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ECONOMIE

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JEUDI 4 MARS 2021

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Employabilité

◆ Plus de 50% des actifs au Maroc n’ont pas de diplôme, selon les statistiques du HCP. ◆ Cela rend le champ de recherche pour les recrutements plus restreint, à côté de la forte exigence des entreprises par rapport à l’offre du marché. Le recrutement face à des défis structurels

une forte qualification est requise, sont inférieurs com- parativement à ceux occupés par la catégorie des ouvriers. Le recrutement fait face à plusieurs difficultés Cette donne, couplée à d’autres problématiques telles que les lacunes des candidats en termes de compétences ou encore la rareté des profils recher- chés, n’aurait pas tendance à faciliter le recrutement, surtout pour certaines qua- lifications particulières. «Les profils dans les techno- logies pointues sont souvent difficiles à trouver. Quand il s’agit d’un nouveau métier au Maroc, nous sommes obli- gés d’orienter nos recherches à l’international. Cela peut être étonnant, mais cer- tains métiers de l’assistanat peuvent, également, s’avérer difficiles à trouver (Assistante de direction, secrétaire etc.)» , nous explique Camelia El Ghazi. Et d’ajouter : «Il est vrai que le manque de qualification peut rendre le champ de recherche plus restreint, cependant, nos clients sont de plus en plus regardants sur les expériences des candidats, mais surtout sur leurs Soft Skills. Au-delà des diplômes et des compé- tences techniques, les recru- teurs recherchent une person- nalité et un état d’esprit qui correspondent à celui du client final». Hormis la pénurie de profils

qualifiés, les facteurs qui com- pliquent le recrutement au Maroc sont multiples, tant du côté des entreprises que des travailleurs. «Le plus souvent, les budgets limités rendent les recrute- ments difficiles, car les bons profils ont souvent de bons packages. La mobilité géogra- phique peut également consti- tuer un frein. Il est difficile de recruter dans les régions enclavées car celles-ci ne sont pas très attrayantes pour les candidats. Les clients sont certes exigeants dans leurs critères de recherche, cepen- dant, les candidats, eux aussi, deviennent de plus en plus regardants sur ce que pro- pose l’entreprise ainsi que les conditions de travail (locaux, horaires, place de parking, avantages…», nous explique- t-on. Au final, il apparaît que les entreprises marocaines font face à des difficultés de recrutement considérées comme structurelles, qui pro- viendraient essentiellement du manque de compétences ou d’exigences souvent décorré- lées de la situation réelle de la demande. Face à cette problé- matique, de nombreuses solu- tions peuvent être envisagées, selon les professionnels, dont l’investissement dans les com- pétences internes à travers la formation des salariés, l’as- souplissement des exigences de recherche ou la sollicitation de cabinets spécialisés afin d’intensifier l’effort de recrute- ment. ◆

Les entreprises marocaines font

face à des difficul- tés de recrutement considérées comme structurelles, selon les professionnels.

et marketing manager auprès de Xpertize Africa, «étant spécialisés dans le recrute- ment des profils Middle - Top Management, nous sommes généralement confrontés à des candidats avec un niveau de formation assez poussé. D’ailleurs, pour les profils juniors, nous sommes plus regardants sur la formation, raison pour laquelle ce pour- centage, d’après nous, ne reflète pas la réalité du marché dans lequel nous opérons». Rappelons que, dans le détail des chiffres du HCP, parmi les actifs exerçant dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche, 80,8% n’ont aucun diplôme. Cette proportion atteint 59,2% dans le secteur BTP, 45,2% dans l’industrie et 37,4% dans les services. Ainsi, la prédominance des actifs non diplômés s’expli- querait par le fait qu’au Maroc, en grande partie, les postes à responsabilité pour lesquels

5 4,3% ! C’est le pourcentage de la population active marocaine qui n’a aucun diplôme en 2020, selon les derniers chiffres du haut-commissa- riat au Plan (HCP). La même source indique aussi que seu- lement 30,5% ont un diplôme de niveau moyen et 15,2% un diplôme de niveau supé- rieur. Des chiffres qui laisse- raient croire que les travail- leurs marocains sont très fai- blement qualifiés. En effet, si l’on se penche sur le détail de la composante constituant le marché du travail national pour la même année, plus de la moitié des travailleurs est dans la catégorie des artisans et ouvriers. Pourtant, ce constat n’est pas ressenti par les profession- nels. Car, selon Camelia El Ghazi, experte en recrutement Par B. Chaou

Quand il s’agit d’un nouveau métier au Maroc, nous sommes obligés d’orienter nos recherches à l’internatio- nal.

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