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POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 MARS 2021

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ticulièrement en français. Elle a créé de profondes scissions au sein du parti, les opposants à cette réforme ayant brandi l’argutie identitaire pour décrier la «francisation» des matières scientifiques… au détriment de l’arabe. Benkirane avait même intimé à El Otmani de démis- sionner, car, pour lui, c’est un affront d’utiliser «la langue du colonisateur» pour enseigner les matières scientifiques. Rappelons-nous encore la nor- malisation des relations entre le Maroc et Israël qui, là encore, a divisé la maison PJD, poussant certains à demander d’évincer le SG du parti et chef de gouver- nement, El Otmani. Enfin, rappelons-nous, plus récemment, le projet de loi por- tant usage légal du cannabis au Maroc à des fins thérapeu- tiques, autre source de dissi- dences et dont l’un des plus fer- vents détracteurs n’est autre… que Benkirane. «Le PJD traverse de fortes tur- bulences ces derniers temps. Le parti a été contraint de faire des compromis à propos de sujets sur lesquels il était farouche- ment opposé, à commencer par la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, la léga- lisation du cannabis ou encore les réformes du code électoral, notamment la partie liée au quo- tient électoral» , analyse le poli- tologue Mohamed Belmir. «Face à la montée des contes- tations qui ont porté un coup à l’image du parti, chef de file du gouvernement, et à l’approche des élections, certains cadres du PJD jouent la carte de la démission pour garder une cer- taine notoriété auprès de leur assise populaire» , conclut-il. Oui, la maison PJD prend feu. Ce qui n’est pas de bon augure à quelques encablures des législatives 2021. Si le PJD a remporté deux fois de suite les élections, c’est parce qu’il affichait comme valeur cardi- nale son unité, portée par une base qui soutenait à l’unisson

les cadres du parti. Aujourd’hui, cette unité a volé en éclats, les tensions sont extrêmes et des clans se font formés sur fond de guéguerre idéologique. Difficile, dans ces conditions, d’abor- der sereinement les prochaines échéances électorales. Dès lors, l’urgence pour Saad Eddine El

Otmani qui, depuis qu’il cha- peaute l’Exécutif, ménage la chèvre (ses partisans) et le chou (la majorité), est de remettre de l’ordre dans le désordre. C’est pourquoi il a déjà commencé à courtiser El Azami afin qu’il revienne sur sa décision. Suffisant pour éteindre l’incen-

die ? Peu sûr, car quand bien même El Otmani réussit à le convaincre, il ne pourra effa- cer les stigmates d’une crise si aigue et si profonde à seulement 7 mois des législatives. Une situation qui, l’on s’en doute, ravit l’opposition. ◆

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