FNH N° 1201 (1)

POLITIQUE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025

promise ou trop divisée. Ajoutons à cela un élément important: la puissance symbolique du martyre dans la culture chiite. Si Khamenei venait à être tué, il pourrait être érigé en martyr par les cercles les plus radicaux du régime, qui utiliseraient cet assas- sinat perpétré… par les infidèles pour relancer la machine idéologique, mobi- liser les masses et tenter de ressouder la nation autour d’un leader défunt. Et que dire des successeurs poten- tiels ? Son fils, Mojtaba Khamenei, bien qu’omniprésent dans les cercles proches du pouvoir, ne suscite ni enthousiasme populaire ni consensus institutionnel. Les noms circulent, mais aucun ne semble capable de rallier les différentes forces du régime : les clercs, les militaires, les technocrates Les événements récents ont démontré que la machine sécu- ritaire iranienne reste redou- tablement active. Le 25 juin, Téhéran a annoncé la pendai- son de trois hommes accusés d’espionnage pour le compte du Mossad. Arrêtés pour avoir tenté d’introduire du matériel destiné à des assassinats ciblés, ils ont été exécutés à Ourmia. Un quatrième suspect avait déjà été pendu quelques jours aupa- ravant. Le pouvoir judiciaire a d’ores et déjà annoncé un traitement accéléré des affaires de sécu- rité nationale, dans un climat d’hostilité extrême où l’ennemi sioniste est accusé d’avoir lancé une guerre d’intelligence. Autre réaction immédiate du régime : le vote par le Parlement iranien de la suspension de la coopération avec l’Agence inter- nationale de l’énergie atomique (AIEA), accusée de ne pas avoir condamné les frappes israé- liennes sur les sites nucléaires. «L’AIEA a compromis sa crédi- bilité», a martelé le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, pointant une perte de confiance qui isole un peu plus la République islamique. Pendaisons et rupture avec l’AIEA

ment anticipé. Et dans ce vide potentiel, l’opposi- tion iranienne, notamment les exilés du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) ou encore les parti- sans de Reza Pahlavi, fils ainé du der- nier Shah d’Iran, rêve déjà d’un retour triomphal, mais très hypothétique. Alors, dans pareil contexte, Ali Khamenei doit-il tomber ? Surtout, le régime des mollahs peut-il dispa- raître ? ◆

Si Khamenei venait à être tué, il pourrait être érigé en martyr par les cercles les plus radicaux du régime.

et les services secrets. Bref, pour résumer, éliminer l’ayatol- lah, c’est basculer dans l’inconnu. Et l’histoire récente nous a appris que décapiter un régime ne suffit pas à

le remplacer. Irak, Libye ou encore Afghanistan : la liste des précédents embarrassants est longue. L’Iran pour- rait bien rejoindre ce triste palmarès si l’après-Khamenei n’est pas sérieuse-

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