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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 26 & VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2024
DEVELOPPEMENT DURABLE
applicable, dans un cadre win-win entre le distributeur et son client. Ce n’est qu’une fois que la loi m’autorise à réaliser le projet renouvelable de manière fluide et simple, comme dans les autres pays à réglementation avancée, que le distributeur pourra installer le compteur intelligent, et que le ministère pourra me déli- vrer une attestation d’origine renouvelable d’une partie de mon électricité. Si la loi 81-21 est applicable un jour, la cer- tification d’origine renouve- lable peut jouer un grand rôle au niveau de la taxe carbone européenne. L’UE peut exiger un certificat d’origine renou- velable qui viendra s’ajouter au bilan carbone de l’entre- prise et crédibiliser davantage les bilans carbones marocains. En cas d’export de l’électricité marocaine via nos liaisons élec- triques avec l’Espagne, cette certification pourra être très utile, et même un élément du dossier de financement : dans ce cas, c’est un engagement de certification. Pour le marché intérieur marocain, nous avons par exemple des entreprises étrangères qui commencent à avoir l’obligation de disposer d’un pourcentage d’électricité verte de plus en plus important. Et à ce jour, ces entreprises ne disposent pas d’électricité verte qui peut devenir un élé- ment bloquant de leurs activi- tés. Pour contribuer de manière active à la decarbonation de ses entreprises, la Tunisie a instauré en 2021 un décret qui permet de vendre l’excédent vert aux entreprises exporta- trices; cet excédent est vendu par des entreprises, et même des ménages. Notre réglemen- tation est à des années-lumière de ce concept. Enfin, il ne faut pas oublier la taxe carbone marocaine en 2025, ce qui va peut-être induire la naissance d’un marché carbone maro- cain, et donc un besoin de certification de l’origine renou- velable.
Les trois projets de décret visent à contribuer à la diversification des sources d'approvisionnement et à décarboner l'économie nationale.
F.N.H. : Le troisième décret 153-24-2 est rela- tif à la fixation du cahier des charges des entre- prises de service éner- gétique. Comment fonc- tionnent les sociétés de services énergétiques et quels seraient leurs apports en matière d’ef- ficacité énergétique pour l’atteinte de l’objectif de 20% d’économie d’éner- gie en 2030. Dr S.G. : Le concept de socié- tés de service ESCO (Energy Service Company (Ndrl) est né il y a plus de trente ans au Canada. A l’époque, nous avions reçu au Maroc les concepteurs de ce service; ils ont réalisé une prospection qui a duré plus d’un an, qui est res- tée sans suite. Le principe de fonctionnement est basé sur le financement par la société de service d’équipements d’effica- cité énergétique, donc en tiers investisseur, avec partage des gains. Si ces gains ne sont pas atteints, la société de ser- vice paye la différence entre le gain prévisionnel et le gain réel. Les ESCO canadiennes sont appuyées par des investis- seurs et des banques. Et le sys- tème fonctionnait bien jusqu’au
jour où certaines sociétés de services énergétiques avaient du mal à assurer leurs enga- gements contractuels, et le système a montré ses limites. C’est une activité qui comprend un grand risque financier. Au Maroc, nous avons environ 25 petites sociétés d’audit énergé- tique, qui restent les meilleurs candidats pour devenir des sociétés de gestion de l’éner- gie, avec un risque financier très important : si les écono- mies contractuelles ne sont pas atteintes, l’ESCO perd tout ! Personnellement, je n’ai jamais été tenté par ce modèle, mais avec le développement des nouvelles technologies basées sur les compteurs intelligents, surtout notre compteur intelli- gent depuis 2004, le modèle de l’ESCO, avec sa dangerosité, a cédé la place à un nouveau service qui est l’accompagne- ment instrumenté des entre- prises avec usage des comp- teurs, capteurs intelligents et Big data. Cela permet de suivre
les consommations en temps réel, évaluer par la mesure les gains dus à la sobriété et l’effi- cacité énergétique, et ensuite l’apport des énergies renouve- lables et les meilleurs moyens d’utiliser cette énergie impos- sible à injecter dans le réseau marocain. Les pays pionniers dans ce domaine depuis 2011 sont l’Allemagne, l’Espagne, la France, les USA et le Maroc. Au final, nos entreprises ont plus besoin d’accompagnement de haut niveau pour les aider en matière de gestion de l’éner- gie. Les mettre à l’aise grâce à la mesure, par l’établisse- ment d’un climat de confiance entre l’industriel et la société de services énergétique, c’est la pièce manquante au puzzle de l’efficacité énergétique qui a du mal à décoller au Maroc. Mais l’espoir est assez grand pour que cette notion de création de ces sociétés soit une réalité au Maroc, avec un business model sécurisé. Enfin, je partage l’avis de la ministre de la Transition énergétique : ce sont plusieurs milliers d’emplois qui peuvent être créés, quand nous avons des milliers de jeunes formés à l’efficacité énergétique et aux renouvelables qui sont sans emplois. ◆
«Le premier décret va permettre, dans le cas des entreprises qui vont installer des renouvelables, de mesurer l’énergie consommée par le client et l’énergie qu’il va injecter».
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