FNH N° 1166

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JEUDI 26 & VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Transferts de fonds

«Les MRE doivent se sentir acteurs du développement du pays, pas seulement des investisseurs financiers»

Les MRE, dans leurs diversités, sont une partie de la société marocaine ayant une valeur ajoutée indéniablement reconnue dans la sphère économique du Royaume. Les flux de leurs transferts permettent d’alimenter les avoirs en devises, sécurisant et améliorant la capacité du Royaume à financer ses importations. Entretien avec Sofiane Gadrim, directeur des nou- velles technologies (CTO) et co-fondateur d’Atela.

Propos recueillis par Désy M.

les bonnes cordes, à comprendre les aspirations de chacun, a permis au Maroc de construire une équipe nationale solide, faite de joueurs divers mais tous unis sous un même drapeau. C’est cette approche per- sonnalisée, cette écoute fine, que l’on pourrait transposer aux MRE. Regardons ce qui fonctionne déjà : l’immobilier. Ce secteur attire parce qu’il est tangible, bien organisé, et surtout parce qu’il est visible. Les nombreux salons et campagnes dédiés ciblent directement les MRE en leur offrant des opportunités concrètes. Ne pourrions-nous pas nous inspirer de cette dynamique pour d’autres secteurs prometteurs comme la technologie, l’industrie, ou l’agriculture durable ? Le Maroc regorge d’opportunités, et il suffirait de les mettre en lumière de manière attractive pour capter l’attention des MRE. De la même manière, la Bourse de Casablanca est un acteur dyna- mique. Elle a su capter l’attention des jeunes en organisant des com- pétitions pour les étudiants, créant ainsi une nouvelle génération de Marocains intéressés par les mar- chés financiers. Ce modèle pourrait être étendu pour inclure les MRE. Imaginons des événements virtuels

Finances News Hebdo : Comment le Maroc peut-il inciter les Marocains rési- dant à l’étranger (MRE) à orienter une plus grande part de leurs transferts vers des investissements produc- tifs plutôt que l’immobilier ? Sofiane Gadrim : Les MRE, qu’ils soient partis hier ou issus d’une quatrième génération née à l’étran- ger, ont chacun une relation par- ticulière avec le Maroc. C’est une mosaïque de parcours, d’histoires familiales, de contextes socioéco- nomiques. Ce qui les relie, c’est un passeport, mais au-delà, ils vivent des réalités et des attentes très dif- férentes. On ne peut pas les appro- cher avec une stratégie unique, car chaque MRE porte en lui un lien unique, tissé de souvenirs, d’expé- riences et d’espoirs avec le Maroc. Prenons l'exemple de Brahim Diaz et Lamine Yamal, deux jeunes pro- diges du football nés en Espagne. Tous deux partagent des origines marocaines, pourtant leurs choix diffèrent : Diaz a choisi de jouer pour le Maroc, Yamal pour l’Es- pagne. Ces choix sont personnels, influencés par des histoires fami- liales et des sentiments d’appar- tenance. Cette capacité à toucher

où la diaspora pourrait découvrir les entreprises marocaines cotées, comprendre les mécanismes d’in- vestissement et interagir avec des experts. Il ne s’agit pas de simple- ment proposer des actions, mais de créer une véritable connexion entre les MRE et l’économie marocaine. Quand on pense aux MRE qui envisagent de passer leur retraite au Maroc, c’est une opportunité incroyable. Ce ne sont pas seule- ment des retraités, mais des contri- buteurs économiques qui apportent leurs ressources, leur expérience et leur engagement. Développer des systèmes de retraite complémen- taires pour ces MRE serait une manière de solidifier leur lien avec le Maroc tout en apportant des devises et des capitaux au pays. Peut-être que des dispositifs de ce type existent déjà, ou sont en cours de réflexion, mais leur mise

en lumière et leur développement pourraient offrir une belle opportu- nité pour renforcer encore plus ces liens économiques et sociaux. Enfin, pour vraiment comprendre et engager les MRE, nous pour- rions pleinement exploiter la puis- sance des nouvelles technologies. Recueillir des données via des son- dages et des enquêtes permettrait de connaître leurs attentes, leurs envies d’investissement, et même leurs besoins spécifiques. Ce serait une manière d’ajuster nos poli- tiques et nos offres économiques de manière plus ciblée et efficace. En fin de compte, le Maroc a les ressources et les opportunités pour faire de ses MRE de véritables acteurs du développement. Il suffit de comprendre leurs attentes, et de leur offrir des solutions sur-mesure, adaptées à leurs parcours uniques. Avec une approche personnalisée

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