FNH N° 1166

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 26 & VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2024

HIGH-TECH

Comptes pour ados sur Instagram

Protection ou illusion ?

 En avril 2024, environ 16,5% des utilisateurs actifs d'Instagram dans le monde étaient des hommes âgés de 18 à 24 ans, selon Statista.

Le 17 septembre 2024, Instagram a commencé à déployer des comptes restreints pour adolescents. Ces fonctionnalités visent à renforcer la confidentialité et limiter les interactions non désirées, mais suscitent aussi des interrogations quant à leur efficacité.

tion du temps d’écran, les ado- lescents peuvent choisir de les ignorer s'ils ne sont pas sur- veillés de manière proactive par leurs parents. D'après des documents judi- ciaires dévoilés en début d’an- née, Mark Zuckerberg aurait rejeté à plusieurs reprises des propositions internes visant à améliorer le bien-être des ado- lescents sur Instagram, et ce malgré les recommandations de cadres de haut niveau. En 2019, il aurait refusé de désactiver les filtres de beauté, alors que des études internes et des experts externes mettaient en garde contre leurs effets néfastes sur l'image corporelle des jeunes uti- lisateurs. Cette décision révèle une tension récurrente au sein de Meta, entre des priorités com- merciales, cherchant à maximiser l'engagement des utilisateurs, et des initiatives de bien-être sou- vent reléguées au second plan. Par ailleurs, les outils de super- vision parentale mis en place par Meta sont sous-utilisés. Une étude montre que moins de 10% des parents les exploitent pleine- ment, ce qui laisse de nombreux adolescents sans surveillance adéquate lorsqu'ils naviguent sur les plateformes. « Oui, nous créons par défaut des comptes privés pour les adolescents afin

qu’ils puissent profiter d’une expérience privée et restreinte», a déclaré Zuckerberg au séna- teur. «Mais certains adolescents veulent être des créateurs et veulent avoir du contenu qu’ils peuvent partager plus largement, et je ne pense pas que ce soit quelque chose qui devrait être interdit de manière générale», ajoute-t-il. Une protection suffisante ? Si les nouveaux comptes adoles- cents d’Instagram visent à ren- forcer la protection des jeunes, ils soulèvent de nombreuses questions quant à leur efficacité réelle et leur motivation. Face aux critiques et à l'attente d’une régulation plus stricte, Meta tente d’apaiser les tensions, mais reste sous les projecteurs. Au Maroc, où 43% des jeunes passent entre 3 à 5 heures par jour sur les réseaux sociaux, ces mesures viennent répondre à une demande croissante de protection. Cependant, malgré ces efforts, certaines critiques persistent quant à leur véri- table impact sur la réduction des risques. Certains experts se demandent si elles suffiront à freiner l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes ou si d'autres ajustements seront nécessaires. ◆

Par K. A. A

vec 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels, Instagram se classe au 3 ème rang des réseaux sociaux les plus populaires dans le monde, après Facebook et YouTube. Parmi ces utilisa- teurs, 8,7 millions se trouvent au Maroc, où une majorité de jeunes sont actifs sur la plate- forme. Face à cette popularité croissante, notamment chez les adolescents, Instagram a récem- ment annoncé une série de nou- velles mesures pour renforcer la protection des mineurs. Les nouveaux comptes privés limiteront non seulement les inte- ractions avec des inconnus, mais bloqueront également l’accès à des contenus sensibles. De plus, les adolescents recevront des notifications après une heure de navigation continue et leurs notifications seront désactivées la nuit, encourageant ainsi une utilisation plus saine des réseaux sociaux​. Cependant, ces dispo- sitions ne sont pas entièrement nouvelles. Des restrictions simi- laires avaient déjà été introduites par Meta au début de l’année,

limitant les contenus liés à l’auto- mutilation, aux troubles alimen- taires et à la nudité pour les adolescents. En effet, les changements visent à répondre aux préoc- cupations des parents et des régulateurs concernant les dan- gers des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Plusieurs pays accusent Meta d'avoir conçu des fonctionna- lités addictives qui nuiraient au bien-être des jeunes, exacerbant des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, les troubles alimentaires et les pensées sui- cidaires. Un impact encore incertain Ces mesures visent à renforcer la sécurité en ligne des ado- lescents, mais certains experts en soulignent les limites. Par exemple, les jeunes parviennent souvent à contourner ces res- trictions en créant des comptes supplémentaires sous de fausses identités, appelés «fins- tas». De plus, même si Instagram envoie des notifications de ges-

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