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DU 29 JUILLET AU 29 AOÛT 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Le transport et la mobilité urbaine représentent un gros challenge pour le Maroc. Il s’agit d’un tournant décisif dans le développement du secteur. Entretien avec Ali El Moutea, fondateur du groupe City Bus Transport & vice-Chair Maghreb de l’Union internationale des transports publics. Transports urbains «Le Maroc s'engage résolument vers une mobilité urbaine durable»

de Casablanca et Rabat. Les autres villes qui ont reçu moins de 5% (équivalent) de cette somme ne peuvent malheureu- sement pas procurer la même qualité de service que ces der- nières aux usagers. Une équité dans les subventions d’investis- sement et d’exploitation permet- trait à toutes les villes d’opérer au même niveau qualitatif. Elle permettrait également d’évaluer de manière équitable la capacité et les compétences de tous les opérateurs du secteur, leur pro- curant une égalité de réussite et d’excellence, indépendamment de leur taille ou nationalité. Cependant, le ministre de l’In- térieur a annoncé récemment, devant la Chambre des repré- sentants, que l’Etat marocain allait remédier à cette situation en mobilisant près de 10 Mds de DH pour l’acquisition de plus de 3.500 bus entre 2024 et 2027. Le ministre, que nous félicitons, a également exposé la réalité du déséquilibre des contrats de gestion déléguée existant et s’est engagé à les rééquilibrer rapi- dement au vu de l’impossibilité d’améliorer la qualité de service des opérateurs quand ces der- niers font face à des situations financières critiques. Cette action s’inscrit dans une vision holistique visant à pro- mouvoir le développement éco- nomique, social et environne- mental du pays. Cette approche intégrée permet de bâtir des infrastructures modernes et rési- lientes, en ligne avec les direc- tives royales pour un Maroc prospère et inclusif.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Tout d’abord, quel état des lieux faites-vous du trans- port urbain ? Ali El Moutea : Le transport urbain au Maroc est à la croi- sée des chemins, marqué par des avancées significatives mais aussi par des défis persistants. Les grandes villes telles que Casablanca et Rabat ont bénéfi- cié de la modernisation avec l’in- troduction de tramways et de bus modernes, reflétant une volon- té de transformation profonde. Cependant, la congestion, la pol- lution et les inégalités d'accès demeurent des problématiques majeures. Sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc s'engage résolument vers une mobilité urbaine durable, intégrée et respectueuse de l'en- vironnement, mettant en avant les valeurs de progrès et de dévelop- pement inclusif. F. N. H. : Quel rôle jouent l’État et les collectivités ter- ritoriales pour équilibrer le financement de ce secteur vital ? A. E. M. : L'État et les collecti- vités territoriales jouent un rôle fondamental dans le financement et le développement du trans- port urbain. Ils interviennent à travers des subventions directes,

des partenariats public-privé et des mécanismes de financement innovants. Cet aspect de finan- cement étatique est déterminant pour l’équilibre financier des contrats de gestion déléguée, et de ce fait sur la qualité du service offerte aux usagers. On peut voir cet impact de manière évidente lorsque l’on compare la qualité du transport offerte à Casablanca en com- paraison à celle à Marrakech (2 villes opérées par le même

acteur), ou encore Fès. Depuis fin 2019, Casablanca a bénéficié de plus de 1,4 milliard de DH de subventions d’investissement public comparées à zéro pour la majorité des villes comme Fès et Marrakech. D’un autre côté, Casablanca a versé au délé- gataire plus de 1,6 Md de DH de subventions d’exploitation depuis 2019. D’après les déclara- tions du ministre de tutelle, c’est plus d’un million de DH par jour qui est accordée aux opérateurs

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