ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025
qui propose une offre diversifiée entre Madrid, Barcelone, Séville ou Tenerife, ce qui renforce l’at- tractivité de l’ensemble du pays. Le Maroc ambitionne d’atteindre une capacité de 400.000 lits à l’horizon 2030, soit 100.000 lits à créer, en misant sur des concepts d’hébergement inno- vants comme l’écolodge, le glamping ou les résidences connectées. La professionnalisation du sec- teur touristique passe nécessai- rement par une formation de qualité et d’excellence, couvrant l’ensemble des métiers de la chaîne de valeur. Il ne s’agit pas seulement de former du per- sonnel hôtelier, mais aussi de renforcer les compétences dans des domaines clés comme le guidage touristique, l’animation, la gestion des sites, ou encore l’accueil et le service client. Le développement du capital humain est un levier stratégique pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante en matière d’expé- rience et de confort. Mais c’est surtout l’animation touristique qui doit devenir une priorité stratégique. Trop sou- vent négligée, elle reste l’un des maillons faibles de l’offre maro- caine. Or, l’expérience d’un tou- riste ne se limite pas à la réser- vation d’un hôtel : il attend des activités culturelles et ludiques, adaptées à tous les profils et disponibles tout au long de l’an- née. L’exemple de l’Espagne ou de la Turquie le montre bien grâce à leurs parcs à thème, malls, spec- tacles ou infrastructures de loi- sirs qui structurent l’expérience globale et fidélisent les visiteurs. Développer cette dimension est indispensable pour améliorer l’expérience client, renforcer le taux de retour et transformer les visiteurs en véritables ambassa- deurs de la destination. Enfin, et je ne le rappellerai jamais assez, la digitalisation du parcours touristique reste indispensable pour accompa- gner cette stratégie, moderniser l’offre et répondre aux nouvelles attentes des voyageurs. ◆
Les Marocains résidant à l’étranger
représentent chaque été plus de 30% des arrivées estivales.
dominants, avec un rebond post- Covid très solide. La France, 1er client de la destination Maroc, a envoyé à elle seule plus de 2,6 millions de touristes en 2024. Il y a aussi de nouveaux marchés à fort potentiel : les États-Unis (+45% en 2024), les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Émirats), et le Brésil/Amérique latine qui commencent à peser davantage. Mais notre offre doit aussi s’adapter, en renforçant d’abord les capacités d’accueil, notam- ment dans les aéroports, pre- mière vitrine d’accueil d’un pays pour ses visiteurs, mais aussi en améliorant les infrastructures d’accueil telles que les gares et les parkings touristiques. Il faut aussi encourager les hébergements alternatifs tels que les maisons d’hôtes, glam- ping et les auberges dans les régions saturées, une gestion intelligente des flux à travers notamment la mise en place des outils de régulation des flux dans les médinas, parcs naturels… Et ce, pour limiter la surfréquenta- tion, sans oublier de revisiter les rapport qualité/prix et assurer une accessibilité tarifaire à la centaine de millions de touristes potentiels pour notre destina- tion. A ce propos, il y a lieu de développer une offre milieu de gamme et famille (hébergement, restauration, transport) pour res- ter compétitif face à la Turquie, la Tunisie ou l’Espagne. Tout cela pour renforcer l’ex- périence client, créer des cir-
cuits intégrés, et investir dans la signalétique multilingue. Avec des enjeux importants tels que l’augmentation de la dépense par visiteur, avec l’objectif de tendre vers les niveaux turc ou espagnol (+ $1.000/visiteur), soit un potentiel de +50 Mds de DH de recettes supplémentaires. D’autres enjeux sont tout aussi importants : il s’agit de diver- sifier les marchés émetteurs et réduire la dépendance à l’Europe (≈80%), développer l’Amérique du Nord, le Moyen-Orient, l’Asie, l’Inde et la Chine en particulier; allonger la durée de séjour et passer de ~28 M nuitées à des niveaux comparables à l’Egypte. F. N. H. : Certains experts évoquent les risques géo- politiques, notamment au Moyen-Orient, comme facteur potentiel de per- turbation. Quelle est votre appréciation ? S. T. : Il n’y a pas pire obstacle au développement du tourisme que le sentiment d’insécurité. Les tensions géopolitiques dans la région MENA, en particulier au Proche-Orient, la guerre en Iran, l’Ukraine… constituent effecti- vement un risque exogène non négligeable. Toutefois, le Maroc reste reconnu comme une des- tination stable et sûre. Il faut confirmer ce positionnement, car cela nous aidera à attirer les touristes européens qui évitent d’autres pays jugés à risque, et accueillir des touristes initiale-
ment orientés vers d’autres pays méditerranéens. Ce risque peut être transformé en opportunité si nous y travaillons avec finesse. Il ne faut pas se reposer sur nos acquis; il est essentiel de diver- sifier les marchés, d’améliorer l’expérience client et de conti- nuer à promouvoir l’image de sécurité du Maroc via les canaux officiels et les influenceurs. La mise en place de cellules de veille géopolitique et de gestion de crise ainsi que des dispositifs de flexibilité pour les profession- nels du secteur et les voyageurs s’impose également. F. N. H. : Comment inscrire durablement cette crois- sance touristique dans la stratégie nationale, notam- ment en matière d’inves- tissement, de formation et d’expérience client ? S. T. : C’est une très bonne question, et une réflexion que nous partageons dans les milieux professionnels. Pour inscrire durablement cette dynamique touristique, plusieurs leviers doivent être actionnés de façon cohérente. L’investissement doit être régionalisé pour développer de nouvelles destinations attrac- tives au-delà de Marrakech et Agadir, à l’image de l’Espagne
Trop souvent reléguée au second plan, l’animation touristique demeure l’un des maillons faibles de l’offre marocaine.
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