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JEUDI 26 & VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
POLITIQUE
Remaniement ministériel
L’heure d’un grand coup de balai ? Le gouvernement Akhannouch se trouve aujourd’hui confronté à une crise de confiance grandissante. Entre un taux de chômage des jeunes qui continue d’exploser, la problématique de l’émigration clandestine et les inondations, l’Exécutif semble dépassé par l’ampleur des défis, se murant dans un silence assourdissant. Alors que les critiques fusent de toutes parts, un remaniement ministériel semble devenir une nécessité, à deux ans de la fin de cette législature. Par D. William C
ela fait un moment que l'idée d'un remaniement ministé- riel flotte dans l'air. Entre les murmures qui aliment les dis- cussions dans les salons feu- trés et la colère des citoyens excédés, la question brûle sur toutes les lèvres : le gou- vernement Akhannouch est-il encore à la hauteur des défis actuels ? La réponse, pour beaucoup, semble évidente : il est temps de changer de cap ! Pour autant, nous ne par- lons pas d’un remaniement cosmétique, de ceux où l’on remplace deux ou trois visages pour faire croire à une refonte en profondeur. Non, ce qui semble de plus en plus urgent, c’est une véritable remise en ques- tion au sein de l’Exécutif. Et, pourquoi pas, un grand coup de balai. Après tout, cela pourrait donner un nou-
vel élan à un gouvernement qui peine à convaincre sur plusieurs fronts. Et ces fronts ne manquent pas : émigra- tion clandestine, chômage des jeunes, gestion des crises climatiques… La liste est longue. Et les frustrations tout aussi nombreuses. L'émigration clandestine en orbite Commençons par un sujet qui cristallise l’attention interna- tionale : l'émigration clandes- tine. La petite ville côtière de Fnideq a été, il y a quelques jours, le théâtre d’événe- ments dramatiques, après la diffusion d’appels anonymes sur les réseaux sociaux inci- tant à une immigration mas- sive. Située à quelques kilo- mètres du préside occupé de Sebta, elle est ainsi devenue, en quelques heures, un sym- bole de la détresse de jeunes
marocains prêts à tout pour fuir leur pays et chercher for- tune ailleurs, même au prix de leur vie. Au-delà du drame humain, ces événements révèlent une crise sociale très profonde : le désespoir de toute une géné- ration qui se sent délaissée. Et pourtant, face à cette tra- gédie, qu'a fait le gouverne- ment ? Ou plutôt, qu'a dit le chef du gouvernement ? Rien. Silence radio. Pas de discours fédérateur ni d'in- tervention pour rassurer, afin de montrer qu’il est à l'écoute de cette détresse. Cette absence de commu- nication renforce forcément ce sentiment de déphasage entre l'Exécutif et le peuple. La crise migratoire est étroi-
tement liée à la situation alarmante du chômage des jeunes au Maroc. Ce pro- blème persistant est l'un des principaux défis, pour ne pas dire le principal échec du gouvernement Akhannouch qui, pourtant, multiplie les discours d’autosatisfaction sur ses réalisations. Selon les dernières statistiques du haut-commissariat au Plan (HCP), le chômage des jeunes atteint en effet des sommets inquiétants : au second tri- mestre 2024, il a connu une hausse de 2,5 points parmi ceux âgés de 15 à 24 ans, passant de 33,6% à 36,1%, et de 1,6 point parmi les per- sonnes âgées de 25 à 34 ans, passant de 19,8 à 21,4%. Dans les régions rurales, où
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