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JEUDI 19 OCTOBRE 2023
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Divorce pour discorde
◆ Depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19, le nombre de divorces a connu un bond significatif au Maroc. ◆ Le divorce pour discorde est un recours de plus en plus privilégié par les Marocains. Le choix périlleux des couples marocains
Un divorce irrévocable La situation du divorce au Maroc est régie par le droit marocain, qui est en grande partie basé sur la loi islamique (la charia). On parle de trois formes de divorce au Maroc. Premièrement, le divorce par consentement mutuel, où les
est un divorce irrévocable, sauf si l'époux qui l'a prononcé consent à le révoquer. Il faut garder présent à l’esprit que si l'épouse demande le divorce chiqaq, elle renonce à cer- tains droits financiers, notamment la motaa». Promouvoir l’éducation à la vie familiale Si le divorce pour discorde semble de prime abord l’ultime option pour les couples ne supportant plus de vivre sous le même toit en raison de conflits insurmontables, il reste primordial, d’après Me Roudane, de peser les avantages et les inconvénients de ce type de divorce avant de le demander. Il faut aussi trouver d’autres alter- natives qui préservent la famille et les enfants. Ainsi, il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures sérieuses afin de préve- nir les divorces en général. «Il est essentiel de sensibiliser les jeunes au mariage et à ses responsa- bilités, promouvoir l'éducation à la vie familiale pour apprendre à communiquer efficacement et résoudre les conflits de manière constructive, et offrir un soutien aux couples en difficulté, comme des consultations conjugales ou des groupes de soutien», soutient Me Roudane. Pour l’experte, la promotion des moyens de pré- vention des conflits familiaux demeure une priorité, au même niveau que le renforcement des mécanismes de médiation pour réduire le nombre de divorces et favoriser des relations familiales plus stables et harmonieuses. «Le divorce devrait être une solu- tion de dernier recours. Il est pré- férable de tout mettre en œuvre pour sauver son mariage, si pos- sible» , conclut-elle. ◆
deux parties conviennent du divorce et de ses modalités, telles que la garde des enfants et la répartition des biens. Deuxièmement, le divorce judiciaire qui peut être deman-
La hausse du nombre de divorces a des conséquences importantes sur les individus et la société, notamment des difficultés économiques et des problèmes psychologiques.
Law Firm, en collaboration avec Al Tamimi & Co. Selon Me Roudane, il existe plu- sieurs facteurs qui peuvent expli- quer cette hausse. «Tout d'abord, la crise sanitaire de la Covid-19 a mis à rude épreuve les rela- tions conjugales. Le confinement, le télétravail et les restrictions sociales ont engendré un stress et une tension supplémentaires dans les foyers. De plus, les dis- parités sociales et intellectuelles entre les conjoints jouent un rôle significatif. Les jeunes couples, qui se marient souvent sans avoir suffisamment mûri ou sans avoir pris le temps de se connaître, sont plus susceptibles de divorcer. Le manque de communication et de dialogue est également un fac- teur important. Enfin, la violence à l'égard des femmes est un pro- blème grave au Maroc, et les femmes qui en sont victimes, sont plus susceptibles de demander le divorce». Elle considère également que cette hausse du nombre de divorces a des conséquences importantes sur les individus et la société, notamment des difficul- tés économiques, des problèmes psychologiques et des trauma- tismes pour les enfants.
dé par l'un des conjoints devant un tribunal, en présentant des motifs légaux pour le divorce. Enfin, le divorce pour discorde pour cause de discorde, égale- ment connu sous le nom de divorce chiqaq. Ce dernier est une forme de divorce judiciaire qui peut être demandée par l'époux ou l'épouse si les deux époux ne peuvent plus vivre ensemble en raison de conflits irréconciliables. Les raisons pour lesquelles cer- tains couples marocains ont recours à ce type de divorce sont variées, mais elles peuvent inclure: «des conflits ou des dis- putes constants; un manque de communication ou de respect; des abus physiques ou émotionnels; une infidélité; une incompatibilité; une mésentente; etc.» , affirme Me Roudane. Elle explique qu’en droit marocain, le divorce chiqaq est défini par les articles 94 et suivants du Code de la famille : «Ces articles prévoient que les époux doivent d'abord ten- ter une conciliation devant le tri- bunal. Si la conciliation échoue, le tribunal prononce le divorce et sta- tue sur les droits dus à chacun des époux, tels que la pension alimen- taire, la garde des enfants, etc.» . Et de poursuivre : «Le divorce chiqaq
U n recueil publié par le haut-commissa- riat au Plan à l'occa- sion de la célébration de la Journée natio- nale de la femme, le 10 octobre de chaque année, intitulé «Les femmes marocaines en chiffres» , a révélé que plus de 99 % des cas de divorce prononcés étaient liés à la discorde, sur un total de 60.592 affaires parmi les 61.147 jugées en 2022. Par ailleurs, le document met en avant que 13,7% des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans se sont mariées avant l'âge de 18 ans, et 0,5% se sont mariées avant l'âge de 15 ans, selon les dernières données de 2018. «Je constate avec inquiétude la hausse du nombre de divorces au Maroc. L'augmentation du nombre de cas de divorce pour discorde, qui représente plus de 90% des divorces au Maroc, est un phénomène inquiétant» , pré- cise Me Nesrine Roudane, avo- cate au barreau de Casablanca, présidente de la Commission startup et capital risque de l’Union internationale des avocats et associée responsable Roudane Par M. Boukhari
Si l'épouse demande le divorce chiqaq, elle renonce à cer- tains droits financiers, notamment la motaa.
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