- toire boursière de CIH Bank le confirme», a souligné Sekkat. «Mais pour continuer à croître, il nous faut du carburant. Cette augmentation de capital en est le moteur» , conclut-il. ◆

EN BREF

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 Le top manage- ment de CIH Bank

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Auto Hall

Performance solide à fin mai L e Groupe Auto Hall affiche une perfor- mance commerciale solide à fin mai 2025, avec une progression de 17,9% des ventes de véhicules neufs, pour un total de 8.522 unités écoulées contre 7.228 unités un an plus tôt. Cette croissance intervient dans un contexte de transfor- mation du marché automobile marocain, marqué par une accélération de la transi- tion vers les motorisations essence et hybrides, et l’en- trée de nouveaux acteurs qui viennent intensifier la concur- rence et enrichir l’offre. Dans ce contexte renouvelé, Auto Hall capitalise sur son maillage territorial élargi et sur un portefeuille de marques couvrant l’ensemble des caté- gories de véhicules et des profils de clients. A ce titre, la période a été marquée par les préparatifs liés à l’introduction de nouveaux modèles, ainsi que par le renforcement de la disponibilité des modèles phares auprès du réseau.. ◆

IH Bank a changé de dimension» , a affirmé Lotfi Sekkat, PDG de la banque, en dressant un rapide bilan des quinze dernières années. L’établissement, historiquement positionné dans le financement immobilier, s’est mué en une banque universelle à part entière, couvrant l’ensemble des métiers bancaires : banque de détail, financement des entreprises, lea- sing, paiements, et plus récem- ment la gestion d'actifs. «Aujourd’hui, nous pesons 6,2% du marché des crédits et 7% de celui des dépôts» , a précisé Younes Zoubair, directeur finan- cier du groupe. Avec un pro- duit net bancaire en croissance annuelle moyenne de 15% depuis 2019, une rentabilité nette en hausse constante et un coût du risque des plus bas du marché, la banque est résolument bien armée pour capter la croissance future.

Cap sur la «nouvelle génération»

Un besoin de carburant pour un chantier national colossal Pour CIH Bank, le contexte éco- nomique national justifie ample- ment cette offensive stratégique. Le Maroc entre dans une phase de grands travaux : infrastruc- tures hydrauliques, ferroviaires, hospitalières, énergétiques. «Le pays a besoin de 350 milliards de dirhams d’investissement dans les cinq prochaines années. Ces projets auront besoin d’être financés, et nous voulons jouer pleinement notre rôle dans ce chantier» , a souligné Sekkat. En réponse à une question de Financesnews, il a confirmé que la banque intègre les projets d’in- frastructures dans sa feuille de route stratégique. «Nous avons déjà participé au financement de projets structurants comme l’autoroute de l’eau. Ce type de financement très consomma- teur en ressources restera dans notre radar, dans la limite des équilibres bilanciels à préserver» , souligne-t-il. A noter que l’offre publique porte sur l’émission de nouvelles

L’augmentation de capital, d’un montant de 1,5 milliard de dirhams, est présentée par le management comme la rampe de lancement d’un troisième cycle stratégique. Après la phase de structuration (2009-2016) et celle de massifica- tion (2016-2024), CIH Bank entre dans une phase de montée en puissance. «Nous voulons devenir la banque de référence des nouvelles générations», martèle Younes Zoubir. Cela ne se limite pas à une cible jeune par l’âge, mais englobe aussi de nouveaux com- portements bancaires : auto- nomes, digitaux, multicanaux. CIH revendique déjà plus de 3 millions de clients, dont deux millions uti- lisent activement son application mobile. L’objectif est clair : intensifier la conquête de parts de marché en s’appuyant sur les leviers de la technologie, la proximité rela- tionnelle, et une expérience client fluide et adaptée aux usages modernes.

L’augmentation de capital est présentée par le management comme la rampe de lancement d’un troisième cycle stratégique.

