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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025

Les raisons de cet engouement sont multiples : une hausse de 22,2% de l’indice MASI en 2024, qui a ravivé l’attrait pour les actions, des introductions en Bourse à suc- cès, comme celle de CMGP Group, sursouscrite 37 fois, avec une forte participation des particuliers, et surtout une digitalisation des ser- vices de courtage, qui facilite l’ac- cès aux marchés pour un public jeune, connecté, autonome. Les plateformes de Bourse en ligne ont vu leur base d’utilisateurs actifs doubler en un an, pour atteindre 12.000 personnes en 2024. Les sociétés de Bourse, quant à elles, recensent plus de 14.500 investis- seurs actifs, dont une écrasante majorité de particuliers marocains. Le virage d’une génération plus investie La dynamique actuelle ne doit pas être perçue comme une simple réponse conjoncturelle à un marché haussier. Elle traduit aussi un changement structurel. L’épargnant devient plus informé, plus réactif, et surtout plus exigeant face à la faiblesse persistante des taux d’intérêt. L’idée d’investir pour valoriser son patrimoine, plutôt que simplement le sécuriser, s’ins- talle peu à peu dans les mentalités. Ce changement est renforcé par la visibilité économique donnée par des événements comme la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, ainsi que par l’assouplissement de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib. Autant de signaux positifs qui contribuent à restaurer la confiance sur les marchés. En définitive, l’épargne au Maroc entre dans une nouvelle phase. Loin de se substituer totalement à l’épargne sécurisée, les place- ments dynamiques s’y ajoutent, dans un objectif de diversification. L’idée n’est plus de choisir entre la prudence et la performance, mais de composer un portefeuille équi- libré, adapté à ses projets et à son profil de risque. Le retour des particuliers sur la Bourse, la montée des UC et la digitalisation accélérée du secteur financier en sont les signes les plus tangibles. Le message est clair: l’épargne marocaine n’est plus passive, mais en mouvement. ◆

 Face aux rendements stagnants de l’épargne bancaire, de plus en plus de Marocains osent franchir le pas vers des solutions plus risquées, mais plus rémunératrices.

Placements La prudence recule, le risque séduit L Entre chute des taux réglementés et inflation maîtrisée, l’épargne bancaire offre un rendement réel à peine positif. Dans ce contexte, les investisseurs particuliers se repositionnent. Assurance- vie en unités de compte, retour en force sur la Bourse de Casablanca (+20% de comptes-titres), digitalisation du courtage…, l’épargnant diversifie ses choix et assume davantage le risque pour préserver le pouvoir d’achat de son capital. Par Y. Seddik rendements intéressants : jusqu’à 37% de rendement sur les fonds actions et plus de 7% sur les fonds obligataires, selon les experts de La Marocaine Vie.

es Marocains changent de posture face à leur épargne. Longtemps concentrés sur des produits sûrs mais peu rémunérateurs, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des placements plus dynamiques. Assurance-vie en uni- tés de compte, marché actions et solutions digitalisées prennent le relais de l’épargne bancaire tradi- tionnelle, à mesure que le capital cherche à mieux se valoriser. Les produits bancaires réglemen- tés (comptes sur carnet et dépôts à terme sur différentes maturités) continuent d’accueillir l’essentiel de l’épargne des ménages. Fin avril 2025, les dépôts bancaires des ménages ont atteint 929,6 mil- liards de dirhams, en hausse de 6,5% sur un an. Mais le rendement n’est plus au rendez-vous. Le taux du compte sur carnet, ajusté deux fois par an par Bank Al-Maghrib, a chuté à 2,21% au premier semestre 2025, après avoir culminé à 2,98% un an plus

tôt. Les dépôts à terme ne font guère mieux, atteignant 2,73% sur 12 mois et 2,72% sur 6 mois. Certes, avec une inflation contenue autour de 1%, ces rendements redeviennent positifs en réel. Mais l’écart avec d’autres produits com- mence à peser dans la balance. Face à cette situation, une par- tie des épargnants marocains se tourne vers des solutions plus performantes. L’assurance-vie en unités de compte (UC), pourtant plus risquée, séduit. Au premier trimestre 2025, les UC ont pro- gressé de 9,4%, pour atteindre un encours de 3,5 milliards de dirhams de collecte. Que le client soit prudent ou preneur de risque, les UC offrent le choix entre plu- sieurs profils d’investissement, partant du profil 100% moné- taire (pour les clients prudents) jusqu’au profil 100% actions (pour les clients recherchant la perfor- mance du marché des actions). En 2024, ces supports ont offert des

La Bourse séduit à nouveau les particuliers Le mouvement ne s’arrête pas là. La Bourse de Casablanca, long- temps désertée par les petits por- teurs, connaît une véritable résur- rection. En 2024, le nombre de comptes-titres ouverts par des par- ticuliers a franchi le seuil historique de 215.802, en hausse de plus de 20% sur un an. Le signal est fort : les particuliers sont de retour. Et ce retour ne passe pas inaperçu : leur part dans les volumes échan- gés a grimpé à 25% du marché central, contre seulement 14% en 2023. À titre de comparaison, les OPCVM (32%) et les entreprises marocaines (32%) se partagent le reste du marché, désormais beau- coup plus équilibré.

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