DEVELOPPEMENT DURABLE 30
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 26 JUIN 2025
Le Morocco Energy Storage Testbed Project est une plateforme expérimentale unique, dédiée aux technologies de stockage d’électri- cité, installée dans le complexe solaire Noor Ouarzazate.
Energie
le nord; et un ambitieux pro- gramme d’hydrogène vert chif- fré à 32,5 milliards de dollars visant la production d’ammoniac vert, d’acier et de carburants bas carbone. Toutefois, Boiti insiste: «Ces projets témoignent de notre capacité à innover, mais face aux fluctuations du marché mondial des hydrocarbures et à l’instabilité géopolitique dans le Golfe, le Maroc doit passer à la vitesse supérieure». Gérer la variabilité de ces EnR est un défi technique et finan- cier probant. C’est pourquoi, en parallèle, le Royaume a lancé plusieurs initiatives de stockage qui pourraient permettre de sou- tenir la viabilité électrique pro- duite par les énergies renouve- lables et ainsi faire face en cas d’escalade de la crise. On peut citer la mise en œuvre récente de la plateforme Morocco Energy Storage Testbed Project, por- tée par l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN). Ou encore l’exploitation des impor- tantes réserves de phosphate pour développer des batteries lithium-ion à haute densité éner- gétique, à faible auto-décharge et longue durée de vie. Il y a aussi le projet HVDC reliant Dakhla à Casablanca pour transporter 3.000 MW d’électricité verte sur 1.400 km; et le recours à des centrales thermiques à gaz en
transition énergétique et décar- bonation, rappelant que l’exposi- tion géographique à des régions instables accroît le risque d’un choc brutal qui viendrait éroder la résilience économique. Vers une résilience énergétique par les énergies renouvelables Plus que jamais, le Maroc doit muscler ses infrastructures vertes Par Désy M. L Le spectre d’une crise pétrolière due aux tensions au Moyen-Orient pourrait menacer la stabilité économique du Maroc, importateur de plus de 90% de ses besoins énergétiques. Seuls une accélération de la transition vers les énergies renouvelables et le renforcement des capacités de stockage peuvent protéger le Royaume des soubresauts géopolitiques.
e Maroc se trouve à la croi- sée des chemins énergétiques, tiraillé entre des tensions géo- politiques persistantes et l’im- pératif d’une transition crédible vers les énergies renouvelables. À l’heure où les incertitudes planent encore malgré un ces- sez-le-feu annoncé entre l’Iran et Israël, et que les menaces iraniennes sur le détroit d’Ormuz jettent une ombre préoccupante sur les marchés mondiaux, le spectre d’une flambée du prix du baril à 130 ou 140 USD fait frémir les économies importa- trices comme le Maroc. Pour un pays qui importe plus de 90% de ses besoins énergétiques, cette volatilité ne relève pas de la théorie abstraite, mais d’une menace bien réelle pour la stabi-
lité économique et sociale. Selon les derniers chiffres, la facture énergétique 2024 du Royaume s’est établie à 114 mil- liards de dirhams, en retrait de 6,5% en valeur, mais en pro- gression en volume, confirmant une dépendance croissante aux importations. Cette situation pèse lourdement, représentant près de 8% du PIB consacré aux achats de produits énergétiques dominés par le pétrole, utilisés massivement dans le transport, l’industrie et l’agriculture. «Le Royaume importe plus de 90% de ses besoins énergétiques. Une crise prolongée aurait des répercussions sévères sur l’éco- nomie nationale et le pouvoir d’achat des ménages», alerte Mohamed Boiti, consultant en
Pour rompre avec cette dépen- dance, l’expert plaide pour une montée en puissance décisive des EnR. Le Royaume a déjà mis en œuvre des projets struc- turants, notamment le complexe solaire Noor Ouarzazate, inaugu- ré en 2016 et déployé sur plus de 3.000 ha avec plusieurs techno- logies solaires complémentaires; les parcs éoliens tels que Tarfaya (300 MW) et d’autres sites dans
Made with FlippingBook flipbook maker