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Paiements - IA - Digitalisation La stratégie de Visa au Maroc décryptée

rations back-office, contribuant ainsi à renforcer l’efficacité des systèmes de paiement digitaux. Ces deux startups ont bénéfi- cié d’un accompagnement dédié, d’un mentorat sur-mesure, d’un soutien technique et d’un accès privilégié au réseau mondial de Visa. Notre confiance en leur potentiel s’est vue renforcée lorsque nous avons annoncé des partenariats stratégiques avec elles lors du Gitex Africa, illustrant notre conviction selon laquelle les solutions locales sont les mieux placées pour répondre aux enjeux locaux. Nous sommes impatients d’accueillir d’autres startups marocaines dans nos prochaines promotions. D’ailleurs, les candi- datures pour la cinquième cohorte sont actuellement ouvertes jusqu’au 15 août 2025, pour les startups africaines en phase Seed jusqu’à la Série A. F. N. H. : À votre avis, quels sont les leviers les plus effi- caces pour renforcer les partenariats public-privé en faveur de la digitalisation des paiements au Maroc ? L. S. : Je me rends régulière- ment au Maroc dans le cadre de nos engagements avec nos partenaires locaux, et je suis convaincue que le pays a déjà posé des bases solides pour sa transformation digitale. La pro- chaine étape consiste à amplifier ces efforts grâce à des collabora- tions renforcées. Pour y parvenir, plusieurs leviers clés s’imposent. Tout d’abord, l’instauration d’un environnement réglementaire favorable est essentielle. Des dis- positifs tels que les sandboxes réglementaires qui permettent de tester des solutions innovantes en toute sécurité, sans compro- mettre la protection des consom- mateurs. Cela va de pair avec le développement d’infrastructures communes, car l’interopérabilité est un facteur clé. Lorsque des institutions financières, fintechs et régulateurs collaborent autour de systèmes sûrs et interconnectés, c’est tout l’écosystème qui en bénéficie. Il est également fonda- mental d’adopter une approche constructive et inclusive des poli- tiques publiques, afin de com-

À l’occasion de la deuxième édition du Visa Fintech Day à Casablanca,

Leila Serhan, Senior Vice-President and Group Country Manager Visa, North Africa, Levant & Pakistan, revient sur les engagements de l’entreprise en faveur de l’écosystème fintech au Maroc. Innovation, inclusion financière et intelligence artificielle sont au cœur d’une stratégie qui vise à bâtir une économie numérique plus résiliente, inclusive et tournée vers l’avenir.

Propos recueillis par K. A.

Finances News Hebdo : Visa multiplie ses initiatives au Maroc et à travers l’Afrique. Quels sont aujourd’hui vos principaux axes d’interven- tion dans l’écosystème fin- tech local ? Leila Serhan : Chez Visa, nous nous considérons comme le réseau des réseaux et le parte- naire de référence pour l’innova- tion digitale à travers l’Afrique. Au Maroc, notre approche repose sur un engagement actif en faveur du développement d’un écosystème fintech résilient et inclusif. Nous concentrons nos efforts autour de trois piliers stratégiques. Premièrement, nous avons à cœur de soutenir les fintechs à travers des programmes dédiés, comme le Visa Africa Fintech Accelerator et le Visa Everywhere Initiative, conçus pour leur fournir les outils, les financements et la portée mondiale nécessaires pour se développer. Deuxièmement,

nous œuvrons à promouvoir des paiements numériques sûrs et inclusifs, avec une attention particulière portée aux popula- tions sous-desservies et aux PME. C’est dans ce cadre que nous déployons des technolo- gies comme Tap-to-Phone, qui permet aux microentreprises et petits commerçants d’accepter les paiements simplement via leur smartphone. Enfin, nous sommes résolument tournés vers l’avenir, en accélérant l’innovation portée par l’intelligence artificielle, avec l’introduction de solutions de nouvelle génération telles que le Visa Flexible Credential, qui redé- finit l’expérience de paiement. Toutes ces initiatives s’inscrivent dans la droite ligne de la straté- gie Maroc Digital 2030, et nous sommes fiers d’être un catalyseur durable de la transformation digi- tale du pays.

F. N. H. : Vous avez lancé un programme d’accéléra- tion dédié. Quels résultats concrets avez-vous obser- vés, notamment du côté des startups marocaines ? Le Visa Africa Fintech Accelerator, lancé en 2023, porte déjà ses fruits avec des résultats concrets et prometteurs. Je suis particulièrement fière que deux startups marocaines innovantes aient été sélectionnées pour faire partie de notre toute première cohorte. La première, Chari, est une plateforme B2B qui collabore avec Visa pour accélérer la digi- talisation des PME, notamment dans les zones sous-desservies au Maroc et en Afrique du Nord. La seconde, PayTic, accompagne les institutions financières dans l’amélioration de leurs disposi- tifs de contrôle des risques et dans l’optimisation de leurs opé- L. S. :

Nous œuvrons à promouvoir des paiements numériques sûrs et inclusifs, avec une attention particulière portée aux populations sous-desservies et aux PME.

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