PORTRA I T
Quand passion rime avec détermination
VÉRONIQUE CHARRON veronique.charron@eap.on.ca
là. Ce dernier a d’ailleurs été lui-même cou- reur pendant de nombreuses années. Pour lui, Emilie a quelque chose de spécial. « Cette petite-là a un don avec les ani- maux. C’est vraiment spécial. Au cham- pionnat, sur les sept médailles remportées par le Canada, elle en a gagné deux. C’est incroyable! » Son talent, témoigné par plusieurs, est sa capacité de calmer les animaux et de les faire écouter. « Tous les parents veulent dire que leur enfant a quelque chose de spécial, de dire sa mère, mais j’ai remarqué qu’elle et les animaux, c’est différent. Elle les garde calmes. Ne me demande pas comment elle fait! » « Je suis capable de faire courir des chiens qui ne veulent pas courir, a affirmé Emi- lie avec le sourire. Je leur dit : je veux que tu cours, ce n’est pas une randonnée. Tu t’excites comme un fou pour courir, tu vas courir. » Le Dryland est un sport où l’entraînement est de mise, tant pour les chiens que pour le coureur, même si ce dernier semble faire peu d’activité physique, lors des courses. « Beaucoup de gens sous-estiment ça. Si tu ne fais pas quelque chose de correcte tu peux endommager grandement ton corps. Tu dois t’entraîner, bien faire tes étirements et avoir une bonne alimentation. »
Il y a un mois, Emilie Richard a participé au Championnat mondial de Dryland, à Bristol, enOutaouais, au sein de l’équipe du Canada. Elle y a remporté deux médailles au niveau junior, soit une de bronze et une d’argent. L’adolescente ne s’attendait pas à repartir avec deux médailles, elle qui pratiquait ce sport depuis à peine deux mois. « Je voulais unemédaille, mais je nem’at- tendais pas à en avoir. Ceux qui participaient en ont fait toute leur vie, alors que moi, je venais juste de commencer. Quand je suis sortie en sachant que j’avais une deuxième et troisième place, c’était le fun . C’est une expérience qui arrive une fois dans la vie. Je suis fière, et je l’aurais étémême si je n’avais pas eu de médaille. » Le Dryland ressemble aux courses de chiens de traîneaux, mais s’effectue l’été sur un parcours de terre. Il existe plusieurs catégories de courses auxquelles les cou- reurs et leurs chiens peuvent participer, dont le scooter, le canicross, le bikejoring et le chariot à quatre, six ou huit chiens. En à peine deux ans, le parcours d’Emilie a subi une montée fulgurante, notamment à la suite d’une rencontre bien particulière.
Emilie, avec ses deux médailles remportées au Championnat mondial de Dryland, à Bristol, au mois de novembre dernier.
« Je veux élever mes chiens de A à Z. Je veux voir toutes les étapes. » Emilie a de beaux projets d’avenir, elle qui désire entre- prendre un programme vétérinaire à l’Uni- versité de Guelph lorsqu’elle terminera son secondaire. « Je n’avais jamais pensé à être vétérinaire, c’est mamère qui me l’a suggéré. Pour moi, les animaux sont un loisir. Je n’ai jamais pensé qu’un loisir pouvait devenir un vrai emploi. » Un parcours parsemé d’embuches À 16 ans, Emilie n’a pas eu un parcours des plus faciles, mais aucun des obstacles sur son chemin n’a semblé l’arrêter. À 4 ans, elle a subi une chirurgie à cœur ouvert, à la suite de la découverte d’un trou au cœur et d’une valve qui ne se fermait pas. « J’ai été opérée, mais la valve, elle, ne sera jamais complètement réparée. Jeme fais donc véri- fier à tous les deux ans. »
Pour l’instant, cela ne l’affecte pas dans sa vie de tous les jours ni dans la pratique de ses sports. Il lui en faudra beaucoup plus pour arrêter de s’entraîner. « Ça nem’affecte pas pour l’instant. Rien ne va m’arrêter de courir ou de m’entraîner. » La plus grande épreuve d’Emilie a plutôt été du côté psychologique alors que, depuis son entrée à l’école, elle a été victime d’inti- midation. Elle a même dû changer d’école plusieurs fois. « J’ai eu beaucoup demauvaises périodes. Il y a des périodes où j’avais tellement peur d’aller à l’école à cause des intimidateurs. Mais je n’ai jamais arrêté de sourire. On dit que j’ai le sourire qui est comme un soleil, qui dure toujours. » C’est son premier chien qui l’a aidé dans ses épreuves et qui a fait naître sa passion des animaux. « Quand on a eu Taylor, c’était la journée la plus belle, mais aussi la plus épeu- rante dema vie. J’avais peur parce que je ne m’étais jamais attachée autant. C’est là que mon amour pour les chiens a commencé. Dans les moments stressants, je sortais de la maison et j’allais me cacher dans sa cabane. Il me calmait rapidement. » Ces épreuves de la vie ont poussé Emilie à acquérir une sagesse que peu possède à un si jeune âge. Pour elle, l’intimidation fera toujours partie de sa vie, que ce soit dans la réalité ou en souvenir. « Jeme suis faite intimider toutema vie et pour ne pas laisser l’intimidation m’entraî- ner dans une folie, mon secours a toujours été les animaux. Je me suis toujours sentie calme avec eux. L’intimidation va toujours m’affecter, a-t-elle ajouté, mais on apprend à garder nos bons amis et on finit par com- prendre que nos parents sont là pour nous aider. » « Si je n’avais pas été intimidée, je n’aurais pas le caractère fort que j’ai aujourd’hui. Je finis toujours par m’en sortir même si, des fois, j’ai besoin d’un peu d’encouragement, a précisé Emilie, encore avec un sourire aux lèvres. Mais sans l’intimidation, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui et je ne serais pas aussi souriante. J’ai passé à travers toutes ces épreuves et je suis encore debout en train de sourire malgré tout. »
« C’est une expérience qui arrive une fois dans la vie. Je suis fière, et je l’aurais été même si je n’avais pas eu de médaille. » - Emilie Richard
« On a rencontré Guy et ses chiens, a indi- quéMarie-Claire Richard, lamère d’Emilie. Elle n’avait pas beaucoup d’expérience, mais Guy a réussi à faire entrer Emilie au mon- dial comme junior. On a donc commencé à l’entraîner avec les chiens de Guy. C’est parti de là. Elle aurait pu ressortir sans médaille, mais elle est allée plus loin que ce qu’elle pensait. Je suis fière. » Guy Lortie a plusieurs chiens qu’il en- traîne pour faire des courses comme celles-
L’adoration d’Emilie pour les chiens re- monte à son enfance, et quoi de mieux que de combiner sa passion des animaux avec le sport? « Pour moi, vivre dans unemaison sans chien, ça ne se fait pas. J’ai besoin d’un chien, ça calme mon esprit. Donc, quand j’ai vu des gens combiner les deux avec le Dryland, jeme suis dit : pourquoi je n’essaie pas? Je l’ai fait et, depuis, je suis passionnée. » Elle espèremême avoir sa propre équipe après avoir terminé ses études universitaires.
Emilie Richard lors d’une de ses courses au Championnat mondial de Dryland, à Bristol, en Outaouais.
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