FNH N° 1166

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JEUDI 26 & VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

DEVELOPPEMENT DURABLE

Transition énergétique

Qu’attendre des trois projets de décret sur les énergies renouvelables ? Le Conseil du gouvernement, tenu le 12 septembre 2024, a approuvé trois projets de décrets relatifs à la transition énergétique.

Selon la tutelle, ces décrets ont pour but de renforcer le cadre réglementaire national pour une transition énergétique réussie, généraliser l'accès à l'énergie à des prix compétitifs et mettre en valeur les énergies renouvelables pour offrir une opportunité de commercialisation de produits verts, au Maroc et à l’étranger. Dr Saïd Guemra, expert conseil en transition énergétique, analyse l’application, les défis et l’impact de ces mesures sur les acteurs du secteur... Propos recueillis par Désy M.

ment matériel : sobriété éner- gétique. C’est un formidable outil de gestion, qui permet aujourd’hui à des sociétés de gestion de l’énergie de sur- veiller à distance les consom- mations de leurs clients. Le décret que vous avez cité va donc permettre, dans le cas des entreprises qui vont ins- taller des renouvelables, de mesurer l’énergie consommée par le client et l’énergie qu’il va injecter. La question qui se pose, c’est que la loi 82-21 (- loi qui per- met d'assurer la transparence pour les industriels, par le ren- forcement de la mission de l’Autorité nationale de régula- tion de l'électricité (ANRE) en fixant les tarifs des services de distribution et de l'excédent, ainsi que ceux de l'accès au réseau - ndlr), n’est toujours pas applicable. Si vous achetez une maison, vous avez deux grandes priorités, à savoir son financement et son inscription à votre nom sur les livres de la conservation foncière. Les deux compteurs d’électricité et d’eau, ou sa certification éner- gétique A+, viennent après, et

pas avant. C’est exactement ce qui arrive avec cette loi, qui a au moins quatre obstacles majeurs pour son application. Le coût de reprise des 20% du productible de l’électricité injectée, toujours pas publié par l’ANRE, le sort de l’électri- cité injectée au-delà de 20%, le pourcentage de 20% qui reste très dissuasif, et la limite infé- rieure de 5 MW pour l’auto- production. Ces sont les véri- tables difficultés qui font que cette loi ne soit pas applicable. Compteur intelligent ou pas, il reste un outil de mesure qui ne se positionne pas au début de la chaîne de valeur de l’auto- production, mais vraiment à la fin. Et désolé de dire que ce décret doit changer, pour la simple raison que le comp- teur intelligent mesure l’énergie soutirée du réseau, et l’éner- gie injectée, mais en aucun cas il ne peut mesurer l’énergie renouvelable produite, qui est à la base du calcul des 20% de la rémunération par le distribu- teur de l’excédent. Il faut donc ajouter un deuxième compteur, un autre décret qui sera opé- rationnel dans quatre ans et

Finances News Hebdo : Comment voyez-vous l’impact de ces trois décrets sur l’accéléra- tion de la transition éner- gétique, notamment pour le premier décret 804- 21-2 relatif aux comp- teurs intelligents. Quel est l’apport de ce comp- teur pour les autopro- ducteurs ? Dr Saïd Guemra : Le sujet des compteurs intelligents est un sujet qui me tient à cœur, dans la mesure où j’ai passé plusieurs années en R&D pri- vée, pour développer l’un des premiers compteurs électriques intelligents au monde. Il a été breveté à l’OMPIC en 2003, et accepté en 2004. Le tout est de pouvoir disposer en temps réel des consommations indus- trielles les plus significatives. La mise en place de ces comp- teurs de conception 100% marocaine nous a permis de réaliser un record d’efficacité énergétique d’énergie de 52% dans une société pharmaceu- tique à Casablanca, en éliminant uniquement les pertes énergé- tiques, sans aucun investisse-

ainsi de suite. Quelque part, on tourne en rond avec cette loi. Pour l’instant, cette officia- lisation du compteur intelligent sera au service des distribu- teurs, qui facturent l’énergie consommée et l’énergie injec- tée et produite par leurs clients, rien d’autre. F.N.H. : Le deuxième pro- jet de décret 761-24- 2 concerne la fixation des conditions d’octroi d’un certificat d’origine. Comment cette loi va permettre la promotion des énergies renouve- lables et des énergies vertes, que ce soit pour le marché national, ou international ? Dr S.G. : Au risque de me répéter, mais je pense que la priorité est d’avoir une loi

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