FNH N° 1201 (1)

L'UNIVERS DES TPME

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025

riels. La cyber-résilience n’est pas un coût, c’est une assurance pour la continuité économique. F.N.H. : Quelles sont vos ambitions pour ISSROAD à moyen et long terme ? Quels leviers souhaitez- vous activer pour renforcer votre positionnement dans l’écosystème numérique ? S. H. : À moyen terme, notre ambition est de faire d’ISSROAD une référence nationale pour les TPME marocaines en matière d’infogérance et de cybersécu- rité. Nous voulons être identi- fiés non seulement comme un prestataire technique fiable, mais comme un véritable partenaire stratégique pour les dirigeants de PME. Cela passera par une couverture accrue du territoire, une montée en puissance de nos équipes, et le lancement pro- gressif de plateformes techno- logiques innovantes, structurées autour des besoins et probléma- tiques des TPME. À long terme, nous souhaitons positionner ISSROAD comme une référence régionale en cybersécurité, mêlant expertise technique, formation, et conseil stratégique. Nous voulons faire partie des acteurs qui influencent la transformation numérique des PME dans les pays émergents. Pour atteindre ces objectifs, nous comptons activer plusieurs leviers stratégiques : • Développement technologique et R&D : avec des outils intégrés et automatisés; • Partenariats : avec des réseaux de TPME, des intégrateurs, des clusters régionaux; • Communication ciblée : pour éduquer le marché, créer la confiance et affirmer notre posi- tionnement; • Montée en compétence interne: avec le recrutement progressif de profils clés, notamment en pro- duction, cybersécurité et relation client. ◆

 95% des cyberattaques exploitent une erreur humaine ou une faille connue.

directement l’export ou, dans le pire des cas, de disparaître. D’ailleurs, nous lançons en sep- tembre une solution d’automa- tisation de la formation et de la sensibilisation à la cybersécurité, pensée pour les TPME. Ce pro- jet est développé en France, où nous avons trouvé un environne- ment propice à l’innovation et un marché réceptif. Nous espérons le réimporter au Maroc, mais cela illustre l’urgence de structurer un véritable écosystème national. Le potentiel est là, à savoir les talents, les idées et les initiatives. Ce qui manque, c’est une vision commune, un environnement où l’on peut se faire confiance et unir nos forces, une stratégie claire et un cadre incitatif pour faire émer- ger des champions locaux. F.N.H. : Quel rôle joue le financement dans le déve- loppement de votre activité et dans l’accompagnement des entreprises marocaines vers une meilleure cyber- résilience ? S. H. : Le financement est un levier stratégique pour passer de

l’idée à l’impact. Dans un secteur comme la cybersécurité, l’inno- vation est coûteuse et les cycles de vente sont longs; l’accès à un financement adapté est une condition de survie. Nous avons financé nos pre- mières phases de développe- ment sur fonds propres, avec une logique de croissance orga- nique. Mais dès que l’on parle de solutions scalables, comme notre projet d’automatisation de la sensibilisation ou le service MSP nouvelle génération, le besoin de financement devient structurant. Le vrai enjeu, aujourd’hui, c’est que l’écosystème du finance- ment au Maroc n’est pas encore aligné avec les spécificités de la tech et de la cybersécurité. Les investisseurs privés restent prudents, faute de compréhen- sion du marché. Les mécanismes publics de soutien à l’innovation sont trop généralistes, parfois trop complexes à mobiliser pour des startups en phase critique. Côté entreprises marocaines, notamment les TPME, l’équation est inversée : elles ont besoin d’être protégées, mais manquent souvent de moyens pour inves- tir dans leur sécurité numérique. C’est pourquoi nous plaidons pour des mécanismes de cofi- nancement public-privé, des inci- tations fiscales ou encore des programmes mutualisés secto-

F.N.H. : Le développement d’une offre locale solide en cybersécurité est essentiel pour la souveraineté numé- rique du pays. Comment percevez-vous l’évolution de l’écosystème entrepre- neurial marocain dans ce domaine stratégique ? S. H. : On ne peut pas parler de souveraineté numérique si l’on ne crée pas les conditions de son exercice. Aujourd’hui, l’écosys- tème marocain de la cybersécu- rité est en pleine ébullition. Ainsi, des profils qualifiés émergent, des startups ambitieuses voient le jour, et l’intérêt pour la sécurité numérique se généralise. Mais cette dynamique masque une réalité plus contrastée. L’offre locale reste très concen- trée sur les services, avec peu de produits technologiques déve- loppés sur place. Selon Tracxn, à peine une dizaine d’acteurs marocains proposent aujourd’hui des solutions de cybersécurité innovantes, conçues et dévelop- pées localement. Le frein principal reste l’accès au marché. En effet, les grands donneurs d’ordre hésitent encore à faire confiance à des techno- logies locales, et les TPME n’ont pas les moyens d’y accéder. Résultat : beaucoup de startups n’ont d’autre choix que de lever des fonds à l’étranger, de viser

Nous lançons en septembre une solution d’automatisation de la formation et de la sensibilisation à la cybersécurité, pensée pour les TPME.

AVEC LA PARTICIPATION DE TAMWILCOM

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